On a tiré sur la foule en Irak. Neuf personnes ont été tuées et des centaines ont été blessées en 24 heures, quand des milliers d’Irakiens ont défilé mercredi pour le second jour consécutif afin de protester contre la corruption du pouvoir, le chômage et la déliquescence des services publics.
Parmi les neuf décès par balles mardi et mercredi à Bagdad et Nasiriya (sud) figure un policier selon des responsables qui n’ont pas précisé l’origine des tirs.
Il est clair suite à ces tragiques évènements que le gouvernement d’Adel Abdel Mahdi en place, depuis année semble avoir opté pour la fermeté face à ce soulèvement populaire spontané ce qui fait craindre le pire. Toujours est-il, que cela n’a pas découragé les manifestants qui continuent toujours d’affluer vers les points de ralliement à Bagdad et dans plusieurs villes du Sud.
Les forces antiémeutes qui y avaient été déployées mardi et mercredi dans ces régions ainsi que dans la ville sainte chiite de Najaf, au sud de Bagdad, submergées par la foule avaient tiré à balles réelles pour disperser les nombreux manifestants.
A Bagdad on a bouclé la fameuse Zone verte et un « spécial care » a été accordé à la place Tahrir point de rendez-vous traditionnel des manifestants sur l’autre rive du Tigre qui n’est séparée de la Zone verte que par le pont al-Joumhouriya. La Zone verte est sensible en cela car elle abrite les plus hautes institutions du pays ainsi que l’ambassade américaine d’où son bouclage afin que les manifestations qui se déroulent à son abord n’y débordent pas.
Moqtada Sadr, leader chiite par qui ont été déclenchées maintes manifestations dans le passé et notamment en 2016 dans ce secteur ultrasensible, après une attitude de réserve a appelé ses partisans en ce jeudi, troisième journée de contestations à des « sit-in pacifiques » qui risquent d’être interprétés autrement et pousser à de violents débordement.
Pratiquement au quotidien un peu partout en Irak, les diplômés chômeurs organisent des sit-in, que les autorités toisaient d’une absence d’intérêt. Ce coup-ci, spontanément, d’où la dangerosité d’une explosion populaire, les manifestants sont descendus en masse dans la rue pour exprimer leur ras-le bol (mécontents du gouvernement, corruption, réclamation des services publics fonctionnels, chômage, santé, éducation…). Faut-dire aussi que le chômage en Irak touche un jeune sur quatre et le secteur public saturé, n’arrive plus à absorber et donc ne recrute plus (diplômés de l’université ou autres).