Dans un entretien télévisé accordé CBS, le prince héritier de l’Arabie Saoudite, Mohammed Ben Salmane, est revenu sur l’affaire du meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi en admettant sa « responsabilité ».
Mohammed Ben Salmane, surnommé MBS, a été interrogé pour l’émission 60 minutes sur la chaîne américaine CBS, sur l’affaire du meurtre du journaliste saoudien Jamal Khasshogi, tué au sein du consulat saoudien à Istanbul le 2 octobre 2018. Interrogé sur son implication dans le meurtre, et s’il avait donné l’ordre de tuer le journaliste qui s’était exilé aux États-Unis pour échapper au régime de son pays, le prince a répondu par la négative, mais a reconnu son « entière responsabilité ».
« Absolument pas. C’était un crime horrible. Mais j’assume mon entière responsabilité en tant que dirigeant de l’Arabie Saoudite, en particulier puisque c’est le fait d’individus travaillant pour le gouvernement saoudien », a déclaré le prince saoudien ajoutant que « lorsqu’un crime est commis contre un ressortissant saoudien par des responsables travaillant pour le gouvernement saoudien, en tant que dirigeant je dois assumer ma responsabilité. C’était une erreur ».
Toutefois, MBS a tenu à clarifier sa position niant avoir été au courant de cette opération de meurtre commanditée par de hauts responsables saoudiens. « Certains attendent que je sois obligé de savoir ce que font trois millions d’employés du gouvernement saoudien chaque jour ! Il est impossible pour les trois millions d’envoyer leurs rapports quotidiens au commandant ou au deuxième plus haut responsable du gouvernement saoudien », a-t-il déclaré.
Démembré en étant toujours conscient
Pour rappel, l’Arabie Saoudite avait d’abord nié son implication dans le meurtre, avant que des preuves soient révélées dans la presse turque, qui a suivi l’affaire de près étant donné qu’elle avait eu lieu sur son sol. Ryad a blâmé, par la suite, des agents « malhonnêtes », estimant que c’était le directeur adjoint des services de renseignement de l’époque qui avait ordonné l’expulsion de Jamal Khashoggi de l’Arabie Saoudite, selon le procureur.
Le journaliste saoudien qui était proche du régime s’est retourné contre le pouvoir en devenant un critique de premier plan. Selon les autorités saoudiennes, c’est l’un des négociateurs en chefs qui aurait ordonné que le journaliste soit tué après l’échec de pourparlers avec lui.
Pour rappel, Jamal Khashoggi était exilé aux États-Unis depuis 2016, et contribuait au Washington Post. Il s’était rendu au consulat de son pays en Turquie, en vue d’officialiser son union avec sa fiancée. Son corps est resté introuvable, suite à son meurtre dans des conditions « sordides », mais jamais clairement expliquées.
Selon la presse turque, qui s’est appuyée sur des enregistrements sonores des services de renseignement locaux, un médecin légiste, qui faisait partie de la dizaine d’hommes ayant pénétré le consulat saoudien au moment du meurtre de Jamal Khashoggi, aurait démembré le journaliste alors qu’il était vivant. Les médias turcs ajoutent d’ailleurs que Jamal Khashoggi aurait été interrogé et torturé notamment en lui coupant des doigts avant de le démembrer et de le décapiter.