Les bureaux de vote se sont ouverts ce dimanche pour une élection présidentielle anticipée en Tunisie, dont la date a été avancée après le décès en exercice du président Béji Caid Essebsi, en juillet dernier.
Ce scrutin est un véritable test pour la jeune démocratie née de la révolution du Jasmin et entérinée par les élections de 2014, qui avaient conduit le parti islamiste d’Ennahda au pouvoir.
Ainsi, les sept millions d’électeurs tunisiens, dont ceux de la diaspora, auront à choisir, théoriquement, entre 26 candidats, dont un en prison et un autre en cavale en France, dans un scrutin très ouvert, où toutes les issues sont possibles.
En effet, les présidentielles de ce 15 septembre n’auront pas à départager deux courants opposés et bien distincts : Modernistes et Islamistes, mais entre des candidats représentant autant de différences que de similitudes : islamistes, laïques, populistes et nostalgiques de l’ancien régime.
A la veille du silence électoral, une nouvelle donne est venue brouiller un peu plus les cartes, avec le désistement de deux candidats, à savoir Mohsen Marzouk du parti « Machrouu Tounes » et Slim Riahi d’ »Al Watan Al Jadid », actuellement en exil en France, au profit du candidat indépendant Abdelkrim Zbidi.
L’issue de ce premier tour semble incertaine, tant l’indécision des électeurs est grande face à une offre difficilement lisible. Il est également difficile de dessiner une carte, la publication de sondages sur les intentions de vote étant interdite depuis juillet.
Toutefois, quatre candidats semblent tout de même émerger du lot : un Premier ministre au bilan contesté (Youssef Chahed), un magnat des médias poursuivi pour blanchiment d’argent et incarcéré (Nabil Karoui), ou encore le premier candidat du parti d’inspiration islamiste Ennahdha (Abdelfattah Mourou), et à moindre mesure le ministre de la Défense Abdelkarim Zbidi, un technocrate poussé sur le devant de la scène par Essebsi, mais qui a du mal à rassembler.
Les dés sont donc jetés sur fonds de crise sociale, nourrie par le chômage en hausse et une inflation qui pèse lourdement sur des revenus déjà faibles.
Des estimations sont attendues dans la nuit de dimanche à lundi, mais les résultats préliminaires ne seront annoncés que mardi par l’instance chargée des élections (Isie).
A moins qu’un candidat n’obtienne la majorité absolue dès le premier tour, un second tour devrait avoir lieu le 6 octobre prochain, soit à quelques jours des législatives, prévues elles le 23.