Les chauffeurs de M’dina Bus sont en colère. Ils ont entamé, hier, mercredi 7 août une grève suite au nom versement de leur salaire ainsi que la prime d’Aid Al Adha. Mais ce n’est pas uniquement ça qui rend fou furieux le personnel du transport urbain de la métropole. Il y a également le non-paiement des cotisations CNSS par la société depuis le mois d’avril, mais aussi le « vol » de leurs droits sociaux. Les détails.
Ils sont au total 3.300 chauffeurs qui travaillent pour le compte de la société M’dina Bus dont le contrat avec le Conseil de la ville prendra fin en novembre 2019. Jusqu’au jour d’aujourd’hui, aucune information n’a filtré sur le prochain délégataire qui prendra e, main la gestion du transport urbain de Casablanca.
À quelques mois seulement de la sortie par « la petite porte » de M’dina Bus, qui, selon le Conseil de la ville de Casablanca, n’a pas honoré ses engagements, les employés de la société ont observé une grève d’un jour, bloquant ainsi 13% des déplacements des Casaouis qui se font pas bus.
Cause ? Les employés de M’dina Bus n’ont pas reçu leur salaire ni leur prime de Aid Al-Ahda qui s’élève à 1.500. Coup dur pour la société qui a vu son activité bloquée pendant 24h. Ce jeudi les salaires ont été versés et les employés ont repris leurs services, mais aucun signe de vie de la prime de l’Aid.
Toutefois, ces derniers souffrent énormément et depuis de longues années avec M’dina Bus. Conditions misérables, abus et licenciement orchestré de délégués, employés et membres du bureau syndical, répression des salariés, non-versement des indemnités pour les heures supplémentaires et la liste est longue nous explique Aziz El Aâf, secrétaire général pour la région Casablanca-Settat de la confédération générale du travail (CGT).
« Le patron nous prend 10% de notre assurance « Al Watania». Il nous vole depuis 15 ans. On a déjà réclamé, on a signé une pétition afin que nous puissions changer d’assurance, mais d’autres syndicats qui sont du côté du patron se sont élevés contre nous et ont stoppé notre initiative », nous explique notre interlocuteur.
Mais pas que ! Le secrétaire général de la CGT pour Casa-Settat a indiqué à Hespress Fr que M’dina Bus doit à ses employés 7.6 milliards de centimes. Comment ? Il s’agit de l’Association des oeuvres sociales de M’dina Bus.
« C’est un scandale. Quelque 7 milliards et 600 millions de centimes, qui sont les droits sociaux des employés, ne leur ont jamais été versés par le patron de 2004 à 2015. Quand on a réclamé ça, d’autres syndicats pro-patron M’dina bus nous ont combattus. Ils ont viré plusieurs de nos membres et délégués ».
Dans les détails, l’administration de M’dina Bus devait s’acquitter du règlement à partir de 2005 de sa quote-part de 1% au bénéfice de l’Association des oeuvres sociales de M’dina Bus comme il est stipulé dans l’annexe III du cahier des charges. Toutefois, cette somme n’a jamais été versée pour s’accumuler et atteindre 7,6 milliards de centimes.
Interrogé si les employés ont une idée de leur sort après la fin du contrat avec M’dina Bus, notre interlocuteur nous informe que son syndicat avait discuté avec le Conseil de la ville de Casablanca à ce sujet.
« Le Conseil de la ville nous a affirmé qu’à son niveau il n’y a pas de problème. Ils nous ont dit que si aucun délégataire ne reprend la gestion du transport urbain, c’est le conseil de la ville lui-même qui va gérer le secteur ».
Et dans le cas où l’une des sociétés délégataires supposées reprendre la gestion du transport urbain ne souhaite pas employer le personnel de M’dina Bus, que se passera-t-il ?
« Notre destin est entre les mains du conseil de la ville puisque c’est lui l’intermédiaire entre nous et M’dina Bus. C’est à lui de trouver une solution. Le Maire de Casablanca nous a affirmé que les droits des employés sont garantis. Ceux qui sont malades seront indemnisés. Ceux qui sont en fonction le resteront, et ceux qui ont des problèmes en justice avec M’dina Bus verront leurs conflits réglés. Tout le monde aura ses droits » avance notre interlocuteur.
À cet effet, Aziz El Aâf explique à Hespress Fr que dans le cas où aucune société délégatrice ne prend le contrôle du secteur du transport urbain de la ville de Casablanca, le Conseil de la ville prévoit de s’en occuper lui-même. « Le conseil de la ville prévoit dans ce cas de figure d’acheter des bus et de prendre en charge le secteur, et donc garder les machinistes dans leurs postes respectifs», conclut-il.