Que des décisions portant sur la situation au Proche-Orient soient prises à Rabat, n’a rien de nouveau, c’est le cas depuis les années 60 et 70. Mais entre temps, les choses ont beaucoup changé, et d’autres acteurs sont entrés sur scène, avec de nouveaux scénarii pour « résoudre le conflit israélo-palestinien ». Rabat est toujours impliquée dans les tractations sur la question, mais pour jouer quel rôle ?
Rien dans les positions adoptées par le Royaume depuis l’annonce et le début d’application sur le terrain du fameux deal du siècle, ne donne une idée claire de la position de Rabat à l’égard de cette transaction, présentée comme la « solution miracle » au drame palestinien.
Le Maroc, de par son statut de président du Comité Al Qods, a toujours été à l’avant-garde des décisions arabes vis-à-vis de la question Palestinienne. Ses positions ont toujours penché du côté de la défense de la Palestine, de sa terre, de ses droits et de ses enfants. Le pays, ses souverains et son peuple se sont toujours élevés contre les agressions perpétrées par Israël, mais aussi et surtout contre toute tentative de spolier la terre, de « voler » Al Qods ou de changer son cachet millénaire. Si les constantes sont les mêmes, il y a eu certaines variantes, résultant des récents développements.
Des visites annoncées, d’autres tues, des rencontres de différents acteurs de la région sur terre marocaine, une conférence annoncée en grande pompe, mais terminée en queue de poisson, tout laisse croire que quelque chose se prépare, et le Maroc y participe activement, mais de quelle manière ?
Rabat en médiateur
Selon Tajeddine El Husseini, professeur universitaire et expert en relations internationales, « le Maroc peut jouer un rôle de médiateur dans des positions qui sont vraiment trop écartées. Il peut servir de +bridge the gap+ entre d’une part, les Palestiniens, et de l’autre, les Américains et les pays du Golfe, qui, cela parait évident aujourd’hui, se seraient rangés du côté des Américains et auraient adhéré à leur thèse ».
Cette thèse, analyse Tajeddine El Husseini dans un entretien à Hespress FR, prône « le développement, contre un certain nombre de concessions », mais « les Palestiniens, dans leur globalité, aussi bien Hamas, que l’OLP ou encore la diaspora à l’étranger, rejettent purement et simplement cette proposition ».
« Mais malgré ça, la conférence de Manama a eu lieu, même si de l’avis des observateurs, ce fut un échec, car la carte de la +carotte+ tendue par les Américains aux Palestiniens n’a pas marché », ajoute-t-il.
Et partant, poursuit notre interlocuteur, « la tournée de Jared Kushner, Conseiller principal du Président US et véritable artisan du deal du siècle, s’inscrit dans le cadre de la promotion de ce deal ».
Pour lui, « si le Maroc a été ajouté à la liste des pays à visiter, (et pour la deuxième fois), c’est pour voir si le Royaume a la possibilité de rapprocher les points de vue ».
Et de rappeler que « ce rôle de médiateur, le Maroc l’a toujours joué, depuis les années 60 et 70, du temps de feu Hassan II. Beaucoup de décisions relatives au Proche-Orient ont été prises au Maroc ».
Diviser pour régner
Le rôle du Maroc peut s’avérer déterminent pour faire pencher la balance, et défendre autant que peut se faire, les intérêts palestiniens.
Dans le même ordre d’idées, notre interlocuteur assure que la tâche n’est pas facile, d’autant que le front arabe semble aujourd’hui totalement désintégré sous la pression de la politique américaine « diviser pour régner ».
Et ça n’a pas manqué, déplore Tajeddine El Husseini: « chaque pays est pris à part : l’Egypte, la Jordanie, la Syrie aujourd’hui totalement détruite… ».
« Toutes les conditions sont favorables pour taper fort sur les Palestiniens », a-t-il dénoncé.
