Discours du Trône : Le social sera mis en avant dorénavant !

Discours du Trône : Le social sera mis en avant dorénavant !
mercredi 31 juillet 2019 - 08:07

Le roi Mohammed VI règne sur le Maroc depuis 20 ans. 20 ans de changements et de réalisations dans différents domaines, notamment dans l’économie. Un point qui colle  fort à l’image du pays, puisque de nombreux projets ont été lancés pour porter l’économie nationale à un niveau supérieur, mais qui souffrent néanmoins de certaines lacunes, notamment au niveau social.

Suite à son intronisation en 1999, le roi a vite gagné le titre de « roi des pauvres ». Il est vrai que le souverain a toujours œuvré pour réduire les disparités sociales, tout en initiant des stratégies économiques pour les différentes classes sociales. Il serait donc faux, très faux même, de dire que les choses n’ont pas changé en 20 ans de règne, mais les disparités demeurent à ce jour, témoignant de dysfonctionnements à certains niveaux.

Après avoir reçu le Wali de Bank Al-Maghrib (BAM), Abdellatif Jouahri, dans la soirée du 29 juillet, Mohammed VI s’est vu présenter une rétrospective de la situation économique au titre de l’exercice 2018.

Ainsi, Jouahri a indiqué que l’économie nationale n’a pas échappé aux changements et aux incertitudes de la scène internationale, notamment pour ce qui est du Brexit et de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine. Le taux de croissance du Maroc s’est ainsi établi à 3 %, plombé par une reprise « lente » des secteurs non agricoles.

Le déficit budgétaire s’est accentué à 3,7 % du produit intérieur brut (PIB), alors que le déficit du compte courant s’est aggravé à 5,5 % du PIB. Dans ce contexte, le Wali de BAM a indiqué que les investissements directs étrangers se sont établi  47,4 milliards de dirhams, alors que l’inflation a enregistré une accélération de 1,9 %, due au renchérissement des produits alimentaires.

Cela dit, Jouahri a avancé qu’au vu de ces performances, pour ces 20 dernières années, il n’est pas à écarter que l’économie nationale est « insuffisante », notamment pour ce qui est des réalisations sociales. Cela devrait donc pousser le royaume à initier plus de réformes dans ce sens, tout en se basant sur un système d’évaluation des résultats plutôt que des performances.

L’ère est au social !

Suite à cette présentation, le roi a indiqué dans son discours que « le devoir de clarté et d’objectivité impose de nuancer ce bilan positif dans la mesure où les progrès et les réalisations, d’ores et déjà accomplies, n’ont malheureusement pas encore eu des répercussions suffisantes sur l’ensemble de la société marocaine. Certains citoyens perçoivent sans doute mal les retombées de ces réalisations sur leurs conditions de vie, notamment en termes de satisfaction de leurs besoins quotidiens et singulièrement en ce qui concerne la fourniture de services sociaux de base, la réduction des inégalités sociales, le renforcement de la classe moyenne ». 

« Dieu sait à quel point je suis peiné de voir que des citoyens marocains, ne représenteraient-ils que 1 % de la population, continuent à vivre dans la précarité et le dénuement matériel », a ajouté le Souverain dans un message qui indique clairement que la feuille de route pour les années à venir portera en grande partie sur le développement du social.

Mohammed VI a dans ce sens indiqué que l’objectif sera dorénavant de corriger les dysfonctionnements du système, notamment du fait que malgré les nombreuses évolutions économiques entamées, les disparités demeurent toujours.

Dans ce sens, le roi a déclaré dans son discours qu’il « ne nous a pas toujours été donné de réaliser tout ce à quoi nous aspirons. Mais, aujourd’hui, nous sommes plus déterminés à maintenir le cap, en capitalisant les acquis obtenus, en parachevant la dynamique de réformes en cours, en corrigeant les dysfonctionnements observés sur le terrain », ce qui confirme la volonté du souverain à voir les choses changées drastiquement, chose qui passera notamment à travers une inspection approfondie de l’état d’avancement de la réalisation des différents chantiers du royaume.

Il faudra donc adopter « réellement » des stratégies transparentes vis-à-vis des citoyens, tout en incluant les différentes couches sociales, chose appuyée par les propos du monarque, qui a déclaré que « le devoir de clarté et d’objectivité impose de nuancer ce bilan positif dans la mesure où les progrès et les réalisations, d’ores et déjà accomplis, n’ont malheureusement pas encore eu des répercussions suffisantes sur l’ensemble de la société marocaine ».

Réduire les déséquilibres sociaux

Pour Omar Kettani, professeur d’économie à l’Université Mohammed V de Rabat, le Maroc a certes réalisé de nombreuses et indéniables avancées au niveau de son économie, mais cela n’inclut pas les différentes couches de la société.

Selon cet expert, les riches continuent de s’enrichir, alors que la classe moyenne se retrouve dans une situation délicate, puisqu’elle paye tout aussi bien pour les pauvres que pour les riches. « La classe moyenne a souffert pendant toutes ces années, malgré les avancées économiques du Maroc. Le bilan économique est très positif, certes, mais le bilan social est négatif dans l’autre sens. Il faut le dire à un moment, le social a été terrassé en 20 ans », nous a déclaré Kettani.

Il est, à ce niveau, nécessaire de savoir que cette situation résulte quelque part du fait que le système d’éducation nationale ne favorise pas a formation de compétences qualifiées. Si l’on veut avoir un bon niveau actuellement, il faut se diriger vers l’enseignement privé, puisque le secteur public a été marginalisé pour une raison inconnue. En effet, de plus en plus d’établissements publics ont fermé leurs portes dans les grandes villes du royaume, aggravant encore plus le problème du surnombre dans les classes. Une situation qui pousse certaines familles à se diriger vers le privé malgré elles.

De plus, les compétences nationales ne sont pas forcément valorisées, ce qui les pousse à quitter le royaume afin de trouver des opportunités mieux adaptées (et valorisées)  à leurs attentes professionnelles et personnelles. Dans ce sens, le professeur Kettani nous a rappelle que 120.000 cadres supérieurs marocains se trouvent à l’étranger, « pourquoi ne pas les retenir au Maroc en leur proposant des opportunités intéressantes ? », s’interroge notre interlocuteur.

L’autre problème, réside dans le fait que l’économie, dans son schéma actuel, fait que l’on se retrouve avec des villes très développées, alors que le rural reste marginalisé.

« 40 % du monde rural dépend de l’agriculture. C’est une situation délicate pour les gens du monde rural, dans la mesure où ils ne peuvent rien faire s’il n’y a pas de précipitations. Il faut développer les services dans le milieu rural, notamment à travers la construction de routes, écoles, universités, hôpitaux, etc. De plus, il faut encourager les jeunes du monde rural à étudier. L’ignorance persiste toujours dans ce milieu, alors que l’on est en 2019 », souligne Omar Kettani, affirme qu’un autre problème se pose.

Il s’agit, poursuit-il, de l’adoption de différentes stratégies par les différents gouvernements qui ont traversé et qui traverseront le pays. « Il faut qu’il y’ ait une continuité dans les idées, non pas imposer chacun sa vision et tout reconstruire à zéro à la fin de son mandat. On devrait présenter une feuille de route pour les différents secteurs et donner des deadlines pour la réalisation de ces chantiers. Cela devrait pousser les dirigeants à faire preuve de plus de responsabilité, du fait qu’ils auront des comptes à rendre », préconise Kettani.

C’est dans ce sens que le roi a indiqué qu’une commission spéciale pour le développement verra le jour l’année prochaine. Celle-ci aura pour mission de faire un suivi de l’état d’avancement des différents projets initiés, dans l’objectif d’offrir plus de transparence aux citoyens, mais aussi pour tenir responsables les manquements vis-à-vis desdits projets.

« Nous avons veillé à ce que cette commission, par sa composition, regroupe différentes disciplines académiques et diverses sensibilités intellectuelles, en y faisant siéger des compétences nationales issues du public et du privé. Outre de l’expérience et une exigence d’impartialité, ces profils doivent être suffisamment outillés pour comprendre les dynamiques à l’œuvre au sein de la société et aller au-devant de ses attentes, sans jamais perdre de vue l’intérêt supérieur de la Nation. À ce propos, je tiens à souligner que cette commission ne tiendra lieu ni de second gouvernement ni d’institution officielle parallèle. Elle jouera le rôle d’organe consultatif investi d’une mission limitée dans le temps », a dit le Souverain.

Cela devrait donc apporter un nouveau souffle, mais aussi resserrer les rangs pour ce qui est de l’exécution des tâches par les responsables du pays.

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