Amina Bouayach: "Nous sommes invités à élaborer une nouvelle Charte sociale"

Amina Bouayach: "Nous sommes invités à élaborer une nouvelle Charte sociale"
Photo Mounir Mehimdate
vendredi 12 juillet 2019 - 15:37

La présidente du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) a donné ce vendredi 12 juillet un discours à l’ouverture d’une journée de réflexion sur « les expressions publiques et les défis de la justice territoriale ». Après avoir livré un constat de la situation actuelle de liberté d’expression au Maroc, Amina Bouayach s’est penchée sur sa relation avec les défis de sa garantie et de son respect, ainsi que la responsabilité de sa gestion dans le cadre de la justice territoriale et la dynamique sociale en cours depuis le début des années 2000. 

La président du CNDH est revenue sur l’intitulé de cette journée de réflexion à laquelle ont été notamment conviés des acteurs associatifs d’Al Hoceima et de Jerada.  « Nous ne souhaitons pas porter atteinte à la liberté de manifestation et de rassemblement qui a été fixée par des dispositions légales et constitutionnelles et qui est soumise à une procédure particulière de par son application et la détermination de son parcours dans le temps et dans l’espace », a-t-elle dit.

Photo Mounir Mehimdate

La responsable entend par expressions publiques « les nouvelles formes qui ont pris place dans l’espace des libertés publiques et qui a créé des modelés et des outils d’expression sur un des domaines de la politique publique, à savoir que ces expressions se sont multipliés de par leur causes ».

Amina Bouayach souligne, de même, que ces nouvelles formes d’expression « ont repris les mêmes moyens de mobilisation en ayant comme départ des événements précis », comme c’était le cas après le décès tragique du poissonnier Mohcine Fikri à Al Hoceima, « qui est un sujet en rapport avec le développement », ou comme à Jerada « où l’affaire est en rapport avec l’environnement », à Zagora ou encore « l’opposition à des produits nationaux à cause de la hausse des prix comme ce fut le cas pour la campagne de boycott ».

L’oratrice place ces événements avec leur partage sur les réseaux sociaux qui sont, selon elle, des dépositaires et des cadres propices à la liberté d’expression sur des revendications en relation avec la politique publique. « Nous sommes face à de nouvelles formes d’expression qu’il est difficile de soumettre à des dispositions légales, soit pour mettre un terme à leur propagation, soit pour les inhiber », a-t-elle estimé.

Photo Mounir Mehimdate

Amina Bouayach assure que le Conseil qu’elle préside a « enregistré dans de nombreuses expressions publiques suivies des éléments signifiant que la liberté d’expression n’est plus une exclusivité réservée aux élites, vu l’élargissement de son contexte et qu’elle n’est plus tributaire des structures de médiation dominantes et des groupes de pression habituels ».

Et d’ajouter que le CNDH a également « enregistré la hausse du sentiment du doute et de soupçon dans les expressions publiques envers les médiateurs et les structures dominantes, avec la naissance de formes nouvelles de communication et l’adhésion massive des jeunes et des catégories vulnérables ».

Ce constat explique, d’après celle qui a milité durant de nombreuses années dans le domaine des droits de l’Homme, que « la crise de confiance et la crise de légitimité des institutions qui en résulte est souvent considérée par le citoyen comme loin de ce qui le préoccupe ».

Elle estime à ce propos que « les sociétés d’aujourd’hui voient disparaître les classes sociales traditionnelles où les différends sociaux anciens sont remplacées par de nouvelles préoccupations ».

« Nous sommes invités à discuter sérieusement sur la trajectoire de l’évolution démocratique et sociale après avoir connu une évolution démocratique politique pour inventer de nouveaux outils d’action, d’expression et d’initiative qui ne soit pas sous le contrôle d’une opération électorale tous les 4 ou 5 ans », a notamment annoncé Amina Bouayach.

Si l’origine des crises de la justice territoriale revient essentiellement à l’absence d’investissement dans les affaires locales et la gestion des services publics par les autorités centrales, Amina Bouayach s’attend à ce que ce nouveau cheminement soit en mesure »d’élargir le débat entre les nouvelles catégories populaires influenceuses et les élites qui les opposent ».

Pour appuyer cette intention qui prendra ses premières formes au cours de cette journée de réflexion, la présidente du CNDH a conclu: « Nous sommes aujourd’hui invités à mettre en place une nouvelle Charte sociale dans le cadre de la justice démocratique, élaborée au niveau local, provincial et régional selon une approche participative qui soit le départ de solutions pratiques et réalisables et garantissant l’effectivité des droits économiques et sociaux, culturels et environnementaux ».

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