Procès d’Imlil: La formulation des accusations fait débat

Procès d’Imlil: La formulation des accusations fait débat
mercredi 3 juillet 2019 - 12:43

Les accusés dans le procès du drame d’Imlil sont notamment poursuivis pour « apologie du terrorisme, atteinte à la vie de personnes avec préméditation et constitution de bande terroriste ».

Lors de la séance d’audition du 13 juin dernier, la défense des victimes scandinaves avait clairement fait le lien entre les accusés et leurs « activités de nature religieuses », affirmant qu’ils ont tous déclaré avoir assisté à des dourouss (cours religieux).

Elle a, de même, rappelé un jugement du Tribunal administratif d’appel de Marrakech du 28 mars 2009, attestant que 100 disciples d’une école de prédication de la place ont fini par rejoindre des cellules terroristes et ont été poursuivis dans des affaires liées au terrorisme.

La requête écrite de la défense de faire comparaître ladite école a fini par être acceptée par le juge.
Cette corrélation entre accusation et activité de nature religieuse, a fortement déplu au comité de défense des détenus islamistes, qui s’est fendu, mardi 2 juillet, d’un communiqué, dans lequel il dénonce une « initiative irresponsable » du juge en charge des affaires «dites de terrorisme», Abdelkader Chentouf.

Violation de la loi

Pour le comité, le magistrat a «intégré les activités au sein du comité de défense des détenus islamistes, parmi les accusations retenues au niveau des PV de plusieurs détenus, tel Mohamed Bouzid, qui faisait fonction de coordinateur régional du comité -Section de Tétouan- au moment de son arrestation».

La même chose s’était produite auparavant au niveau des PV de la PJ pour certains détenus, mais le comité a +laissé passer+ pour cause «d’ignorance de cette partie (PJ) de ce qui est autorisé et ce qui est prohibé», ajoute le comité qui déplore que « l’appartenance à une coordination, telle que le Comité de défense des détenus islamistes, qui organise des sit-in depuis plus de 8 ans, qui a été constituée conformément aux lois en vigueur, et qui a déposé son dossier de constitution auprès du cabinet du ministre de la Justice et du Conseil national des droits de l’homme (CNDH), soit apparentée à une accusation ».

Conformément aux dispositions du dahir 1.58.377 relatif aux rassemblements sans troubler l’ordre public, qualifier les activités d’une coordination, parmi tant d’autres présentes sur le terrain au Maroc de +terrorisme+, et tenter de la soumettre, de force, à la loi régissant les rassemblements, de la part d’un magistrat sensé vérifier et s’assurer des PV, « est une preuve d’impartialité et de violation de loi, aussi inacceptable qu’incompréhensible », estime encore le comité.

Me El Hini riposte

Cette mise à l’index est tout bonnement rejetée par Me Mohamed El Hini, membre du comité de défense des victimes et du Front national de lutte contre l’extrémisme et le terrorisme.

Contacté par Hespress FR, Me El Hini commence par écarter tout lien entre le comité de défense des détenus islamistes et les droits humains.

« Ce comité n’a rien à voir avec les droits de l’Homme, car fondé sur la base d’une discrimination religieuse, sans reconnaissance aucune de la citoyenneté. Normalement, tout citoyen doit voir ses droits préservés et protégés, qu’il soit islamiste ou non« , argumente-t-il.

Et d’ajouter que le communiqué rendu public par ledit comité « est irresponsable, rédigé d’une manière, pour le moins insultante à l’égard de la justice, et peut être considéré comme un crime, en vertu du code pénal« .

Pour l’avocat, « le fait de banaliser ou de minimiser la gravité des crimes terroristes fait que ce comité, lui-même, verse dans l’extrémisme et l’irresponsabilité, en ce sens qu’il ne fait pas le distinguo entre, d’une part de défendre le droit à un procès équitable, et d’autre part, de faire l’apologie et de normaliser le terrorisme, ce qui constitue, en lui-même, un crime« .

« Le fait d’avancer, sans autre forme de preuve et en dépit de la gravité des actes, que les personnes poursuivies pour terrorisme sont des +victimes d’injustice+, dénote une grande faiblesse dans la manière dont ce comité appréhende et gère le dossier des détenus, tant sur le plan éthique que sur celui de maîtrise du volet juridique des affaires« , a poursuivi notre interlocuteur.

Pour conclure que « ce comité ne diffère en rien des détenus, car il incarne le fruit de leur idéologie extrémiste et terroriste, et les conclusions du juge d’instruction sont parfaitement en phase avec la réalité des faits et de la loi« .

Peine capitale

Pour rappel, au terme de cinq audiences de comparution devant le juge, la défense de la partie civile et du procureur général ont fait leur plaidoyer le 27 juin dernier.

Le parquet général a ainsi requis la peine de mort à l’encontre des trois principaux accusés du meurtre des deux victimes scandinaves. Il s’agit d’Abdessamad El Joud, Younes Ouziad et Rachid Affati.

Différentes peines d’emprisonnement, allant de 10 à 30 ans, ont été demandées à l’encontre des autres accusés dans le cadre de cette affaire.

Par ailleurs, le rapport d’autopsie des deux victimes scandinaves révèle que le corps de la victime danoise égorgée, Louisa Vesterager Jespersen, comportait 23 blessures en plus de plusieurs amputations cervicales, des amputations des vaisseaux sanguins, une blessure à l’œil et à l’oreille gauche.

Le corps de la victime norvégienne, Maren Uland, ajoute le rapport, comportait deux fractures au niveau de la cage thoracique, une blessure au cou et au bras gauche, en plus de l’amputation de la tête.

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