Les nouveaux défis de la diplomatie marocaine

Les nouveaux défis de la diplomatie marocaine
vendredi 28 juin 2019 - 10:39

Le Roi Mohammed VI vient de nommer plusieurs nouveaux ambassadeurs dans les missions diplomatiques du Royaume de par le monde. Si d’anciens noms connus du public reviennent, de jeunes cadres font également leur entrée dans la vie diplomatique. A nouvelles mentalités, nouvelles missions.

Il est vrai que l’action diplomatique marocaine gagnerait à intégrer de nouveaux profils, avec des visions et des approches différentes. Les enjeux et défis sont aujourd’hui tels que la diplomatie classique ne suffit plus et doit être appuyée par une offensive multidimensionnelle qui permettra au Maroc d’être mieux armé pour investir tous les fronts et défendre ses intérêts à l’international.

L’enjeu majeur demeure, à coup sûr, la défense de l’intégrité territoriale du Royaume l’explication de sa cause nationale et de ses efforts, sous l’égide de l’ONU, pour régler le conflit régional autour du Sahara marocain.

L’avis de l’expert

Approché par Hespress FR, Tajeddine El Husseini, professeur universitaire et expert en relations internationales, confirme.

« La diplomatie marocaine aujourd’hui a devant elle plusieurs défis et enjeux, à leur tête l’affaire du Sahara, considérée par l’ensemble des Marocains comme une cause nationale et une affaire prioritaire », estime-t-il.

Et d’expliquer qu’il s’agit en fait « d’un intérêt vital pour la diplomatie marocaine, avec pour objectif de geler le statut de la RASD au sein de l’Union africaine jusqu’à ce que l’affaire soit tranchée par les Etas Unis ou bien carrément la renvoyer de l’organisation ».

Après avoir fait remarquer qu’ »en Afrique, la reconnaissance de cette entité fantomatique est très réduite », notre interlocuteur souligne que le continent offre un champ très vaste pour la diplomatie marocaine, qui se doit de l’investir sur tous les plans ».

A cet égard, Tajeddine El Hosseini met en avant la vision du Roi Mohammed VI en matière de politique africaine.

« L’intelligence du Souverain a été de prendre au sérieux ce chantier africain, fort de 54 Etats, et la diplomatie politique et officielle ne peut pas satisfaire, à elle seule, les besoins du Maroc », affirme-t-il, rappelant que « le Roi a décidé dès le premier jour de considérer que la diplomatie parallèle doit jouer un rôle déterminant dans ce genre de relations ».

Diplomatie économique, une plus-value à saisir

C’est dans ce sens-là, poursuit l’expert, que « le bras économique du Maroc, à savoir l’Office chérifien des Phosphates (OCP) a été investi d’une nouvelle mission, à la faveur de la signature d’accords avec plusieurs pays africains, dont l’Ethiopie et le Nigéria ».

Notre interlocuteur en veut pour exemple « le gazoduc qui va du Nigéria au Maroc, puis l’Europe, en traversant une douzaine de pays de l’Afrique de l’Ouest, l’adhésion à la CEDEAO, et qui peut être considéré comme un levant essentiel pour cette politique étrangère marocaine ».

« La diplomatie économique peut jouer un rôle capital et décisif pour appuyer la diplomatie traditionnelle et officielle pour atteindre ces objectifs », avance Tajeddine Hosseini, qui précise à cet égard que la même chose s’applique à la diplomatie culturelle ou encore spirituelle, en ce sens qu’on ne peut négliger le rôle de Tariqa Tijania dans un certain nombre de pays africains, comme le Sénégal ou le Mali, pour ne citer que ceux-là ».

De même, un intérêt certain doit également être accordé à l’investissement, fait valoir l’expert qui assure que « si l’on peut transformer le Maroc en une plateforme de relations stratégiques entre l’Europe, l’Afrique et le Monde Arabe, si l’on peut aussi exploiter l’opportunité offerte par la Route de la soie, on va gagner beaucoup sur le plan stratégique, politique et surtout sur le plan économique et le plan du développement ».

Pour lui, « le Maroc n’est pas loin d’être un pays émergeant, mais il faut un peu plus de volonté politique, plus de sincérité et de bonne gouvernance ».

Partis politiques, une autre diplomatie à mettre en oeuvre

Il s’agit aussi, selon lui, d’œuvrer à une plus forte implication des partis politiques qui ont leur « diplomatie propre », en dehors du cadre parlementaire.

« Chaque parti politique au Maroc doit trouver impérativement un interlocuteur valable dans tous les pays africains, les verts ont avec qui discuter, ainsi que le parti libéral, le parti traditionnel, les partis de gauche…

Ces gens-là vont avoir beaucoup plus de pouvoir pour convaincre de notre cause nationale et de nos aspirations », dit-il.

Il précise à propos que la diplomatie parlementaire est différente : « Il y a l’interparlementaire africain et l’interparlementaire international où des coalitions et des lobbyings se font et se défont, rendant relations très compliquées ».

Et d’insister : « Quand je parle de diplomatie parallèle, je pense à tous les chantiers concernant les universités, la diplomatie parlementaire, économique, culturelle et spirituelle. Il faut investir tous les fronts, parce que chacun d’entre eux peut aider l’autre à multiplier la pression et l’interaction qui peut servir nos intérêts ».

L’Afrique oui, l’Europe aussi

Une lecture de la liste des récentes nominations, permet de constater qu’elles concerné, en grande partie, des pays d’Afrique.

Rien de surprenant au vue de la politique africaine engagée par le Royaume depuis déjà un certain temps, mais le vieux continent n’en est pas moins en reste.
Avec l’Europe, le Maroc jouit effectivement d’un statut avancé qui fait de lui +moins qu’un membre mais plus qu’un associé+.

Notre interlocuteur estime à ce propos que « grâce à ce statut le Maroc a pu, malgré les nombreuses tentatives pour entraver son action, obtenir une reconnaissance claire de la souveraineté du pays sur le territoire saharien et la conclusion des accords de pêche et des accords agricoles ».

Excepté quelques « turbulences sporadiques », la relation du Royaume avec l’Europe est généralement au beau fixe. Notre interlocuteur en est convaincu : « Je pense que l’on peut aboutir à des solutions vraiment extraordinaires par rapport à l’Europe. Nos relations avec l’Europe doivent être toujours des relations stratégiques qui peuvent construire un avenir meilleur aussi bien pour nous que pour les Européens ».

Pour conclure, notre interlocuteur tient à relever que « chaque Etat dans ce large champ qu’est la politique internationale, se trouve face à un certain nombre d’enjeux et de défis qu’il doit relever avec beaucoup de sagesse et d’intelligence ».

Partant de ce constat, et en vue de défendre la question de l’intégrité territoriale nationale, aussi bien que les autres affaires à l’international, la diplomatie marocaine est « contrainte de faire quelques concessions au niveau des relations bilatérales et multilatérales  » à l’image de la participation à l’Atelier économique de Manama, relatif au volet économique du deal du siècle.

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