En grève, les futurs médecins s'activent dans l'associatif

En grève, les futurs médecins s'activent dans l'associatif
mercredi 19 juin 2019 - 16:54

Le dossier chaud des futurs médecins et leur bras de fer avec leur tutelle, et dernièrement le gouvernement, connait sans cesse des rebondissements. Accusés par certaines parties de  boycotter les cours et les examens pour « se payer du bon temps », les futurs médecins se sont lancés dans le travail associatif « pour investir la durée du boycott dans des activités utiles ».

C’est une sorte de « contre-attaque noble et civilisé à l’image des étudiants en médecine du Maroc », explique à Hespress Fr Salma Kais, étudiante en 2e année à la faculté de médecine et de pharmacie de Casablanca.

En effet, les étudiants de la faculté de médecine et de Pharmacie de Casablanca ont rassemblé, ce mardi 18 juin, plus de 250 des leurs qui se sont portés volontaires pour un don de sang, suite à un sondage effectué dans les différents groupes d’étudiants.

Mais pas que ! 120 étudiants vont s’inscrire dans le registre national des donneurs d’organes, outre un autre groupe qui fera des dons de plaquette, indispensables pour certains patients atteints de maladies hématologiques et de cancers. Le don de plaquettes permet d’obtenir directement auprès d’un même donneur six fois plus de plaquettes que lors d’un don de sang ordinaire.

Pour atteindre le plus grand nombre de personnes possibles, ces étudiants « indépendants » ont eu recours à des blogueurs (ses) et influenceurs (ses) qui ont partagé des vidéos et photos sur leurs réseaux sociaux sous forme de « stories » invitant chaque personne souhaitant faire un don de sang, organes ou plaquette à participer à cette initiative.

Interrogée sur l’idée derrière le lancement de cette campagne, surtout dans ce « timing » assez critique pour eux, Salma Kais a expliqué à Hespress Fr qu’ils ont justement choisi ce moment précis pour répondre « noblement » aux différentes attaques dont ils sont victimes.

« L’idée est tout d’abord motivée par la pénurie de sang dans les établissements de santé public, mais notre but principal est la bienfaisance. Apporter de l’aide à autrui en notre qualité de futurs médecins et c’est notre devoir de venir en aide aux citoyens», affirme-t-elle.

Pour le « timing », Salma a fait savoir le choisi de cette période de crise intervient justement pour « répondre au gouvernement qui ne cesse de nous rabaisser, nous humilier et nous priver de nos droits les plus fondamentaux. On a choisi de répondre par nos valeurs et nos principes. C’est notre manière de crier notre colère et défendre notre faculté, notre dignité et aussi pour répondre à la fausse image et les fausses informations véhiculées à notre propos».

Cette jeune étudiante en médecine générale a pareillement souligné que «si le mouvement des étudiants en médecine était réellement poussé et soutenu par des partis politiques comme le prétend le gouvernement, et que les étudiants avaient d’autres motivations que le bien de la nation et l’amélioration du cursus universitaire public, ils n’allaient pas réagir de manière civilisée aux différentes provocations, à savoir les menaces d’expulsion des cités universitaires, la suspension de nos professeurs et la menace à l’égard de nos parents ». « On veut leur montrer qui sont réellement les futurs médecins », a-t-elle ajouté.

Des « Hasthag » ont ainsi été créés pour l’occasion par ses jeunes, intitulés d#We_bleed_but_give_blood (on saigne, mais on donne du sang) et #We_suffer_but_offer (nous souffrons, mais nous offrons) « pour montrer à l’opinion publique que les étudiants grévistes donnent de leur sang pour le bien de la nation malgré leur souffrance ».

Une belle initiative de la part des futurs médecins qui s’inscrit « dans la continuité » et n’appartient à aucune association souligne notre source. « On a plusieurs associations au sein de nos facultés de médecine, mais cette fois-ci on a choisi de s’activer dans l’associatif au nom d’aucune association. C’est un mouvement purement estudiantin ». Ce groupe d’étudiants envisage également d’acheter une couveuse pour les bébés prématurés et rendre visite à une association d’autistes pour leur apporter l’aide nécessaire.

Notre interlocutrice poursuit qu’au tout début, ce groupe d’étudiants voulait rénover des écoles publiques « mais vu ce qui se passe actuellement avec les étudiants en médecine, la procédure administrative piétine encore un peu. On a donc pensé au don de sang et d’organes comme étant une action associative rapide et plus efficace à savoir qu’il y a un manque énorme de sang dans nos hôpitaux publics ».

Cette initiative n’est pas affiliée à la coordination nationale des étudiants en médecine du Maroc (CNEM), rappelle notre interlocutrice, puisqu’elle souhaite « que ce petit mouvement associatif reste indépendant de la coordination pour justement échapper à toute interprétation erronée. Toutefois, tout le monde peut y participer puisque c’est une initiative estudiantine à 100% », nous explique-t-elle.

Salma n’a pas manqué de rappeler que cette initiative a été lancée par les étudiants de la faculté dentaire de Casablanca. « Ils ont commencé tout d’abord avec le nettoyage des plages la semaine dernière et après ils ont nommé une faculté pour poursuivre leur travail. La faculté nommée était celle de médecine générale et de pharmacie de Casablanca ».

La faculté de médecine de Casablanca a donc visé un peu haut en lançant cette campagne de don de sang, don d’organes et des plaquettes. À la fin de leur action, les étudiants de la faculté de médecine générale de la métropole vont à leur tour nommer une autre faculté de médecine du Royaume pour poursuivre le chemin et ça sera également le tour de la faculté nommée de choisir son thème associatif et de nommer à son tour une autre faculté.

Une fois le tour sera fait sur l’ensemble des facultés de médecine publique (générale, dentaire, pharmacie), les futurs médecins envisagent de se réunir et lancer une action encore plus importante.

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