Dans un discours fleuve devant la Chabiba de son parti hier soir, l’ex-secrétaire général s’est paradoxalement exprimé sur la nécessité de séparer les affaires religieuses de la pratique politique, même dans les affaires qui, par le passé, provoquaient l’ire de ses »frères », tels que l’imposition de la Zakat ou la vente de boissons alcoolisées.
« Les lois du pays ne sont pas nécessairement conformes à la Chariaa », a déclaré Abdelilah Benkirane devant ses jeunes ouailles. Se transformant en prêche, son monologue de près d’une heure a d’abord traité les questions de mœurs. Et c’est la consommation d’alcool qui arrive en premier.
« C’est interdit dans l’islam; mais la prévention est une décision garantie de l’État », considère-t-il, notant que « le prophète ne punissait pas les consommateurs de vin, de même qu’Abou Bakr ». Il a ajouté que « l’alcool a toujours été présent. Même aujourd’hui, c’est l’état d’ébriété publique qui est interdit ».
Abdelilah Benekiran pense que les lois marocaines anti-alcool avaient été approuvées par le général (sic!) Lyautey au cours de la période coloniale afin de protéger les intérêts de la France.
Pour ce qui est du PJD, l’ex-homme fort des islamistes assure que sa formation « fait de la politique » et « ne pourrait être assimilée à un groupe religieux ». C’est dans ce sens qu’il répond que « l’action du gouvernement, nécessitant de l’audace », est derrière « l’abandon d’un certain nombre de slogans et de positions ayant trait à l’islam ».
C’est l’exemple de l’abandon du PJD dans son programme d’imposer la zakat après plusieurs controverses relayées par les médias. « Le regretté Roi Hassan II a tenté d’imposer la zakat en attribuant un prix sur la manière de la collecter, mais le destin a voulu que ce projet ne voit jamais le jour », justifie-t-il.
« La sphère religieuse au Maroc est réglementée par la loi et a un Commandeur des croyants. Le Chef du gouvernement peut alerter sur certaines choses, mais c’est un domaine réservé au Roi, comme le ministère des Affaires étrangères ou plus », commente Benkirane pour se dédouaner de toute intention des « frères » de s’immiscer dans ce domaine.
Toutefois, en s’adressant aux voix appelant à séparer le religieux du politique, l’ex-patron du PJD déclare que « ceux-ci prennent des risques pour eux et pour leur patrie, car nous sommes une nation fondée sur la religion depuis la création de l’Etat marocain ».
Il est également revenu au sujet des pouvoirs étendus du Roi Mohammed VI, en soulignant que « quiconque dit que c’est le gouvernement qui gère le pays confond tout et ne fait que mentir à lui même. C’est le roi qui dirige le pays et le gouvernement n’est qu’un élément auxiliaire ».