Les discussions entre les militaires et les civils pour l’instauration de la transition démocratique au Soudan ont été avortées, mercredi soir. Alors que les négociations avaient bien commencé en début de semaine, la décision de suspension décidée par l’armée est un nouveau coup de théâtre.
72 heures. C’est le temps que s’accordent les militaires du Conseil militaire de transition pour reprendre les négociations avec les leaders de la contestation populaire au Soudan, qui a été à l’origine de la destitution de l’ex-président Omar El Béchir après que son gouvernement ait triplé le prix du pain.
Après un weekend entaché de violences meurtrières, les principaux protagonistes dans la règlement de la crise soudanaise ont entamé une nouvelle semaine sous de bons auspices. Ils ont été capables de faire de belles avancées sur la forme que prendra la transition, voulue « civile » par les manifestants.
Mais, coup de théâtre, alors qu’une réunion entre les militaires et les leaders de la contestation et les membres de l’Alliance pour la liberté et le changement (ALC) devait se tenir mercredi soir pour régler les derniers détails de la composition du Conseil souverain, les militaires ont décidé de mettre fin aux négociations pendant 72 heures.
Et pour cause, les manifestants ont élargi le spectre de la contestation, en coupant par des barrages plusieurs grands axes de la capitale Khartoum tels que les ponts, ce qui déplaît fortement aux militaires. Dans un discours retransmis à la télévision, le chef du Conseil militaire, Abdel Fattah Al-Burhane, a demandé à ce que les barrages soient démontés, même chose pour les ponts et une ligne de train.
Jeudi, les chefs de la contestation populaire ont trouvé « regrettable » la décision des militaires, car selon eux, si la réunion avait permis de sortir avec un Conseil souverain, les manifestants auraient pu se rétracter de leur propre chef.
« Cette décision est regrettable », ont déclaré les chefs de l’ALC, ajoutant qu’elle « ignore les progrès réalisés jusqu’à présent dans les négociations (…) et le fait que si la réunion de mercredi avait permis de donner la touche finale à un accord, cela aurait mis fin à l’escalade, comme les barrages routiers », ont-ils ajouté dans un communiqué.