Caravane Al Hayat: A la rescousse des oubliés de la région d'Azilal

Caravane Al Hayat: A la rescousse des oubliés de la région d'Azilal
jeudi 11 avril 2019 - 08:07

La Caravane caritative « Al Hayat », en partenariat avec l’Association solidarité enfants du monde (ASEDM) a choisi, pour sa 4e édition, de venir en aide à la population des douars Imazaine, Tazakhte, Iskonfa et Imminiguin, dans la province d’Azilal.
Initiée par les étudiants de l’Ecole nationale supérieure des arts et métiers (ENSAM), la caravane a bénéficié à 94 familles, soit 693 personnes et près de 200 écoliers. Hespress Fr a participé à cette caravane, menée les 6,7 et 8 avril, et vous livre les détails de cette initiative dans les montagnes délaissées et oubliées de la région d’Azilal.

L’aventure a commencé en compagnie des étudiants de l’ENSAM à Meknès, où ces derniers se précipitaient pour finaliser les derniers préparatifs, dans la soirée du vendredi 5 avril, avant le voyage. «C’est plus qu’une simple caravane caritative pour nous, c’est devenu un devoir qui nous tiens à cœur chaque année et pour qui nous nous tenons à ramasser les ressources et les fonds nécessaires, pour aller rendre visite à ces gens-là et leur donner le sourire», s’est confié un étudiant de l’ENSAM à Hespress Fr.

Arrivée à la ville de Demnate dans la matinée du 6 avril, l’association « Al Hayat » des médecins était déjà sur place ainsi que les membres de l’ASEDM. Une fois l’équipe au complet, le voyage a commencé à 11h vers les douars d’Imazaine, Tazakhte, Iskonfa et Imminiguin.

Deux heures et demie de route ont été parcourues dans les montagnes géantes et surprenantes de la région d’Azilal. La joie et la bonne humeur étaient au rendez-vous dans les 5 transits qui transportaient les participants à la caravane, ainsi que les deux camions chargés d’alimentation, de vêtements et de fournitures scolaires. De quoi faire oublier la dangerosité de la route sinueuse.

Passant d’un douar à un autre, la caravane est enfin arrivée à destination au douar Tazakhte où elle a été accueillie par les familles et les enfants, venus en courant vers les minibus. « Bienvenue, bienvenue », s’écriait un vieux monsieur du douar Iskonfa, monté à pied, aidé par sa canne.

Une fois sur place, chacun des participants s’emploie à accomplir sa tâche. Les étudiants de l’ENSAM ont commencé par décharger les camions, tandis que les membres de l’ASEDM se sont rendus, en compagnie d’autres étudiants, vers la mosquée et la crèche qui doivent être réaménagées. Et les médecins ont rejoint les foyers pour commencer les consultations.

Distribution des aliments

Sous les yeux timides et innocents des enfants et des villageois, la distribution s’est passée dans une ambiance conviviale et une organisation surprenante. Les étudiants de l’ENSAM ont déchargé et trié, par famille, la cargaison des camions dans un laps de temps. Une fois la première phase de tri effectuée, ils ont commencé à appeler chaque bénéficiaire en l’aidant à transporter ses aides jusqu’à son âne.

Interrogé sur la procédure de tri et de distribution des aides aux familles selon le besoin, Hafsa étudiante à l’ENSAM et membre de l’exécutif de la caravane a déclaré à Hespress Fr qu’il y a eu une visite de terrain au mois de février, qui a permis de faire le recensement des familles bénéficiaires ainsi que le nombre de personnes dans chaque famille.

« Pour mieux s’organiser et aider chaque famille selon ses besoins, on a effectué une visite préalable au mois de février pour savoir exactement combien compte chaque famille pour pouvoir leur apporter les vêtements et aliments nécessaires. Pour cette 4e édition de la Caravane Al Hayat, on a choisi de distribuer aux bénéficiaires des vêtements neufs», a affirmé Hafsa au micro de Hespress Fr.

Mise à part les vêtements, dont la population des trois douars en ont vraiment besoin, vu le froid qui sévit dans cette région montagneuse, les familles ont bénéficié d’aliments, comme du riz, farine, huile, thé, sucre, les légumineuses, ainsi que des produits de lessive et savon.

Ce qui a surpris l’équipe de Hespress Fr, c’est le froid et la non-scolarisation dont souffrent les enfants de ses trois douars. « On a froid, très froid », a déclaré timidement Ouardia, une petite fille du douar Imminiguin.

Parlant bien le français, Ouardia a expliqué à Hespress Fr qu’elle a appris à parler français en lisant les bouquins distribués par la caravane Al Hayat au cours des anciennes éditions et qu’elle a exercé la langue avec son amie Jamila. Toutefois, elle s’est plainte de ne pas avoir vu son enseignant depuis des mois déjà. « Il nous a dit qu’il allé revenir après les vacances, mais il n’est jamais revenu ».

Pour redonner le sourire à ses enfants, des activités culturelles et de loisirs ont été organisées par les étudiants de l’ENSAM et l’association ASEDM à savoir des chants, danses et de jeux.

Réaménagement d’une crèche, classe et mosquée

De l’autre côté du village de Tazakht, une dizaine d’étudiants de l’ENSAM ainsi que les membres de l’association ASEDM, étaient en plein travail pour le réaménagement de la mosquée et de la crèche du douar, qui se trouvent au sommet d’une montagne.

Remplis de peinture de la tête au pied, les volontaires ont réussi à vider et nettoyer la crèche et la mosquée avant de commencer à les peindre. Les locaux ont été repeints en blanc et bleu, les tapis de la mosquée ont été remplacés par des nouveaux, et les tables et les murs de la crèche peintes en couleurs vives et joyeuses.

Le lendemain du réaménagement de la crèche et de la classe, les petits enfants étaient surpris et contents de trouver sur les tables de nouvelles fournitures scolaires (livres, stylos, crayons, petit tableau..), fournies par l’ASEDM.

Caravane médicale Al Hayat

Dans l’un des foyers de douar Tazakht, réservé par les villageois pour les consultations médicales, cinq médecins ont procédé à la consultation de plus de 600 personnes (femmes, hommes, enfants). Échographie, médicaments, brosse à dents et dentifrices distribués aux petits enfants. Les médecins étaient équipés modestement, mais convenablement pour venir en aide à cette population oubliée dans les montagnes d’Azilal.

Interrogé sur les maladies dont souffre cette population des douars d’Imazaine, Tazakhte, Iskonfa et Imminiguin, Salma Sbai, résidente en rhumatologie à Rabat a déclaré au micro de Hespress Fr qu’elle a été surprise par le nombre important de femmes atteintes de goitres.

« Il y a un grand nombre de femmes atteint de goitres, dont plusieurs nécessitent une hospitalisation en urgence. Il y a même une femme enceinte atteinte de goitre. C qui veut dire que son nourrisson sera automatiquement atteint aussi. Mais pas que, il y a même des hommes et des enfants atteints de cette maladie, causée, probablement, par l’eau salée de la région», a-t-elle expliqué.

Mis à part les goitres, les médecins ont constaté également des infections pulmonaires sévères chez les enfants. Mais, la population de ses trois douars se porte bien dans l’ensemble.

Les débuts de la caravane Al Hayat et la source des fonds alloués

La Caravane Al Hayat a vu le jour il y a 4 ans quand l’un des étudiants de l’ENSAM, issu d’une région montagneuse enclavée du Maroc a eu l’idée, en compagnie de trois de ses camarades, d’aller à la rescousse de son village en leur apportant de l’aide.

Pour les ressources de financement de la Caravane depuis son lancement, les étudiants de l’ENSAM racontent à Hespress Fr, qu’ils ont commencé à faire du « porte-à-porte » dans les rues de Meknès pour collecter les fonds.

À travers les éditions, ils ont pu trouver des sponsors qui leur fournissent des aliments comme la farine, le riz, l’huile et les cartons pour emballer les aliments.

En gros, la somme de 250.000 DH a été dépensée pour cette 4e édition de la Caravane Al Hayat. « Rien n’est suffisant pour ses gens-là. Quelque soit la somme ou les aides alloué pour aider cette  population délaissé au fin fond des montagnes, ce n’est jamais assez. Ils ont besoin d’aide tout au long de l’année en particulier dans les période de neige où ils sont coupés du monde. On espère que d’autres gens puissent aider pour qu’on puisse réaliser des projets concrets qui pourront servir le plus longtemps possible à cette population« , a conclu Hafsa.

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