Hirak de Jerada: les activistes font un bilan d'étape

Hirak de Jerada: les activistes font un bilan d'étape

vendredi 23 novembre 2018 - 10:33

Le mouvement Damir a accueilli certaines figures du Hirak de Jerada dans les locaux de l’Organisation marocaine des droits de l’Homme (OMDH) ce jeudi 22 novembre à Rabat, pour parler de la situation économique et sociale dans la province, toujours hantée par les événements de fin 2017 à mi 2018.

Un an presque après le déclenchement des protestations à Jerada et dans sa province suite la mort tragique de deux mineurs dans une descenderie clandestine de charbon le 22 décembre 2017, accentuée par le décès d’un troisième mineur le 1er février dernier, trois décès ont été enregistrés le 13 novembre dernier et à 16 peines allant de 2 mois à 5 ans de prison ont été prononcées par la Chambre criminelle de la cour d’appel de Oujda à l’encontre des jeunes du Hirak trois jours plus tard. En tout, ils sont 76 activistes du mouvement revendicatif de Jerada à se retrouver derrière les barreaux.

Pour faire le point sur les événements passés et les étapes à venir, quatre activistes du Hirak local, dont l’un des leaders, Aziz Aït Abbou, alias Rach et Mohamed Kassimi, alias Lazâar, ont répondu à l’invitation du mouvement Damir présidé par Salah-Eddine El Ouadie.

Des promesses enterrées 

Présentant un bilan schématisé des engagements mis en oeuvre et ceux non tenus par les autorités publiques, Aziz Aït Abbou estime que « plus de 80% promesses initiales n’ont pas été réalisés« . Il donne l’exemple de l’eau et de l’électricité, l’un des axes forts du cahier revendicatif de Jerada, de l’application du principe de reddition des comptes sur les ex détenteurs des licences d’exploitation du charbon dans la province, du volet agricole, minier et industriel des revendications, mais aussi des points en suspens qui touchent la santé, la formation et la mise à niveau urbaine à Jerada.

« Le ministre des Energies et des mines promettait, à lui seul, 10 000 emplois. Aujourd’hui nous ne demandons juste que 5% de cet engagement soit tenu pour rassurer la population qu’un travail de fond se fait et afin que nos conditions de vie évoluent« , a notamment déclaré ce porte-parole du Hirak.

Souviens toi du 14 mars dernier 

Les militants du Hirak de Jerada sont revenus sont les événements violents que la ville et sa province avaient connus le 14 mars dernier, suite à l’interdiction par le ministère de l’Intérieur de toute manifestation et le maintien des sorties protestataires. Aziz Aït Abbou dit détenir « des éléments prouvant que les barons du charbon sont derrière l’escalade de la violence » ce jour là. Pour lui, ce sont des jeunes « agissant pour le compte des quatre ex détenteurs de licence d’exploitation du charbon qui ont le caractère pacifique des manifestations« .

La mère du jeune Abdelmoula Zaâiqer, 15 ans, dont la vidéo de son renversement par une estafette des Forces auxiliaires ce même jour avait fait le tour de la Toile était également présente, à titre individuel.

Najat Mahjoubi demande, depuis l’hospitalisation de son fils au CHU d’Oujda puis son admission dans un centre de rééducation à Casablanca, que son dossier médical lui soit remis. Egalement mère de l’un des jeunes détenus du Hirak, la mère se bat pour récupérer le dossier médical de son fils « que personne ne veut lui procurer« .

76 détenus par erreurs ?

Les représentants du Hirak de Jerada prèsents hier à Rabat ont évoqué le cas de 76 activistes détenus à Oujda. S’il réclame leur libération et leur acquittement de toutes les accusations dont ils font l’objet, Aziz Aït Abbou implique également les « barons du charbon » dans l’arrestation et le jugement de ces jeunes.

« Nous savons est que les enfants de la province sont innocents, et que leur actes étaient imprégnés de pacifisme. Mais après 3 mois de contestation et surtout après quelques jours de l’ouverture d’un canal de dialogue avec le gouvernement pour marquer une trêve en attendant la réalisation des solutions proposés, nous avons été surpris par le début de la vague des arrestations » signifie-t-il.

Pour Aziz Aït Abbou et ses amis, « les détenus de Jerada sont victimes d’un complot ourdi par les barons et des personnes influentes dans la région de l’Oriental, réfractaires à toute tentative de changement ou d’atteinte à leurs intérêts personnels ».

Salah-Eddine El Ouadie a déclaré qu’une délégation du mouvement Damir, qu’il préside, fera prochainement un déplacement à Oujda pour rendre visite aux détenus puis à Jerada pour s’entretenir avec leurs familles, et établir un rapport de cette visite ultérieurement.