Sécurité hydrique : Un expert alerte sur la surexploitation des eaux souterraines

Sécurité hydrique : Un expert alerte sur la surexploitation des eaux souterraines
lundi 19 décembre 2022 - 17:04

Dans le but d’accélérer les investissements dans le secteur de l’eau en vue de renforcer l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation notamment pour les zones les plus touchées par le déficit hydrique, le Maroc a adopté le 13 janvier 2020 le Programme National pour l’Approvisionnement en Eau Potable et l’Irrigation (PNAEPI) 2020-2027.

Ce programme d’urgence qui s’étale sur la période 2020-2027 avec un coût de 115.4 milliards de dirhams repose sur les 5 axes selon le ministère de l’Équipement et de l’Eau à savoir le développement de l’offre en eau à travers, la gestion de la demande et la valorisation de l’eau, le renforcement de l’approvisionnement en eau potable en milieu rural moyennant la poursuite de la mise en œuvre des programmes déjà engagés pour 160 centres et 10.818 douars, la réutilisation des eaux usées épurées et enfin la communication et la sensibilisation.

Dr. Mohamed Benata, ingénieur agronome, Dr en géographie, président de l’Espace de Solidarité et de Coopération de l’oriental, coordinateur général de l’Écolo Plateforme du Maroc du Nord a livré à Hespress Fr, une lecture et ses remarques sur ce plan d’urgence pour faire face à la pénurie d’eau que connaît le Maroc pendant ces dernières années, au vu de la sécheresse qui a frappé le Royaume cette année, mettant à mal la campagne agricole ou encore l’approvisionnement en eau dans plusieurs régions du Maroc.

Selon Dr. Benata, et au moment où le Maroc a adopté le programme national d’économie d’eau en irrigation pour atteindre 70% des superficies irriguées, il y a eu l’extension et à la création de nouveaux périmètres irrigués qui vont susciter une nouvelle demande en eau.

Il souligne en ce sens que la technique d’irrigation du goutte à goutte n’a nullement contribué à l’économie de l’eau, mais plutôt à encourager l’extension des superficies irriguées dans les exploitations agricoles.

Aussi, l’expert estime que la conception du plan d’urgence n’a pas intégré les changements climatiques et prévoit la mobilisation de 4,5 milliards de mètres cubes d’eau supplémentaire à l’horizon 2050 à travers la poursuite de la politique des grands barrages, le raccordement des bassins versants pour garantir une flexibilité de gestion des ressources hydriques, la récupération des eaux pluviales et la mise en place de petits barrages et des lacs collinaires pour atteindre une capacité de production d’un milliard de mètre cube en 2030 et réduire le taux d’envasement à hauteur de 10 à 20% par l’aménagement des bassins versants.

« Or, si le Maroc a fait des efforts louables dans les soixante dernières années en matière de construction de grands barrages qui ont atteint plus de 149 barrages pour maîtriser presque 100% des eaux superficielles provenant des précipitations et des crues des rivières, il est à noter que cette politique a atteint ses limites en profitant des meilleurs sites les plus favorables à la réalisation des barrages et en maîtrisant presque la totalité des ressources hydriques disponibles, plusieurs bassins versants sont fermés et leur -Out-flow-  réduit à zéro et n’atteignent plus la mer ou l’ océan », alerte Dr. Benata.

Quant au raccordement des bassins versants entre bassin excédentaire et bassins déficitaires, l’expert fait remarquer qu’il faudrait avant tout se baser sur l’acceptabilité sociale de ce genre de projet et établir moyennant des études que les bassins excédentaires le sont vraiment.

« En effet il serait injuste et non équitable de considérer un bassin comme excédentaire si le territoire n’est pas desservi par manque d’équipement et d’infrastructure pour satisfaire les besoins de la population locale et transférer ses ressources hydriques vers d’autres régions qui ont les moyens pour surexploiter leurs ressources en eau superficielle et souterraine pour répondre à des besoins du commerce extérieur et l’exportation de produits agricoles », fait remarquer Dr. Benata.

Pour la mise en place de petits barrages et de barrages collinaires, l’histoire a montré, selon notre interlocuteur, que de nombreux barrages collinaires n’ont servi à rien et ont été envasés dès la première année de leur mise en service et n’ont retenu aucune eau et représentent même un gaspillage des fonds publics, dit-il.

Par ailleurs, l’expert estime dans sa lecture que le plan d’urgence n’a rien prévu pour améliorer la demande en eau se demandant : Que va faire le Maroc face à l’anarchie de l’exploitation des eaux souterraines ?

« Plus de 91% des puits et des forages ne sont pas autorisés et puisent des quantités phénoménales d’eau non évaluées et échappent à tout contrôle. Rien n’a été fait pour assurer une gestion durable des eaux souterraines. Bien au contraire nous assistons à un phénomène paradoxal. Au moment où le Maroc vit ces 5 dernières années successives de sécheresse, il enregistre des exportations records de produits agricoles irrigués ce qui signifie un record de la surexploitation des eaux souterraines au niveau de plusieurs régions du Maroc pour compenser le déficit des eaux superficielles des barrages et des rivières », soulève l’expert.

Pour conclure, Dr. Benata suggère d’assurer un suivi très rapproché de l’évolution des niveaux piézométriques des nappes phréatiques du Maroc. Si le niveau des nappes phréatiques continue de baisser, le Maroc sera confronté à une crise sans précédent de son histoire, a alerté l’expert dans une analyse livrée à Hespress Fr.

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