Maroc: Mise en demeure d'Adidas suite à une appropriation culturelle

Maroc: Mise en demeure d'Adidas suite à une appropriation culturelle
jeudi 29 septembre 2022 - 17:06

La dernière collection de maillots de sport inspirée de l’art de Zellige marocain et destinée à la sélection algérienne, a soulevé une grande polémique au Maroc, jusqu’à pousser le gouvernement à réagir.

Sur sa page twitter, la société Adidas a présenté le nouveau maillot des Fennecs, inspirés du Zellige marocain, avec comme légende : « Inspiré de la culture et l’histoire. Conçu pour la royauté« .

Un geste provocateur et ignorant de l’histoire et de la culture, qui a fait réagir le ministère de la Culture et de la Jeunesse qui a mandaté l’avocat Mourad Elajouti, pour adresser une lettre de mise en demeure au représentant légal du groupe Adidas, afin de requérir le retrait de la collection des maillots de sport inspirés de l’art de Zellige marocain.

Dans la lettre de mise en demeure adressée par Me Elajouti à Kasper Rorsted, président directeur général du Groupe Adidas, il est expliqué que  » la page Twitter de la société Adidas Mena a publié en date du 23 septembre 2022, une photo du nouveau maillot de l’équipe d’Algérie de football, en prétendant que la conception de ce nouveau maillot s’inspire des motifs présents dans le palais de Mechouar de Tlemcen« .

L’avocat avance ainsi que le ministère marocain de culture, dont il défend les intérêts, lui a transmis « des éléments dont il ressort que, les motifs utilisés dans ce nouveau design, comportent des représentations de l’art du Zellige marocain, ce qui s’apparente à une tentative manifeste d’appropriation culturelle par le biais de votre marque « .

Ainsi, Me Elajouti explique ainsi dans la lettre, dont Hespress Fr détient copie, que « l’appropriation culturelle se définit comme l’acte par lequel une personne ou un organisme issus d’une culture différente s’empare d’une expression culturelle traditionnelle, pour l’adapter à une autre culture dans un contexte différent, sans autorisation ni mention de la source ou rémunération d’une façon qui porte préjudice aux détenteurs de l’expression culturelle traditionnelle en question. Ce qui est le cas dans cette affaire« .

La correspondance adressée au PDG d’Adidas revient ainsi sur l’histoire des carreaux de céramique émaillée, expliquant qu’ils « sont apparus la première fois au Maroc au 10e siècle » et que  » les motifs présents dans le palais de mechouar de Tlemcen sont d’inspiration marocaine et ont été aperçus la première fois à la madrasa Bū ʿInāniyā de Fès et la madrasa-zāwiya de Chellah« .

« Ces informations ont été rapportées par un article scientifique intitulée “Palais du Meshouar (Tlemcen, Algérie) : couleurs des zellijs et tracés de décors du xive siècle publié par la revue ArcheoSciences 2019/2 (n° 43-2)« , rappelle encore la missive.

Mais pas que, l’avocat du ministère informe le PDG d’Adidas que les motifs utilisés dans leur création « sont inspirés de ceux présents dans les monuments de la Médina de Fès et le Site de Chellah, inscrite sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco en 1981 et 1985, La délimitation des biens inscrits sur la Liste du patrimoine mondial comporte tous les attributs architecturaux et urbanistiques « .

Aussi, l’avocat précise-t-il, que  » la médina de Fès est protégée par des textes législatifs nationaux visant sa protection et renforçant, au niveau local, son inscription sur la Liste du patrimoine mondial, notamment le décret n°2-81-25 du 22 octobre 1981 pour l’application de la loi n°22-80 relative à la conservation des monuments historiques et des sites, des inscriptions, des objets d’art et d’antiquité« .

De même que « le site de Chellah qui est une nécropole mérinide » et qui « fait partie des sites de la ville de Rabat, inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco en tant que bien culturel « , explique l’avocat.

« Malheureusement certains de vos créateurs, se sont emparés de ces expressions culturelles traditionnelles et les ont réutilisés en dehors de leur contexte, en faisant fi de leur signification culturelle, et en les dénaturant de leur origine, ce qui a causé un préjudice grave aux détenteurs des droits. Le fait de copier des dessins et modèles sans égard pour la profonde signification culturelle qu’ils revêtent, et l’origine de leur création peut porter atteinte à l’identité d’une communauté tout entière« , soulève l’avocat.

Dans ce sens, il a attiré l’attention sur le fait « qu’au-delà de l’exploitation économique de ces éléments de l’identité culturelle marocaine, le fait d’identifier un élément culturel traditionnel originaire d’un pays et l’adjuger à un autre pays peut s’apparenter à une manœuvre politique puis qu’il s’agit de la volonté de supprimer une culture en faveur d’une autre« .

Ainsi, Me Elajouti a prié le PDG d’Adidas de bien vouloir demander à ses équipes, de « retirer la collection citée ci-dessus dans un délai de 15 jours à partir de la réception de la présente, en cas de carence prévoir une communication relative aux motifs utilisés issus de l’art de Zellige marocain, et éventuellement verser une partie des bénéfices pour les artisans marocains détenteurs de droits« .

In fine, l’avocat précise dans la lettre que le ministère de culture marocain se réserve le droit d’utiliser toutes les voies de recours judiciaires possibles devant les tribunaux allemands et internationaux, ainsi que devant les organismes relatifs à la protection du patrimoine et les droits d’auteurs l’UNESCO et L’OMPI, afin de protéger les éléments du patrimoine culturel marocain des tentatives illicites d’appropriation.

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