Gaz : le mirage algérien et la dépendance espagnole

Gaz : le mirage algérien et la dépendance espagnole
dimanche 18 septembre 2022 - 00:00

Dans un contexte géopolitique tendu entre Madrid et Alger, depuis que l’Algérie a rompu l’accord de bon voisinage entre les deux pays, l’Algérie de ses hostilités n’a de cesse de mener sa petite guéguerre énergétique et commerciale au Royaume d’Espagne.

Il se murmure même au sud de la Méditerranée que de manière officieuse, une délégation espagnole aurait fait le déplacement à Alger, il y a une semaine, pour aborder la question et essayer d’augmenter la livraison en gaz. Bref, si l’on s’en tient à cela, l’Espagne aurait, in fine, accepté de se rendre à l’évidence d’une dure réalité, celle de la hausse du prix du gaz algérien. Le journal El Confidencial, sous la plume du fougueux Ignacio Cembrero, affirme qu’il ne reste que quelques détails partiels avant la finalisation de l’accord, « l’Espagne devant accepter, le prix du gaz proposé par la partie algérienne sur une période de trois ans à effet rétroactif à partir d’octobre ou novembre 2021 ».

Le Président exécutif de Naturgy (société espagnole), Francisco Reynes Massanet, tente de réduire la période à seulement deux ans avec la foi que les prix du gaz reprendront leur niveau normal après cette période. Il convient de noter que les contrats à terme sur le marché ibérique (Espagne et Portugal) indiquent actuellement que le contrat de gaz pour 2024 s’élève à plus de 114 euros. Soit moins que le prix actuel. Par contre, il reste tout de même cinq fois supérieur au prix qu’il était avant l’épidémie.

Les hydrocarbures étant régis par un contrat particulier (accord à long terme entre l’Espagne et l’Algérie s’étend au-delà de 2030) continuent à être livrés de l’autre côté de la Méditerranée en Espagne, mais à une quantité bien inférieure et surtout à un prix plus conséquent. Tant et si bien que la Madrid a enregistré une augmentation de sa facture énergétique qui s’élèverait selon certains, toujours de ce côté-ci de la rive, à 300 %. C’est que, la crise avec l’Algérie a coïncidé avec la flambée du prix du gaz à des niveaux historiques.

Ces derniers ont été multipliés par 15 en Europe par rapport à ce qu’ils étaient avant la crise. Soit, jusqu’à 300 euros le mégawattheure contre 20 euros au cours du dernier contrat. Dans ce contexte, un document émis par l’Autorité espagnole de gestion et de contrôle des stocks d’énergie « CORES », relatif aux importations et exportations de gaz du pays, indique que le Royaume endosse sans broncher les sanctions sournoises de l’Algérie.

Effectivement, l’Espagne, histoire de diminuer sa dépendance énergétique, a réduit son approvisionnement en gaz naturel à des niveaux minimaux, et a procédé à un arrêt complet (juillet dernier) des expéditions de gaz naturel liquéfié « GNL » d’Algérie, ce qui l’a incitée à se ravitailler de plus de quantités auprès de la Russie. Un petit péché que l’Espagne ne peut se permettre indéfiniment au regard de l’hiver qui frappe à nos portes et de sa position par rapport au conflit ukrainien. Mais, l’Oncle Sam veille au grain. Les livraisons de gaz algérien à l’Espagne en juillet dernier s’élevaient à 8572 gigawattheures. Cela représente 23,4 % et une différence insignifiante avec les livraisons des Etats-Unis, qui s’élevaient à 8530 gigawattheures soit 23,3 % des importations, sachant en cela que

les approvisionnements américains sont en gaz naturel liquéfié « GNL ». Mais l’Espagne se fournit en gaz également au Nigeria à hauteur de 5 882 gigawattheures, ce qui représente 16,1 % et de la Russie où Madrid a intensifié ses achats de gaz russe en quantités de 5317 gigawattheures par heure, ce qui représente 14,5 % des importations totales en juillet dernier. Bien que l’Espagne ait considérablement diminué ses livraisons de gaz de l’Algérie, cette dernière reste l’un de ses premiers pays fournisseurs de gaz, compte tenu de la présence d’un gazoduc. » Medgaz, qui relie directement les deux pays.

La production gazière totale de l’Algérie est d’environ 130/140 milliards de m3, dont une partie (30 à 40 milliards), non commercialisée, est réinjectée pour maintenir la pression dans des gisements qui vieillissent comme pour Hassi Messaoud (plus de la moitié de la production de brut) et qui a dépassé 65 ans. Une autre partie est brûlée sur place à un taux parmi les plus élevés dans le monde selon la Banque mondiale. Le régime des capos d’Alger ne commercialise, in fine, qu’une centaine de milliards de m3. La moitié soit 49 milliards de m3 sont destinés à la consommation intérieure très dynamique, notamment pour la production d’électricité, en raison des tarifs très bas facturés aux usagers.

Cela étant, la calculette nous laisse entre 50 et 60 milliards de m3 de gaz disponibles pour l’exportation. L’Italie et l’Espagne, les deux seuls pays européens reliés à l’Algérie par des gazoducs, en accaparent les deux tiers avec 27,26 milliards pour Rome et 10,5 pour Madrid. Une autre partie est exportée par méthaniers sous forme de gaz naturel liquéfié (GNL), environ 17 milliards de m3 destinés à la Turquie (48 %) et à cinq autres pays, dont la France (20 %).

Il est, comme qui dirait, que la trompette de la renommée a tout du mirage en Algérie. Et pour cause, le régime politico-militaire fait face à une inflation galopante (10 % pour l’exercice en cours) et une situation socialement dangereuse qui s’enflammerait dès lors qu’on y ajouterait une autre hausse des prix gaziers à l’interne que lorgne de tout leur soul et depuis lurette les capos d’Alger alors que le chômage frôle les 15 % de la population active.

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