Maroc : réduire l’importation par la culture de l’oléagineux, une priorité

Maroc : réduire l’importation par la culture de l’oléagineux, une priorité
jeudi 1 septembre 2022 - 10:45

S’il est une mesure gouvernementale que les professionnels du secteur ont saluée, c’est la décision de suspendre les droits d’importation applicables à certaines graines oléagineuses et aux huiles brutes. En effet, le gouvernement a adopté, jeudi 2 juin 2022, le projet de décret n° 2.22.393 instaurant la suspension des droits de douane sur l’importation des graines oléagineuses et les huiles brutes. 

L’objectif est d’atténuer l’impact de l’augmentation du coût des matières premières sur le prix de vente des huiles de table les plus consommées. Une décision qui concerne la suspension des droits d’importation applicables aux graines oléagineuses et les huiles brutes de tournesol, soja et de colza, à compter du 3 juin 2022. En ce sens, le Royaume consomme quelque 600 000 tonnes d’huile végétale par an, mais n’en produit que 1,3 %. En 2020/2021, le Royaume avait importé 450 000 tonnes d’huile de soja faisant de lui le 7ème importateur mondial, selon les chiffres du Département américain de l’Agriculture (USDA).

Les importions du Maroc en huiles brutes s’élèvent à 80 % et n’ont que dalle en droit de douane, dès lors qu’il s’agit de pays signataires liés au Maroc par des accords bilatéraux (Etats-Unis, Europe…). Le reste des importations, soit -20 %, proviennent essentiellement de pays comme l’Argentine, l’Ukraine avec des droits de douane de 2,5 %. L’avenir du marché des huiles au Maroc passe par une souveraineté nationale en termes de culture et de trituration des graines oléagineuses.

C’est dans ce cadre que l’industrie marocaine des oléagineux a décliné des ambitions fortes à travers sa stratégie « Green Generation ». Aussi, tout l’enjeu pour le Maroc est d’essayer de réduire sa dépendance vis-à-vis de l’extérieur, afin d’atteindre une production capable de satisfaire, 15 % des besoins de consommation du marché intérieur contre 1,7 % en 2019, et générer 170.000 emplois. Mais cette ambition nécessite la mise en place d’un cadre motivationnel pour encourager les agriculteurs, comme c’est le cas pour les plantes sucrières. Atteindre ce chiffre garantira les besoins du Maroc en oléagineux d’environ 12 %. Cependant, les acteurs de ce secteur affirment qu’il existe une possibilité d’augmenter la production à plus de 100 000 hectares, à condition que les agriculteurs suivent et augment le rendement à l’hectare.

Selon Mohamed Houssaini, directeur général adjoint de Lesieur Crystal, « le faible rendement des plantes oléagineuses est un problème en plus de la superficie cultivée, où le rendement ne dépasse pas 10 centimes par hectare ». Cependant dira-t-il, « il peut être porté à environ 20 quintaux ». Au cours d’un point de presse animée par l’unité industrielle de l’entreprise Lesieur Crystal à Ain Harouda, dans la région de Casablanca, Houssaini a déclaré que « la réhabilitation de la chaîne de production des plantes oléagineuses permettrait aux agriculteurs d’augmenter leurs revenus et de réduire la dépendance du Maroc aux importations étrangères pour les matières premières ».

Selon les données officielles, le Maroc connaît une carence structurelle au niveau de la production végétale. Ses besoins en matières premières sont presque entièrement importés et sous forme d’huiles végétales brutes à hauteur de 98,7 % du marché international, alors que les oléagineux produits localement ne sont que de 1,3 %. Le Maroc s’appuie pour approvisionner ses besoins en huiles végétales brutes sur l’Union européenne qui est le premier fournisseur du Maroc en huiles végétales brutes avec 54 %, suivie de l’Argentine avec 34 % et des États-Unis d’Amérique avec près de 7 %.

Dans les années quatre-vingt, le Maroc plantait annuellement une superficie de plus de 150 000 hectares de plantes oléagineuses, composées principalement de tournesols, dans l’ouest et le nord du Royaume particulièrement. Cependant, cette superficie a considérablement diminué depuis les quatre dernières décennies pour atteindre seulement 17 000 hectares en 2021. Pourtant le Maroc dispose d’une superficie de 600 000 hectares qui peut être utilisée pour les oléagineux (tournesol, colza, arachides). Mais pour cela, il faudra inciter les agriculteurs à cette culture peu gourmande en eau, en subventionnant les semences utilisées et en garantissant un prix pour la vente de la récolte.

Ibrahim Laroui, directeur général, de Lesieur Crystal, dans ledit point de presse, a déclaré que la vague de hausses de prix au niveau international aurait pu être évitée si la filière des sucreries avait été développée. Ce qui nécessite un cadre motivationnel adapté. Laroui a ajouté que l’agriculteur marocain n’accepte de développer une culture donnée que s’il est sûr de vendre sa récolte. Il a ajouté : « Si nous avons un cadre stimulant pour cette culture et une campagne agricole avec de bonnes précipitations, l’agriculteur tirera profit de la récolte de culture de plantes oléagineuses ».

Contrairement au sucre, les prix du pétrole ne bénéficient pas du soutien du Fonds de compensation, après la libéralisation de leurs prix depuis 2001. Laroui a noté que « la tendance du Maroc à renforcer sa souveraineté alimentaire dans le cadre d’une stratégie qui inclut l’huile de table nécessite de repenser le soutien à la chaîne de production en tenant un programme », exprimant son optimisme quant à la possibilité d’augmenter la production marocaine d’oléagineux plus que ce qui est programmé dans la stratégie « génération verte », l’ambition étant d’atteindre 20 % des besoins nationaux grâce à la production locale.

Pour sa part, Mohamed Al-Baraka, secrétaire général de Lesieur Crystal, a déclaré, lors de l’entretien avec la presse, que « les discussions avec le gouvernement portent sur la nécessité de rendre la culture des oléagineux une priorité en signant un contrat programme similaire à ce qui a été fait pour la culture sucrière et laitière. En plus de pouvoir bénéficier de l’irrigation d’une partie importante des surfaces cultivées pour ne pas être affectées par les saisons sèches ».

Lesieur Crystal, avec les quatre acteurs de cette filière, cherche à convaincre l’Etat de signer un nouveau contrat programme pour cette filière de manière à garantir la fourniture de semences, d’intrants et d’engrais aux agriculteurs, sans compter que les agriculteurs suivent le rythme à la demande de cette agriculture par l’assurance et en facilitant l’accès au crédit.

Les acteurs de l’industrie des oléagineux au Maroc aspirent à atteindre le niveau de développement de la filière sucrière, le Groupe Cosumar jouant le rôle d’agrégateur dans la filière pour accompagner les agriculteurs sur les plans financier, technique et social. Les agriculteurs impliqués dans le groupement « COSUMAR » bénéficient d’un appui financier et d’un encadrement technique afin d’obtenir les meilleurs rendements ; sans oublier la garantie d’acheminement de la récolte agricole jusqu’aux usines de transformation, garantissant l’achat du produit, en plus de l’assurance contre les aléas climatiques.

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