Marche Verte : Le pari psychologique

Marche Verte : Le pari psychologique
lundi 4 novembre 2019 - 08:09

L’auteur de l’hymne national, Ali Squalli Hussaini est décédé en 2018, un jour avant la célébration du 43ème anniversaire de la marche verte. Il laisse derrière lui un héritage, pas des moindres, la devise nationale « Allah, Al Watan, Al Malik ». Dès le milieu des années 70, elle vient tapisser d’innombrables montagnes et rochers, et c’est au nom de laquelle les Marocains ont marché sur le Sahara en 1975.

L’Histoire est venue jusqu’à Hassan 2, c’est le moins que l’on puisse dire. En 1975, il sortait de deux épreuves de taille: Deux tentatives de coup d’Etat, qui l’ont ébranlé, tout autant que la classe politique et le peuple tout entier.

« Dans le tumulte des hommes et des événements, la solitude était ma tentation. Maintenant, elle est mon amie. De quelle autre se contenter quand on a rencontré l’Histoire ». Ces paroles de Charles de Gaulle auraient très bien pu émaner du monarque marocain. Mais imaginatif et rusé, il a choisi ce moment pour s’approprier le dossier du Sahara et en faire le fer de lance de sa politique. Il réussira grâce à cela à rassembler le peuple dans sa quasi totalité.

Allah, Al Watan, mais surtout Al Malik  :

Eté 1974, le Maroc lance une grande offensive diplomatique à l’étranger. L’objectif est de rallier le monde à la cause nationale.

Les responsables des principaux partis d’opposition, le Parti de l’Istiqlal, l’Union nationale des forces populaires (UNFP), et le Parti du Progrès et du socialisme (PPS), se rallient à la cause, les liens historiques de la Beyaa (allégeance) sont mis en avant, et le Sahara devient une cause sacrée qui justifie le consensus autour du roi.

Feu Mhamed Boucetta, leader du Parti Istiqlal, dans une interview à la revue libanaise As-sayad, avait déclaré « Nous sommes avec le Roi dans la bataille de la libération et nous avons nos propres positions à l’égard de la politique intérieure ».

« Si un jour nous apprenons ou lisons qu’un Marocain a dit que telle ou telle région ne fait pas partie du territoire marocain, il ne pourrait s’agir, à Mon sens, que d’un renégat, un hors-la-loi qui ne pourra être considéré comme un détenu, un prisonnier politique », déclare le Roi défunt dans le discours du 21 juin 1990, lors de l’inauguration du Conseil consultatif des droits de l’Homme.

Le consensus autour de la cause ne souffre aucune défaillance.

Qui lui a donné l’idée ?

Il s’agit d’une stratégie royale, aussi simple que cela puisse paraître. 10 ans après la Marche Verte, la présentation faite par le roi lui-même, dans l’ouvrage collectif sur la question, confirme les propos suscités.

Les rumeurs qui circulaient à cette époque faisaient aussi part de pétrole dans le Sahara, de promesses aux marcheurs d’avantages et de terres qui leur seront octroyées, explique dans la revue Mouvement Social n°202, Marguerite Rollinde, politologue et spécialiste du Maghreb.

D’autre part, d’après Jacques Alain, fin connaisseur du régime marocain ayant écrit une fiction à peine voilée sur le sujet nommée « Le Roi », ce serait un proche d’Henry Kissinger (à l’époque conseiller à la sécurité des Etats Unis) qui aurait exposé l’idée au Roi.

Toutefois, en évoquant la Marche verte, tous ceux qui s’y sont intéressés ont évoqué l’intelligence de Hassan II, dans l’idée, la manière, le timing…

Pourquoi la marche s’est arrêtée ?

Le 9 novembre 1975, fin de la Marche. Des garanties ont été données que les négociations débuteront.

Le 12 novembre, le Maroc et l’Espagne mènent des négociations à Madrid, avec la Mauritanie mais sans l’Algérie : le 14 novembre c’est la signature de l’accord tripartite à Madrid, entre l’Espagne, la Mauritanie et le Maroc

Le retrait de l’Espagne est décidé pour le 28 février 1976, et sera mise en place une administration intérimaire chargée de la décolonisation du territoire, assurée conjointement par les trois parties signataires : un gouverneur général espagnol et deux adjoints, l’un marocain, l’autre mauritanien.

La facture

Le coût de cette campagne est évalué à environ 300 millions de dollars, financés par une aide extérieure, de l’Arabie saoudite notamment, et par une souscription nationale.

Le peuple était appelé à faire « un don volontaire », qui sera transformé par la suite en un « prêt national pour le Sahara », après un appel du roi.

« 100 milliards pour le Sahara », rapporte en trois mois 108 milliards. Son lancement officiel a eu lieu le 9 juillet 1976.

Rollinde écrit qu’« Au-delà de son intérêt économique évident, il obéit surtout à un intérêt psychologique à usage interne mais aussi vis-à-vis de la communauté internationale, faisant la preuve de l’attachement des Marocains à cette cause ».

Le Roi déclare à ce sujet dans une interview à Eric Laurent « Il s’agissait d’un pari psychologique sur lequel tout reposait ».

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