Contacts discrets entre l'Espagne et l'Algérie sur fonds de crise du gaz

Contacts discrets entre l'Espagne et l'Algérie sur fonds de crise du gaz
dimanche 14 août 2022 - 08:40

Des membres du gouvernement espagnol se sont « discrètement » rendus en Algérie cette fin de semaine, dans un contexte marqué par des tensions diplomatiques et une crise du gaz en Europe face à l’incertitude des livraisons russes. 

Des contacts discrets ont été noués entre Alger et Madrid ces dernières semaines et se sont matérialisés par un voyage secret d’officiels espagnols en Algérie.

Le voyage étrange a été trahi par le suivi des mouvements aériens de l’avion ibérique sur une plateforme de suivi qui a montré son déplacement depuis la base aérienne de Torrejon dans la banlieue de Madrid vers la base militaire de Boufarik à 35 km d’Alger.

L’appareil qui a fait ce voyage est un avion officiel de l’exécutif espagnol utilisé en premier lieu soit par le Premier ministre Pedro Sanchez soit par la ministre de la Défense Margarita Robles. Il peut aussi être utilisé par d’autres membres de l’exécutif espagnol mais son atterrissage dans une base aérienne militaire suggère qu’il s’agit de l’un des deux officiels précités.

Le Falcon 900 de l’armée de l’air espagnole, immatriculé T.18-3, a atterri vers midi en Algérie et n’a redécollé qu’après 18 heures, soit un total de 6 heures passées avec les officiels algériens. Le déplacement a volontairement été voulu discret puisqu’aucune information n’a filtré de la part du gouvernement espagnol, ni de l’algérien.

Cette discrétion s’explique notamment par les relations tendues rencontrées en ce moment entre Alger et Madrid à la suite de la position espagnole souveraine sur la question du Sahara. L’Espagne a soutenu le Maroc à travers son plan d’autonomie de 2007 soumis au Conseil de sécurité afin de mettre un terme au différend sur le Sahara.

L’Algérie a vivement protesté suite à cette décision de l’ancienne puissance coloniale au Sahara, étant donné qu’Alger a créé et finance le mouvement séparatiste sahraoui, front polisario, contre l’intégrité territoriale du Maroc.

Madrid a opposé une fin de non recevoir aux protestations d’Alger, estimant qu’il s’agit d’une décision souveraine et une position d’Etat et pas seulement d’un gouvernement et a rejeté toute ingérence dans ses affaires intérieures.

En réaction, le 8 juin, l’Algérie a suspendu le traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération, signé le 8 octobre 2002, qui planche sur la coopération économique, la défense et l’immigration.

Et une association des banques d’Algérie a annoncé le gel des opérations d’import et d’export entre les deux pays avant d’annuler la décision quelques semaines plus tard. S’en est suivi un démenti de l’agence officielle algérienne, APS, qui a affirmé qu’une association ne peut se substituer à l’Etat en infirmant tout retour en arrière sur la décision précédente.

Pour leur part, les autorités algériennes n’ont ni annoncé, ni confirmé, ni infirmé, aucune de ces informations, laissant planer le flou. Cependant, le ministre espagnol des Affaires Etrangères, Jose Manuel Albares a confirmé le blocage des opérations commerciales de la part d’Alger.

Pendant sa crise avec l’Espagne, l’Algérie a également renforcé ses liens énergétiques avec l’Italie montrant sa volonté de devenir un acteur de premier ordre pour les approvisionnements européens en énergie à la lumière de la crise du gaz en Europe favorisée par la guerre en Ukraine.

Et alors que le risque d’interruption de l’approvisionnement par la Russie pour les pays européens ayant sanctionné Moscou, plusieurs capitales européennes ont montré de l’intérêt pour l’Algérie, pays le plus proche pour combler ce manque.

Récemment, le chancelier allemand Olaf Scholz s’est exprimé en faveur de la construction d’un gazoduc pour transporter l’énergie du Portugal vers l’Europe du Nord et centrale via l’Espagne et la France, regrettant que ces infrastructures ne soient pas déjà en place.

De son côté, au moment où l’avion espagnol se dirigeait vers l’Algérie, la ministre espagnole de la Transition écologique, Teresa Ribera, a soutenu la proposition d’Olaf Scholz et a estimé que le gazoduc pourrait être en chantier dans huit ou neuf mois et a ajouté que l’Espagne pourrait être la principale connexion entre l’Algérie et l’Europe.

A noter que l’Algérie, dans sa « guerre » diplomatique lancée contre le Maroc et ses intérêts, n’a pas souhaité renouveler le contrat portant sur le gazoduc Maghreb-Europe (GME) qui passait par le Maroc pour desservir l’Espagne et le Portugal.

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