Porteurs de Sebta/Melilla : Réouverture des frontières et fin d’une époque

Porteurs de Sebta/Melilla : Réouverture des frontières et fin d’une époque
Des porteuses de marchandises à Melilla avant la fermeture des frontières
mardi 26 avril 2022 - 18:00

Si cela se concrétise, Sebta et Melilla rouvriront leurs frontières dès le 30 avril 2022. Mais pas aux milliers de porteurs (7 000 en 2016, année de référence), car de nouvelles décisions devront régenter cette économie souterraine dont tiraient profit les deux enclaves et l’activité informelle qui en découlait au-delà des frontières.

Fin avril, à titre de rappel, étant donc la date butoir, publiée au Journal officiel (BOE) une disposition générale qui prolongeait la fermeture des frontières de Sebta et Melilla jusqu’au 30 avril prochain que se passera-t-il ensuite ? Sous prétexte de quelques travaux internes dans les enclaves qui n’ont jamais été entrepris puis de Dame Covid, la frontière de Sebta comme celle de Melilla ont été fermées 27 mois durant jusqu’à ce jour. Bien de l’eau a coulé sous les ponts et d’évènement en évènement, seul demeuraient le regard de faïence entre les deux rives jusqu’à ce que les relations entre les deux Royaumes reprennent sur des bases, disons plus apaisées.

Depuis, on s’est rouvert l’un à l’autre, et les choses reprennent progressivement leurs cours. D’ailleurs, le ministre de l’Intérieur Fernando Grande-Marlaska, illustrait à sa sortie d’un conseil des ministres cette ambiance. « Les relations entre l’Espagne et le Maroc sont toujours stratégiques et seront approfondies. Nous devons tous nous en féliciter ». Le ministre se réjouissait de la reprise des liaisons maritimes avec le Maroc, rassurant déjà quant à l’ouverture des frontières terrestres de Sebta et Melilla. Ce lundi, d’une même démarche, il revenait à la charge assurant que les frontières des enclaves allaient s’ouvrir « bientôt » après plus de deux ans de fermeture.

Mais pour autant d’optimisme, le ministre n’a pas dévoilé de dates précises, expliquant qu’il s’en tenait à la feuille de route élaborée avec les autorités marocaines. Grande-Marlaska a indiqué qu’il existait un groupe de travail sur cette question qui y travaille déjà et que l’ouverture se fera selon les paramètres nécessaires pour qu’elle soit « progressive » par « un commun accord entre le Maroc et l’Espagne » et « garantissant toujours la santé et la sécurité » de tous les citoyens.

Si l’on s’en tient à ABC, l’ouverture devrait se faire en deux phases différentes. Une première pour les personnes munies d’un visa et les résidents de l’Union européenne. Les travailleurs transfrontaliers ayant une documentation valide font partie du lot, ceux ne possédant pas ce type de « visa » en règle devront le formaliser pour entrer et travailler sur le territoire espagnol. Ces employés seront cependant sujets à la navette quotidienne et ne pourront ni passer la nuit dans les enclaves ni y résider.

La deuxième phase d’ouverture, selon la Confédération des entrepreneurs de Melilla, sera celle de l’entrée en vigueur des coutumes commerciales, à la fois celle qui existait à Melilla et celle appelée à être créée à Sebta. Le passage des personnes sera autorisé, ainsi que celui des marchandises documentées. Il est précisé qu’« il n’y a plus de place pour le portage » précise la Confédération mettant en avant les actions menées par le Maroc pour créer et offrir des emplois comme la Zone d’activité économique de Fnideq (ZAEF).

Du coup, on s’attend dans les présides à ce que les frontières s’ouvrent début mai avec la fête du muguet et du Travail comme pour une journée de mobilisation laborieuse. D’ailleurs, l’impatience est visible surtout du côté des enclaves occupées où on a manifesté au poste frontière de Beni-Ansar près de Melilla pour exiger la réouverture de la frontière, un mouvement soutenu par le parti Coalition pour Melilla (CPM).

« Les habitants de Melilla ont attendu ce moment pendant des années et cela ne devrait pas prendre plus de temps inutilement », a posté le parti à travers une publication sur son compte Twitter officiel. Du côté des autorités gouvernementales des enclaves de Melilla et Sebta on indique qu’aucune date n’a encore été retenue pour l’heure et la réouverture de la frontière, coupant ainsi court aux rumeurs faisant planer une sorte d’incertitude totale en mettant en avant les travaux en cours au niveau des postes-frontière qui ne sont pas encore achevés. De plus, il va falloir s’atteler à la mise en place de « frontière intelligente » pour contrôler les flux de personnes et de marchandises, sans que les échanges « atypiques » -comprenez le portage- ne reviennent.

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