Maroc: La part d'eau par habitant divisée par 5 à cause des précipitations en baisse

Maroc: La part d'eau par habitant divisée par 5 à cause des précipitations en baisse
mercredi 6 avril 2022 - 18:30

Le Maroc fait face à une diminution nette des précipitations ces 30 dernières années et la part d’eau par habitant a été divisée par 5 depuis les années 60, a indiqué un chercheur en agriculture qui prévient de l’impact sur la production agricole. Mais des solutions existent…

Intervenant dans le cadre d’un workshop organisé par Al Moutmir Open Innovation Lab de l’OCP, Dr Kamal Aberkani de la Faculté pluridisciplinaire de Nador (Université Mohammed Premier), a dressé un constat amer pour les précipitations au Maroc et leur impact sur l’agriculture et la part en eau par habitant.

Alors que les scientifiques alertent sur le réchauffement climatique, ses répercussions se font déjà ressentir dans le monde et au Maroc aussi. Le problème du réchauffement climatique estimé à 1,5 ° Celsius de plus, affecte le monde entier.

Au Maroc au cours des 30 dernières années, nous avons noté une hausse de +0,42 ° Celsius par décennie en moyenne depuis 1990, soit une valeur supérieure à la tendance moyenne sur l’ensemble des continents, a indiqué le professeur.

Dans le même temps, un important déclin des précipitations a été observé. Il est estimé -20 % en moyenne annuelle entre 1960 et 2018. La diminution est particulièrement marquée en hiver, période durant laquelle, les précipitations devraient être les plus abondantes, avec -24 % entre décembre et février, contre -14 % sur l’ensemble de la saison pluvieuse d’octobre à mars.

Le problème du déclin des pluies vient s’ajouter parallèlement à la hausse des températures, affirme l’universitaire qui note que c’est entre les mois de décembre et février que la pluviométrie est déterminante. C’est à ce phénomène auquel le Maroc fait face cette année 2022. Il n’y a pas eu de précipitations depuis le mois septembre.

« Par contre, comme on peut le remarquer, les mois de mars et avril connaissent plus de précipitations. Il y a une irrégularité des précipitations et les agriculteurs doivent prendre conscience de cette réalité », a affirmé Kamal Aberkani. « Cette année, il y a un dysfonctionnement dans le cycle terrestre de l’eau, le manque de précipitations a fait que même les nappes phréatiques ont vu leur niveau baisser, les eaux de surface également », a-t-il ajouté.

De 1980 à 2016, la tendance moyenne démontre que les précipitations tendent vers la baisse. « Je ne veux pas être pessimiste, mais les prochaines années l’affaiblissement des précipitations va se poursuivre », a estimé le professeur.

D’ici 2050 2060, les pluies n’auront plus les mêmes tendances dans le monde, estiment les experts. Si des mesures strictes et concrètes ne sont pas prises maintenant pour lutter contre le réchauffement de la planète, les prévisions estiment une hausse de température de 5 °C et une continuité de la baisse des précipitations.

Cela impactera non seulement l’agriculture et donc la sécurité alimentaire des populations, mais aussi la consommation d’eau. A ce titre, l’universitaire a donné les chiffres de la part d’eau pour chaque personne par mètre cube.

En 1960 au Maroc, il y avait 2560 mètres cubes par personne et aujourd’hui on est à 500 mètres cubes. « Cela veut dire que les ressources en eau s’amoindrissent, et la dotation en eau au Maroc est elle aussi en baisse », a-t-il poursuivi en indiquant que c’est face à ces problèmes que l’on voit l’importance des stratégies de l’Etat pour l’eau.

Selon Kamal Aberkani, il existe quelques pistes de solutions à explorer pour contrebalancer cette réalité climatique et raisonner la consommation en eau. « A mon avis, les différentes institutions doivent travailler ensemble pour renforcer la gestion de l’eau. Sa gestion n’est plus l’apanage d’une seule institution et doit être une priorité stratégique du pays et même en termes de recherche scientifique », a-t-il déclaré lors de son intervention.

Parmi les alternatives de recherches qui paraissent intéressantes, il a cité l’amélioration génétique des plantes avec des variétés résistantes à la sécheresse, et le zonage agricole, où l’on va avoir une stratégie de répartition des cultures selon les régions.

Il estime par ailleurs qu’il faut revoir les types de plantations par zones agricoles, et éviter les cultures qui demandent beaucoup d’eau dans les régions où il n’y a pas assez de précipitations.

Une dernière piste soulevée, revient à l’utilisation des technologies digitales avec logiciels et applications connectées aux plantations qui offriront une gestion intelligente des ressources en eau et en engrais. « Aujourd’hui seuls les grands agriculteurs utilisent les Smart Sensors alors que 70 % des agriculteurs au Maroc ont de petites parcelles de terre », a-t-il fait remarquer plaidant pour une généralisation de cette technologie à tous les agriculteurs.

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