La censure conduit trois journalistes algériens à la détention préventive. Deux ont été accusés de « diffamation » et le troisième d’ « outrage aux institutions et atteinte à la vie privée ». L’affaire a fait réagir Reporters Sans Frontières (RSF). L’ONG parle d’une atteinte à la liberté d’information.
Les trois journalistes ont été ce 26 octobre devant le tribunal à Alger. Les peines pourraient varier entre deux mois et cinq ans de prison.
Ces journalistes ont été poursuivis par le patron du principal groupe de médias privés du pays, le préfet d’Alger, et un autre homme d’affaires algérien qui ont porté plainte en début de semaine.
Les journalistes auraient relayé des informations sur des supposées relations entre le patron de presse et des hommes politiques. L’information aurait été publiée en premier sur la page Facebook d’un activiste appelé Amir.dz, avant de faire le tour de la presse algérienne.
RSF parle d’un « usage exagéré de la force » et d’une « atteinte à la liberté d’information ».
« Aucun journaliste ne devrait se retrouver en prison pour des faits de diffamation », a déclaré le directeur de Reporters sans Frontières pour l’Afrique du Nord.
De son coté, la secrétaire générale du PT, Louisa Hanoune a qualifié ces arrestations de « dérive dangereuse », alors même qu’elles interviennent au lendemain de la lettre du président de la République, la veille de la célébration de la journée du 22 octobre.
Dans son message, le chef de l’Etat a admis l’existence de certaines insuffisances et exhorté les journalistes à contribuer à la lutte contre certains fléaux qui gangrènent la société et à dénoncer certaines dérives.
Louisa Hannoune dénonce: « Dans sa lettre, le président leur a demandé de dénoncer les dérives et les fléaux; il les a assurés de la protection de l’État et de la Loi, un avis que nous partageons. Mais comment traduire la cascade d’arrestations des journalistes qui intervient parallèlement avec cette lettre ? ».
« Nous sommes aux antipodes de l’esprit de la lettre du président; nous sommes devant une dérive dangereuse; il y a violation de la Constitution », a-t-elle estimé.
Ironie du sort, le directeur d’information du média en question a été arrêté durant la journée nationale de la liberté de la presse en Algérie.