Symbole d’une sortie de crise et donc d’une «dignité» retrouvée, nombres d’habitants de Fnideq placent dans la «zone industrielle» ou Zone d’activités économiques de Fnideq (ZAEF) qui entre dans sa phase finale, après près d’un an d’attente pour son lancement, de véritables espoirs. Mais pas tous…
Samedi dernier, les premiers 53 commerçants sélectionnés entamaient le démarrage effectif de leurs activités. La construction avait débuté après la fermeture du poste frontière avec Sebta occupée, Dame Covid oblige, qui avait déclenché des manifestations sociales à Fnideq. En effet, les autorités de naguère soucieuses quant à la paix sociale avait projeté cette zone industrielle comme une alternative à la « contrebande » de toutes sortes de marchandises provenant des présides occupés et qui faisait vivoter nombre de familles de la région.
Cette nouvelle zone, s’inscrit dans le cadre du programme de développement économique et social de la province de Tétouan et de la préfecture de M’diq-Fnideq. Elle a nécessité la mobilisation d’une enveloppe budgétaire de plus de 200 millions de dirhams. Selon des sources du ministère de l’Intérieur, la zone s’inscrit dans la continuité du projet « Tanger Med », et ne recevra pas de marchandises de Sebta. En effet, la ZAEF importera légalement des marchandises de différents pays du monde.
Cela étant, de l’autre côté de la rive, les autorités espagnoles surveillent de près ou de loin ce remue-ménage, qui isole de plus en plus Sebta et son environnement. C’est que les deux enclaves occupées s’asphyxient économiquement à chaque jour que Dieu fait, un peu plus et le phénomène dure déjà, depuis deux ans sans qu’aucune parade n’ait été trouvée. Aussi l’Exécutif espagnol réfléchit à améliorer les liaisons avec la Péninsule et à générer un espace de « prospérité partagée » selon l’expression d’usage, plutôt que de placer un quelconque espoir dans le rétroviseur.
Pour Abdelillah Khoudari, président du Centre marocain des droits de l’homme (CMDH), « la création d’une zone de libre-échange à Fnideq pourrait donner l’espoir de trouver des solutions alternatives professionnelles à la contrebande qui jusqu’à la fermeture des frontières était un moyen de subsistance par excellence pour des dizaines de milliers de femmes et de jeunes sans emploi. Cela leur permettra de garantir un niveau minimum de travail digne « .
Khoudari trouvera cependant à redire quant à cette réponse à un problème donné « De nombreuses questions se posent à propos de cette initiative, surtout lorsque nous sommes confrontés à un dilemme structurel qui nécessite des mesures progressives. Cette résolution n’est pas une alternative qui constitue une rupture immédiate avec la réalité… En effet, pour le président du CMHD, les de succès de l’initiative ont peu de chances d’aboutir.
Si l’on considère que la première observation qui vient à l’esprit est liée aux passages à niveau de la frontière, qui devrait rester fermée sur la base du projet de la ZAEF, les marchandises ne circuleront plus de Melilla et Sebta occupées vers l’intérieur du Maroc. Il est donc évident que les opportunités d’emploi diminueront ou disparaitront pour ces milliers de femmes (femmes-mulets) et ces jeunes qui vivaient de l’activité de contrebande ».
Dans sa lancée Khoudari déplorera que « Cela arrive au moment où une minorité de commerçants de la région vont bénéficier exclusivement de cette zone. Nous sommes donc en train de mettre en place un projet de développement au profit des marchands de la région, et non une alternative économique à la contrebande ».
Il poursuit en étayant « Le projet est commercial et devrait servir les commerçants de la région qui pourraient avoir été relativement touchés par la contrebande. Sauf que la réussite d’une telle entreprise nécessite un bon nombre de facteurs. Les plus importants sont la nature et les sources de la chaîne d’approvisionnement ainsi que les gains qui en découlent, sans parler des opportunités de promotion et de commercialisation de ces biens ». Et de conclure, Quant à ceux qui vivaient de la contrebande, au regard de la situation, la crise restera vraisemblablement en place ».