Azeddine Ibrahimi : Avons-nous échoué à communiquer et à persuader les non vaccinés ?

Azeddine Ibrahimi : Avons-nous échoué à communiquer et à persuader les non vaccinés ?
dimanche 10 octobre 2021 - 11:02

Au Maroc, l’administration de la 3e dose du vaccin anti-covid aux personnes complètement vaccinées depuis au moins 6 mois a démarré ce lundi 4 octobre. Sachant qu’à ce jour, le Maroc a pu vacciner, depuis le début de la campagne en janvier, quelque 70% de sa population (23.023.859 personnes totalement vaccinées sur une population cible de 36 millions d’habitants). Cela dit, le Royaume fait face à une catégorie de citoyens qui refusent, encore et toujours, de se faire vacciner, et ce, pour différentes raisons. 

Dans une analyse publiée sur sa page Facebook intitulée  » Avons-nous échoué à communiquer et à persuader les non vaccinés ? « , Pr Azzedine Ibrahimi, membre du Comité scientifique et technique de la vaccination, est revenu sur le cas des personnes non-vaccinés se demandant « Comment allons-nous convaincre les Marocains de se faire vacciner à la troisième dose, alors que nous n’avons pas réussi à convaincre des milliers de Marocains de se faire vacciner avec la première et deuxième doses ?« .

Dans un premier temps, Pr Ibrahimi admet que les non-vaccinés « ne sont pas des ignorants ou des égoïstes », comme le prétendent quelques-uns, « mais plutôt des personnes réticentes à prendre des décisions médicales, car ces choix sont souvent complexes et nous affectent dans notre existence et notre être« .

Conscient de la culture de « différence qui n’est pas forcément un phénomène malsain et que l’unanimité n’est pas forcément un phénomène sain« , Pr Ibrahimi estime que « la critique est souvent plus utile et bénéfique« . Il reconnait ainsi que «  les non-vaccinés sont des citoyens égaux comme ceux vaccinés« , notant que  » la grande majorité des personnes qui hésitent à recevoir le vaccin, ne sont pas engager dans une cause anti-science et n’ont aucun agenda politique ou cache un complot« . Ils ont tout simplement « hésitants » à prendre ou pas le vaccin, souligne-t-il.

« Nous sommes dans un état psychologique urgent qui se dégrade (…) Il est donc difficile de communiquer entre nous, ce qui fait que nous, les spécialistes, n’arrivons pas à les (non-vaccinés) convaincre de se faire vacciner« , analyse ce membre du comité scientifique anti-covid, se demandant « quelles sont les raisons de cet échec » et de l’incapacité de communiquer facilement avec cette catégorie de citoyens.

En général, la personne ne communique pas lorsque la question est épineuse ou quand l’interlocuteur est incapable de communiquer avec les outils de communication ou ignore l’identité de son interlocuteur qui essaie de communiquer avec lui, avance Pr Ibrahimi.

Imaginez donc si tous ses éléments sont présents, ce qui est le cas estime Pr Ibrahimi qui a détaillé dans son analyse le comment du pourquoi concernant la communication vaccinale.

Faible communication institutionnelle autour de la pandémie

Pour ce membre du comité scientifique, « la pédagogie de communication sanitaire est considérée comme l’une des pédagogies les plus difficiles adressées au grand public. En effet, on peut discuter en douceur de divers domaines tels que le sport, la politique et l’art … Mais cela devient difficile lorsqu’il s’agit de santé et de médecine, puisque cela dépend de nombreuses données techniques et technologique … Et ici, la confiance joue un grand rôle entre le communiquant et son interlocuteur« .

Et puisqu’il s’agit de la santé humaine et de l’existence humaine, Pr Ibrahimi estime que les spécialistes se doivent de « simplifier les données et être humble dans leurs idées afin de les livrer à un large public, et pour que le citoyen ordinaire puisse digérer l’information et l’assimiler« .

Malheureusement, « la communication institutionnelle » autour de la pandémie  » était faible« , admet le spécialiste, notant que « le marketing social de sensibilisation requiert des compétences que les spécialistes et gestionnaires de la chose public n’ont pas« .

Selon lui, « nous ne pouvons convaincre les gens, qu’en ouvrant des canaux de communication et en utilisant des méthodes de communication efficaces, et non en se limitant aux données du ministère de tutelle (…) qui ouvrent souvent la porte à des interprétations multiples et contradictoires (… ) d’autant plus que certains voient la vaccination comme une contrainte« .

Dans ce sens, Pr Ibrahimi a classé les non-vaccinés en quatre catégories. La première catégorie est celle des personnes qui souffrent de « peur anticipée« . Cette catégorie, explique le spécialiste, « a peur de tout, et surtout des nouvelles choses incompréhensibles pour eux et qui sont difficiles a assimilé« .

La deuxième catégorie des non-vaccinés et celle qui est « contre tout. Contre l’État qu’ils estiment contre eux, contre l’administration, contre les décideurs qu’ils estiment contre eux …« . En somme, « ils ont un problème de confiance avec tous le monde« .

Venons en à la troisième catégorie des non-vaccinés et que Pr Ibrahimi estime qu’elle a « un manque sévère de critique« . Ces personnes, explique le spécialiste, « consomment avidement toutes les informations, qu’elles soient fausses ou vraies (…) Si l’on ajoute à ça le manque inhérent de connaissances dans le domaine des vaccins et le manque de compréhension de l’information scientifique, forcément ils seront hésitants ».

Enfin, la quatrième et dernière catégorie des non-vaccinés, est celle qui a des « fondements idéologiques, que l’on voit beaucoup chez les politiciens, qui regardent la question avec la logique du profit politique« .

Il cite ainsi l’exemple de la droite en Occident qui a adopté toutes les théories sceptiques, tandis qu’au Maroc, les politiciens ayant opté pour ce chemin « se reconnaitront« , lance le spécialiste.

Et de faire observer que  » la communication est plus importante que la vaccination et la médecine à l’heure de la crise sanitaire« .

« Malgré tous ces défis, nous n’hésiterons pas et ne cesserons pas de communiquer avec les vaccinés et les non vaccinés (…)  car nous avons besoin les uns des autres pour sortir de cette crise. Malgré notre désaccord passager au sujet du vaccin, ce qui nous unit est l’amour, l’intérêt général du pays, le retour rapide à une vie normale et la réduction des pertes humaines (…)« , conclut le spécialiste.

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