Alors que l’on confirme, du moins du côté espagnol, que les mineurs non accompagnés qui ont été rapatriés du préside occupé de Sebta sont accueillis dans de bonnes conditions à Martil, des sources locales répondent par la négative. Qu’advient-il des premiers groupes de mineurs rapatriés ?
A la recherche de réponses à cette question, Hespress FR a contacté le président de l’Observatoire du Nord pour les Droits de l’Homme (ONDH), Mohamed Ben Aissa.
Celui-ci a, dans des déclarations de presse données quelques heures auparavant ce mercredi 18 août, souligné que le Centre d’accueil de Martil ne prend pas en charge et n’assiste pas les mineurs rapatriés. Pis, une délégation de l’ONDH qui a visité le Centre a constaté l’absence des mineurs.
« Aucun des 75 mineurs devant n’y était présent dans ce centre de type prison, qui a une faible capacité, des services de nutrition médiocres et reste dépourvu d’absence d’assistance sociale », a-t-il affirmé en estimant que les autorités « ont laissé les mineurs choisir entre rester ou partir en laissant les portes ouvertes ».
Cependant, joint par Hespress, Ben Aissa a affirmé que « l’ONDH a effectué des visites de l’extérieur et que les autorités l’ont invité à entrer et assister à l’opération d’accueil des mineurs demain ».
Le Centre d’accueil de Martil est vide
« Cette invitation est intervenue après les déclarations que j’ai données à certains supports de presse », a-t-il tenu a expliqué. « Les autorités m’ont dit qu’ils offrent des services à la hauteur et qu’il vaut mieux venir constater cela sur le tas. Alors, on a convenu d’une visite demain ».
Or, les expulsions des mineurs ont été suspendues, mardi, pour 72h par les autorités espagnoles ! Dit autrement, les expulsions ont été mises en veille pour le moins mercredi et jeudi.
Interpellé sur le sort des mineurs, Ben Aissa, affirme, citant les autorités, affirme que « tous les jeunes ont été remis à leurs familles ». « Il y a ceux qui ont été envoyés dans leurs foyers via le TGV, d’autres que les parents sont venus les récupérer, d’autres qui ont été transportés dans leurs villes via les voitures de l’assistance sociale (de l’INDH) », a-t-il dit.
« Ils nous ont dit que nous avons porté préjudice à leurs efforts. Ils (les autorités, Ndlr) prétendent qu’ils offrent des services à la hauteur », a soutenu l’activiste des droits de l’Homme en précisant qu’« il y a beaucoup d’ambiguïtés ».
Interrogé sur l’éventualité de voir ces mineurs retenter leurs chances de rejoindre le préside occupé, Ben Aissa a assuré que « la migration des mineurs se poursuit de plus belle ». « Il y a des tentatives quotidiennes d’entrer à Sebta à partir des plages de Fnideq », a-t-il affirmé.
Notons que le rapatriement ou l’expulsion des mineurs non accompagnés de Sebta alimente le débat public en Espagne pendant que le silence règne du côté marocain.
Les mineurs rapatriés alimentent le débat
Le ministre ministre espagnol de l’Intérieur Fernando Grande Marlasca a confirmé que les autorités marocaines se sont engagées à respecter les droits des mineurs expulsés, car ils sont pris en charge dans un foyer pour mineurs à Martil, en tenant compte de leur intérêt supérieur.
Défendant le retour des mineurs arrivés à Ceuta (Sebta, Ndlr) entre le 17 et le 18 mai, il a considéré que « l’opération est « légale », et repose sur l’accord signé entre les deux pays en 2007 et mis à jour en 2012 ».
Le ministre a invoqué que les « rapatriements » « ne sont pas des expulsions, mais plutôt une aide aux mineurs à rentrer dans le parfait respect de leur intérêt supérieur, car le mineur n’est en aucun cas considéré en danger ».
Rappelons que juste après la sortie médiatique de Marlasca, le tribunal administratif du préside occupé de Sebta a décidé, lundi, de suspendre « l’expulsion » de neuf mineurs marocains. Une décision qui intervient après l’expulsion de 60 mineurs non accompagnés dans le Centre d’accueil de Martil.
Les autorités espagnoles ont, pour rappel, commencé vendredi, en accord avec leurs homologues marocaines, l’expulsion de 740 mineurs non accompagnés faisant partie des migrants étant entrés dans le préside occupé en mai dernier.
