Avec le développement des vaccins anti-covid, auxquels l’humanité s’accroche pour mettre fin à la pandémie, des anti-vaccins ont apparu de par le monde. Le Maroc n’est pas en reste. Refusant de se faire vacciner pour différentes raisons, les vaccino-sceptiques retardent l’atteinte de l’objectif tant espéré de l’immunité collective.
Vu l’évolution inquiétante de la situation épidémiologique au Maroc, l’Etat pourrait-il se diriger vers l’imposition de la vaccination aux citoyens, notamment via l’imposition du pass vaccinal, pour accéder aux espaces fermés (restaurants, cinémas, cafés …) ?
A la recherche d’une réponse à cette question, Hespress Fr a interpellé le médecin spécialiste et chercheur en politiques et systèmes de santé Dr Tayeb Hamdi.
Pour cet expert, « les personnes qui refusent de se faire vacciner, ne sont pas forcément des anti-vaccins. C’est une forme d’hésitation, de peur, de crainte. Mais ils n’ont rien contre le vaccin anti-covid et n’ont pas de théories complotistes ».
Les réticences sont dues, selon cet expert, « aux fake news qu’ils entendent en boucle sur les réseaux sociaux. Puis, ils se disent qu’ils ne sont pas malades, nous allons bien et nous ne voulons pas tomber malade, alors pourquoi prendre le risque de se faire vacciner ? ».
« Donc, il y a également le facteur risque qui pose problème dans plusieurs sociétés notamment la nôtre », estime le spécialiste.
Les vaccino-sceptiques risquent de se retrouver contraints
Affirmant l’existence au Maroc, comme partout ailleurs, de personnes vaccino-sceptiques ou encore de personnes qui ne se sont pas encore fait vaccinés pour différentes raisons, Hamdi livre sa conception de la gestion de cette catégorie de personnes.
« Premièrement, on ne peut pas atteindre l’immunité collective sans avoir vaccinés la majorité des Marocains soit 80% de la population y compris les enfants », soutient-il, notant que « l’extension du pass vaccinal est une bonne discussion ».
Dans cette veine, il précise qu’« on peut pas se permettre de fermer le pays à chaque fois, parce qu’on a une catégorie de citoyens qui refusent de se faire vacciner risquent d’être contagieux et qui risquent de se retrouver en réanimation. On peut pas donc fermer le pays à cause d’eux ».
Il propose, en revanche, « au lieu de fermer le pays à chaque fois, de fermer sur le virus et les porteurs du virus. Donc l’extension du pass vaccinal est indiscutable ».
Alors que la vaccination n’est, à date, pas obligatoire au Royaume, le spécialiste préconise qu’elle le devienne. « On va se diriger vers cette obligation, même si pour le moment le vaccin n’est pas obligatoire au Royaume. Mais de par le monde, les gouvernements sont en train de se diriger vers l’obligation vaccinale, comme on le constate en France et en Europe. Et le Maroc fera certainement de même pour préserver son système de santé et atteindre justement cette immunité collective », pronostique Dr Hamdi, condition sine qua non pour pouvoir enfin voir le bout du tunnel, conclut-il.