Relais Prison-Société : Humaniser les prisons pour empêcher la récidive

Relais Prison-Société : Humaniser les prisons pour empêcher la récidive
Une mère cajole son fils pour avoir triomphé de son être et de son passé. - Clôture du projet « (Re)devenir citoyen », mené par Relais Prison-Société en partenariat avec @Middle East Partnership Initiative (MEPI), le 13 juillet dernier à la fondation l’Uzine. / Ph. Facebook
jeudi 11 octobre 2018 - 12:00

Mohamed Srhir est un activiste présent sur tous les fronts. Il est membre de l’Organisation marocaine des droits de l’homme (OMDH), du bureau national du Réseau lecture du Maroc, ainsi que d’autres associations à but non lucratif du genre.

Le militant est, par ailleurs, président de l’Association Relais Prison-Société, dont le cheval de bataille est l’encadrement des détenus dans les prisons, afin de réussir leur réintégration et d’empêcher leur récidive. Contacté par Hespress FR, Srhir partage sa vision de cette problématique, fort présente dans la société marocaine.

Quelles sont les missions de l’Association Relais Prison-Société ?

Notre association œuvre à l’intérieur des prisons. Nous sommes en contact direct avec les détenus, qu’ils soient mineurs ou des personnes plus âgées, hommes ou femmes, sans discrimination. Nous mettons en place l’aide juridique pour ces personnes à l’intérieur des prisons. L’association organise, très souvent, des rencontres au profit d’une cinquantaine de prisonniers, afin de les écouter, de leur apporter un soutien moral, et de répondre à leurs besoins. Dans certains cas, nous prenons les numéros de téléphone des membres de leurs familles et nous appelons leur père, leur mère, etc.

Par ailleurs, nous organisons d’autres activités, notamment le théâtre, le cinéma, etc., dans l’objectif d’offrir une bouffée d’air aux détenus.

L’activité de l’association ne s’arrête pas une fois les murs des pénitenciers franchis. Ainsi, nous accompagnons les anciens détenus, en présence de leurs proches, afin de les soutenir. D’ailleurs, de nombreuses familles de détenus, et anciens prisonniers nous déclarent qu’elles trouvent du répit et de l’espoir grâce à nos initiatives.

Le but de cet accompagnement est d’éviter la récidive. Le siège de l’association se trouve à Hay Mohammadi, et nous restons ouverts à tout moment pour les anciens prisonniers, et leurs familles. Les anciens détenus viennent chez nous, et bénéficient de cycles de formation, afin de les aider à réintégrer la société plus facilement.

Tout à fait à gauche, Mohamed Srhir. / Ph. Facebook

Comment faites-vous pour sensibiliser les anciens détenus à ne plus refaire les mêmes erreurs ?

Il faut savoir que nous manquons de moyens. Parfois, nous travaillons en partenariat avec des organisations internationales comme Penal Reform International ou les Institutions publiques, le ministère de la Justice. Elles nous soutiennent moralement, financièrement et matériellement. Quand nous disposons d’une aide, cela nous rend plus motivés, malgré la difficulté de travailler avec cette catégorie de la société.

Par exemple, la dernière activité que nous avons organisée, au sein de la prison pour mineurs de Ain Sebaâ, a connu la présence d’artistes étrangers, notamment des peintres d’Argentine, d’Italie, de France, etc.

Dans une autre prison, nous avons organisé une exposition de photos de joueurs de football connus. Le choix des vedettes exposées n’est pas aléatoire, puisque ce sont des « modèles » pour les détenus.

Sensibiliser à travers l’art est-il utile pour les détenus ?

La peinture, le théâtre, etc., sont des activités que l’association propose souvent. En juillet dernier, nous avons organisé la fête de fin d’année à l’Uzine. Des anciens détenus ont eu l’occasion de présenter sur scène une pièce de théâtre, en présence de leurs familles et proches.

Nous avons aussi mis en place des ateliers de jardinage, auxquels près de 60 anciens détenus ont pu participer et profiter ainsi d’une formation au maniement des outils nécessaires au travail dans ce domaine.

Peut-on dire que l’espoir n’est pas perdu pour cette population ?

Empêcher les récidives est un volet important dans notre quotidien. La plupart des cas que nous rencontrons dans le milieu carcéral sont emprisonnés à cause des drogues. Certains en consomment, alors que d’autres en vendent. Toutefois, il faut être clair sur un point. Quand la police intervient, elle ne fait que son travail.

Il y a des cas d’anciens détenus qui ont réussi à s’en sortir, à comprendre et à apprendre de leurs erreurs, qui se sont mariés, et qui ont même réintégré le monde du travail.

Vivre dans le milieu carcéral, et les liens qui s’y créent, ne favorise-t-il pas la récidive ?

Oui, cela est fort possible. En tant qu’association, nos moyens sont limités, ce qui limite aussi notre champ d’intervention parfois. Il faut que l’État intervienne, non pas sur le plan sécuritaire seulement, mais sur le plan social aussi. L’objectif devrait être d’humaniser les prisons.

Dans plusieurs cas, d’anciens détenus trouvent du travail, mais les papiers demandés les empêchent d’aller plus loin. C’est dans ce sens que nous bataillons, afin que le casier judiciaire ne soit plus une entrave pour eux, et ainsi, faciliter leur réhabilitation.

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