L’axe Rabat-Bruxelles sera-t-il remis en cause à Strasbourg ?

L’axe Rabat-Bruxelles sera-t-il remis en cause à Strasbourg ?
jeudi 10 juin 2021 - 13:01

Le Maroc a eu, de tous temps, pour principe, une entente cordiale avec l’Union européenne (UE) et ne s’attend pas à ce que cette dernière le condamne dans la crise diplomatique que Rabat et Madrid traversent actuellement et que l’Espagne mordicus, tient à européaniser pour se dégager de quelques actes peu amènes que l’on peut reprocher sans vergogne à ce grand pays d’Europe. Aussi, que le Parlement européen (PE), aujourd’hui, puisse, adopter une résolution (droits de l’homme) le condamnant après que l’Espagne ait fait pression, est du jamais vu dans les relations entre Bruxelles et Rabat.

Le Maroc, de par sa position stratégique, reste un garant de la sécurité du Vieux continent et est un allié nécessaire dans la lutte contre les problèmes transfrontaliers tels que le crime organisé, le trafic, de migrants irréguliers et de drogue, de lutte antiterroriste, du renseignement… La relation est si forte que le Maroc a fait, au fil de l’histoire, de l’UE son partenaire commercial le plus important avec plus de 53% d’importations et près de 67% d’exportations. Au regard de cela, il en ressort que ni l’un ni l’autre n’ait donc, intérêt à entrer en conflit. D’ailleurs malgré maintes frictions dans leur passé, les deux parties ont toujours su jouer de justesse pour l’éviter.

Aujourd’hui, l’Espagne remet cela sur la table parce qu’en réalité il n’est nulle autre crise avec l’UE pour l’heure qu’avec ce pays. Tout avait commencé avec un tweet dans lequel le vice-président du gouvernement de naguère, Pablo Iglesias,  qui disait que l’ONU devrait « s’engager à organiser, sans plus tarder, un référendum libre, propre et impartial pour l’autodétermination du peuple du Sahara occidental… ». Cela a provoqué un froid diplomatique avec le Maroc. On connaît la suite, Iglesias sera exclu du sommet bilatéral de haut niveau prévu à Rabat le 17 décembre et qui ne s’est, du reste, toujours pas tenu. Les relations empirèrent encore plus, quand la ministre des Affaires étrangères, Arancha Gonzalez Laya, pour calmer le jeu déclarait que l’Espagne « ne reconnaît pas la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en tant qu’Etat » mais en parallèle, la bonne dame fit des mains et des pieds pour recevoir son soi-disant président, Brahim Ghali, notoire terroriste, en avril dernier pour des soins dans un hôpital en Espagne.

Plus même, au-devant de la loi espagnole, Exécutif et justice s’accordèrent à exfiltrer le séparatiste « légalement » pour ainsi dire, d’Espagne, comme si de rien n’était. Depuis, les contacts entre les deux pays sont suspendus. Les deux parties chacun à sa manière ont certes, depuis, tenté d’apaiser la tension pour revenir à la normale, mais les coups bas et coups de gueule demeurent, notamment de la part de l’Exécutif espagnol qui a dévoilé au grand jour la stratégie de « l’hypocrisie du sourire ». D’un côté, main tendue et aucun engagement de sanctions ou de formules agressives et de l’autre, pression sur les partenaires communs pour mettre à mal les intérêts du Maroc. Tant et si bien, que ces actes ont déclenché une réaction politique qui a atteint le PE, une enceinte qui, comme le reste des institutions européennes, devrait traiter avec précaution les relations avec Rabat avant que de se prononcer. L’Espagne suppose ainsi que les choses vont continuer à être difficiles avec le Maroc pendant un certain temps. Sanchez se sent fort du soutien de l’UE, à tel point qu’il en envenime la situation dans son propre intérêt, histoire de se redonner un nouveau crédit à l’interne où un électorat toutes couleurs confondues, désapprouve de plus en plus sa politique.

Mis donc, sur le banc des accusés devant le PE par l’Espagne, Rabat a tenté de neutraliser ce facteur, insistant sur le fait que la crise migratoire est un problème bilatéral avec l’Espagne qui n’a rien à voir avec le reste de l’UE. Mais le fait d’en débattre ce jeudi au PE montre que la stratégie marocaine de séparation des intérêts espagnols et européens n’a pas, pour l’instant, donné les résultats escomptés. Qu’à cela ne tienne ! Le Maroc mène une bataille diplomatique depuis des mois et avec l’Espagne et avec l’Allemagne qui veulent remettre en cause la marocanité de son Sahara. En mars , il avait suspendu les contacts avec l’ambassade d’Allemagne à Rabat et retiré son ambassadeur de Berlin mai tout comme l’Espagne avec l’ambassadrice avec Karima Benyaich. Le Maroc ne se satisfait plus de la réponse de ces deux pays à la question de sa souveraineté.

De souveraineté non reconnue justement, l’hypocrisie espagnole voire européenne est poussée à son summum au regard des accords de pêche avec le Maroc. Entre pêcher dans les eaux du Sahara marocain surtout par les bateaux espagnols et en nier la souveraineté, c’est prêcher le faux pour du vrai et ce n’est là qu’un moindre échantillon d’une richesse exploitée à bas prix. Aussi, quel que soit la résolution votée ou pas en ce jeudi à Strasbourg, cela ne devrait pas changer grand-chose à la « bonne entente » et aux bons intérêts entre l’axe Rabat-Bruxelles. C’est un coup d’épée dans l’eau pour l’Espagne.

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