Une affaire de tentative de meurtre motivée par le racisme a créé la polémique en France à cause du silence des officiels. Les Français dénoncent également la passivité des autorités car l’accusé court toujours en liberté et l’accusation d’homicide n’a pas été retenue.
L’affaire de la violente agression et tentative de meurtre motivée par le racisme sur Adil Sefrioui, quadragénaire père de quatre enfants, qui s’est fait percuté par un septuagénaire, a fait le tour du web en France et provoqué l’indignation générale.
La scène de l’agression d’une violence extrême qui a été filmée par Laetitia Sefrioui, l’épouse de la victime, montre un homme âgé de plus de 70 ans, ayant tenté de prendre des photos des enfants de la victime. La mère, depuis son jardin, interpelle cet homme en lui demandant des explications, pendant que le père de famille, Adil Sefrioui, un électricien de profession, retient l’homme qui voulait fuir.
Alors qu’il monte dans sa voiture après avoir proféré des injure racistes contre la victime, et qu’il semblait partir, l’agresseur revient en trombe, monte sur le trottoir et renverse Adil Sefrioui qui rentrait chez lui, devant son épouse et ses enfants qui hurlaient de frayeur.
« Bicot, tu passes sous le capot aujourd’hui! », a lancé l’agresseur, manifestement conscient de ce qu’il a fait, même si son avocat a semblé vouloir faire tourner les faits à l’avantage de son client, en affirmant qu’il souffre de troubles psychiques.
Les faits n’ont pas été qualifiés de tentative de meurtre, et simplement de « violences volontaires avec armes et injures racistes », selon le parquet. L’agresseur sera jugé le 28 mai.
« Abasourdi par l’agression raciste qu’a subit Adil Sefriou et sa famille à Dole. A force de dédiabolisation et de banalisation, les idées d’extrême-droite infusent dangereusement dans notre société. Jouer avec le feu est un jeu brûlant, qui met en danger nos compatriotes », a condamné un internaute.
Abasourdi par l'agression raciste qu'a subit #AdilSefrioui et sa famille à Dole.
A force de dédiabolisation et de banalisation, les idées d'extrême-droite infusent dangereusement dans notre société.
Jouer avec le feu est un jeu brûlant, qui met en danger nos compatriotes.
— Étienne COGNET🌍🌻 (@EtienneCognet) April 29, 2021
L’affaire qui remonte au 21 avril a choqué par la lenteur de la procédure et par la passivité des officiels qui ont pour habitude de condamner les événements anti-républicain et contraires aux valeurs de la France.
Il aura fallu attendre le 29 avril, après que des centaines d’internautes interpellent le chef d’Etat Emmanuel Macron, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, et la ministre déléguée auprès du ministre de l’Intérieur Marlène Schiappa, pour qu’il y ait une réaction du gouvernement.
Choquée par cette attaque raciste gravissime d’une violence inouïe contre un père de famille !
L’auteur est renvoyé devant le tribunal pr violences volontaires avec armes et injures racistes.
Tout mon soutien à monsieur Adil S. son épouse & leurs enfants.https://t.co/563seILN3C— 🇫🇷 MarleneSchiappa (@MarleneSchiappa) April 29, 2021
Il aura fallu également que des médias comme Le Monde et que l’affaire soit médiatisée à la télévision notamment dans l’émission Touche pas à mon poste de Cyril Hanouna qui bat des records d’audience, pour que Marlène Schiappa fasse un tweet, qui fut retweeté par la suite par Gérald Darmanin.
« Choquée par cette attaque raciste gravissime d’une violence inouïe contre un père de famille ! L’auteur est renvoyé devant le tribunal pour violences volontaires avec armes et injures racistes. Tout mon soutien à monsieur Adil S. son épouse & leurs enfants », a déclaré Marlène Schiappa.
Toutefois, avant les réactions du gouvernement, plusieurs députés de différentes régions et toutes tendances politiques confondues (mis à part l’extrême droite) ont condamné cette tentative d’homicide volontaire motivée par le racisme.
« Ce qu’il s’est passé à Dole est extrêmement grave. La violence de la haine raciste a failli couter la vie à un homme. Tout mon soutien à Adil Sefrioui », a écrit Laetitia Avia, députée de Paris, présidente du bureau exécutif et porte-parole du parti présidentiel, En Marche.
Pour plusieurs internautes, les critiques adressées au gouvernement s’expliquent par le traitement médiatique et le degré d’attention qu’il accorde à certains faits d’un côté, et le silence qui a suivi l’agression d’Adil Sefrioui.
« La France, ce pays pas raciste où le président himself, appelle Zemmour, agressé verbalement dans la rue, et où Adil Sefrioui, victime d’une tentative de meurtre à caractère raciste, ne fait même pas la Une des médias », a déploré une internaute.
La France, ce pays pas raciste où le président himself, appelle Zemmour, agressé verbalement dans la rue, et où #AdilSefrioui , victime d'une tentative de meurtre à caractère raciste, ne fait mm pas la Une des médias.
— Papisson White gaucho. (@Papissson) April 29, 2021
Ce reproche fait au gouvernement a été partagé par plusieurs personnes sur Twitter. L’écrivain Fabien Tarlet en a également parlé, en mettant en perspectives l’appel du président Emmanuel Macron au chroniqueur polémique Eric Zemmour visé par des accusations de racisme, et l’affaire d’Adil Sefrioui où l’agresseur n’est placé en garde à vue seulement 5 jours après les faits, et est relâché par la police alors qu’il a tenté de tuer la victime.
« En France, quand Zemmour est insulté dans la rue, le président de la République l’appelle le soir même. Quand Adil Sefrioui est victime d’une tentative d’homicide, son agresseur met 5 jours à passer en garde à vue, reste libre, silence assourdissant de Darmanin et de Macron », a-t-il écrit.
À noter d'ailleurs que l'acte n'a toujours pas été qualifié de tentative de meurtre par la justice. Apparemment, dans ce pays, quand on renverse volontairement un citoyen devant ses enfants après avoir tenu des propos racistes, c'est un malencontreux accident.
— Fabien Tarlet (@FTarlet) April 29, 2021
Et d’ajouter que « l’acte n’a toujours pas été qualifié de tentative de meurtre par la justice. Apparemment, dans ce pays, quand on renverse volontairement un citoyen devant ses enfants après avoir tenu des propos racistes, c’est un malencontreux accident ».