Hausse du prix de l'huile de table : Les consommateurs dénoncent une" action non citoyenne en temps de crise"

Hausse du prix de l'huile de table : Les consommateurs dénoncent une" action non citoyenne en temps de crise"
mardi 23 février 2021 - 14:33

Un nouvel appel au boycott d’un produit alimentaire a été lancé récemment sur les réseaux sociaux au Maroc. Cette fois-ci, le mouvement vise le groupe Lesieur-Cristal à cause de la hausse des prix de l’huile de table en pleine crise sanitaire et économique et l’approche du mois de Ramadan.

Cette hausse, observée depuis déjà deux semaines, est estimée à environ 1,10 DH/litre sur les différentes marques de l’huile de table de Lesieur-Cristal. Une hausse dénoncée par plusieurs Marocains sur les réseaux sociaux qui rappellent au groupe français la conjoncture actuelle que traverse le Maroc avec la pandémie du Covid-19 et les répercussions sur leur pouvoir d’achat.

Un mouvement qui nous rappelle le boycott de trois produits en 2018, et qui a poussé à l’époque les trois sociétés à faire, entre autres, des efforts et revoir leurs grilles tarifaires, en proposant notamment des produits qui répondent aux besoins et pouvoirs d’achat de la clientèle marocaine.

De son côté, la Fédération marocaine des droits du consommateur (FMDC) a condamné cette augmentation non justifiées économiquement.

Joint par Hespress Fr au sujet de cette hausse, justifiée par le groupe Lesieur-Cristal fin 2020 par la hausse des prix des matières premières sur le marché, le président de la FMDC, Bouazza Kherrati, estime que « quelque soit le justificatif du groupe, il ne devrait pas augmenter les prix en cette période de cirse sanitaire ».

« Le secteur alimentaire a gagné beaucoup d’argent pendant la période de confinement jusqu’à ce jour. C’est normal qu’il investisse en période de crise. Mais augmenter d’un seul coup presque 2dh par litre. C’est trop! Le consommateur moyen ou pauvre subit les conséquences d’une mauvaise gestion ou d’une mauvaise politique du groupe« , dit-il.

Avec cette hausse, poursuit Kherrati, « Lesieur nous a ouvert la voie pour discuter d’abord la qualité des produits proposés aux Marocains, mais aussi le rapport qualité-prix des huiles de table vendues au Maroc. Nous considérons à la FMDC cette augmentation comme aberrante. Bien sûr, l’augmentation des prix et la liberté des prix sont garanties par la loi de la concurrence et la liberté des prix. Ils peuvent augmenter le prix s’il le souhaitent, ce n’est pas là le problème. Le problème, c’est quand il y a entente entre les différentes sociétés qui produisent elles aussi de l’huile de table. Si toutes les sociétés se mettent d’accord pour augmenter 1Dh ou 2 Dhs, le même jour, c’est là, une infraction à la loi 104.12 concernant la liberté des prix et de la concurrence« , explique le militant pour les droits des consommateurs.

L’entente et le monopole, deux infractions majeures

Deux infractions ont été commises par le groupe Lesieur avance Bouazza Kherrati. « Le monopole et l’entente« .

Selon lui, quand une société « détient plus de 50% du marché d’un produit, c’est du monopole qui est contraire à la loi n°104-12 relative à la liberté des prix et de la concurrence ».

Aux termes de cette même loi, adoptée en 2014 par le gouvernement d’Abdelilah Benkiran, l’Article 3 explique que « dans les secteurs ou les zones géographiques où la concurrence par les prix est limitée en raison soit de situations de monopole de droit, soit du soutien accordé par l’administration à certains secteurs ou produits à la production ou à la commercialisation, soit de difficultés durables d’approvisionnement, soit de dispositions législatives ou réglementaires, les prix peuvent être réglementés par l’administration après consultation du conseil de la concurrence. Les modalités de leur réglementation sont déterminées par voie réglementaire ».

L’Article 6, lui, indique que « sont prohibées, lorsqu’elles ont pour objet ou peuvent avoir pour effet d’empêcher, de restreindre ou de fausser le jeu de la concurrence sur un marché, les actions concertées, conventions, ententes ou coalitions expresses ou tacites, sous quelque forme et pour quelque cause que ce soit, notamment lorsqu’elles tendent à : 

1. limiter l’accès au marché ou le libre exercice de la concurrence
par d’autres entreprises ;
2. faire obstacle à la formation des prix par le libre jeu du marché en favorisant artificiellement leur hausse ou leur baisse ;
3. limiter ou contrôler la production, les débouchés, les investissements ou le progrès technique ;
4. répartir les marchés, les sources d’approvisionnement ou les
marchés publics ».

Si jamais le Conseil de la concurrence trouve qu’il y a entente et monopole, le président de la FMDC révèle que « les conséquences peuvent atteindre jusqu’à 10% du Chiffre d’affaires du groupe. C’est énorme », dit-il, notant qu’en matière de texte, le Marocain est bien protégé, mais le « Hic c’est l’application de ses textes qui fait parfois défaut ». 

Interrogé sur comment le CC peut intervenir dans ce genre de situation, le président de la FMDC nous explique que « le CC n’évoquera pas le prix puisqu’il est libre. Il devra prouver qu’il y a entente entre les sociétés qui ce sont mises d’accord pour fixer une augmentation, ce qui est contraire à la loi ».

Raison pour laquelle la FMDC « ne dénonce pas l’augmentation, mais l’entente probable et le monopole probable et étant donné que nous vivons dans une période de crise sanitaire et économique et le pouvoir d’achat est arrivé à son plus bas niveau. Ce qui doit être confirmé par le CC ».

« L’informel a été touché, plusieurs Marocains ont perdu leurs emplois, etc. C’est-à-dire qu’il s’agit pour nous d’une action non citoyenne de la part du groupe Lesieur-Cristal, qui est à la base une société française présente au Maroc depuis 1942, d’augmenter les prix en cette période de crise économique et où le Marocain traverse ses jours les plus difficiles« , déplore notre interlocuteur.

La Fédération marocaine des droits du consommateur demande ainsi au Conseil de la concurrence de réaliser « une autosaisine pour étudier ce dossier. Car les associations n’ont pas le droit de recourir au Conseil de la concurrence. La loi 31.08 les bloque et les musèle pour ester que ce soit en justice ou auprès des instances telles que le CC ». 

A noter que Hespress Fr a tenté de joindre le groupe Lesieur-Cristal, mais sans succès .

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