Maroc/Espagne : Madrid souffle le chaud et le froid

Maroc/Espagne : Madrid souffle le chaud et le froid
vendredi 29 janvier 2021 - 10:48

La nouvelle de la reconnaissance, le 10 décembre dernier, par les USA de la pleine souveraineté du Maroc sur la totalité de son territoire saharien, n’a pas vraiment réjoui à Madrid. La ministre espagnole des Affaires étrangères, Arancha Gonzalez Laya (AGL) et son allié d’extrême-gauche au gouvernement, Podemos, ont en effet multiplié les « torsions » pour tenter d’annuler, ou du moins geler, cette décision.

Avec l’avènement de la nouvelle administration US, AGL et consorts, se sont départis du devoir de réserve et de respect mutuel envers un pays voisin, pour mener tambour battant, en apparence mais aussi en catimini, une campagne hostile au Maroc, pour amener l’équipe Biden fraichement installée à la Maison Blanche, à revenir à «la position traditionnelle » des États-Unis concernant « le statut juridique du Sahara occidental et le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et à la liberté ».

La ministre a même clamé haut et fort que l’Espagne « avait aussi des intérêts au Sahara occidental » et « nous sommes en train de mener des démarches auprès de l’équipe Biden pour la sensibiliser à la nécessité de reprise des négociations entre les parties », à savoir le Maroc et le front séparatiste, avec derrière lui, l’Algérie.

Prise de conscience ? Revirement tardif ? Toujours est-il que Madrid semble souffler le chaud et le froid à l’égard du Royaume, en alternant déclarations amicales et coups bas.

En présentant la Stratégie d’action extérieure de l’Espagne pour la période 2021/2024 devant le Conseil des ministres, Laya, également en charge de l’Union européenne et de la coopération, a souligné la nécessité et la pertinence d’aller de l’avant dans la consolidation du dialogue avec les pays de la région maghrébine, plus particulièrement le Maroc.

Elle a ainsi mis en avant, dans le document de 100 pages qu’elle a présenté, l’importance de l’organisation de consultations politiques régulières avec le Royaume et la tenue de réunions de haut niveau.

Le même plan d’action, qui doit être soumis aux deux chambres du Parlement espagnol, plaide pour la mise en place de « plans de coopération spécifiques » avec le Maroc dans les domaines d’intérêt commun.

Dans ce sens, la Stratégie d’action extérieure de l’Espagne pour la période 2021/2024, qui ce faisant, fixe les grandes lignes de la politique extérieure de ce pays ibérique, fait ressortir une grande volonté de l’Espagne, d’exercer une « présidence active » en 2021 du Dialogue 5+5 de la Méditerranée occidentale, ainsi que l’organisation du 5è Forum de l’Union pour la Méditerranée.

Il est également question à cet égard de la promotion du voisinage sud de l’UE et de l’Union pour la Méditerranée figure également parmi les priorités de l’Espagne lors des quatre prochaines années.

Laya a réitéré le même discours ce mercredi lors du Forum Nueva Economia, consacré au débat de l’actualité politique étrangère de l’Espagne. Elle a ainsi affirmé que la « solidité et la maturité » des relations entre l’Espagne et le Maroc, leur permettent d’éviter d’éventuels malentendus.

Pour elle, « les bonnes relations entre les deux pays sont étroites, profondes et solides, et leur niveau de maturité permet de discuter de manière franche et d’éviter tout éventuel malentendu ».

« Je veux mettre en valeur cette solidité caractérisant nos relations qui nous ouvre les voies pour consolider notre coopération dans les domaines économique, social, culturel, éducatif et d’investissement », a-t-elle encore dit.

Cette même volonté de promouvoir la relation et la coopération avec le Royaume, a été exprimée récemment par le chef de gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, qui a insisté sur le caractère stratégique des relations de son pays avec le Maroc, relevant que la prochaine Réunion de Haut Niveau ne fera que consolider davantage le partenariat bilatéral solide.

« Le Maroc revêt une importance capitale pour les intérêts de l’Espagne », a-t-il affirmé lors de la 4ème Conférence des Ambassadeurs espagnols accrédités à l’étranger.

Tout en plaçant le Maroc comme un « pays fondamental » pour les intérêts espagnols, Sanchez a toutefois appelé à « relancer les négociations » sur le Sahara occidental, sous l’égide et la direction de l’ONU.

En fait, de manière épisodique, des dossiers émergent pour semer le trouble dans des relations traditionnellement bonnes.

Du Sahara à l’émigration clandestine, en passant par Sebta et Melilla, les sujets de divergence ne manquent certes pas, mais si le Maroc a toujours fait montre de sagesse et privilégié la voie du dialogue, le voisin du nord, lui, a adopté des politiques vacillantes, au gré des gouvernements en place et des courants qui y dominent.

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