PJD : Benkirane vs Otmani, quand la relation de cheikh à disciple prévaut pour calmer les ardeurs

PJD : Benkirane vs Otmani, quand la relation de cheikh à disciple prévaut pour calmer les ardeurs
vendredi 25 décembre 2020 - 10:50

N’en déplaise à certains PJDistes dont l’espoir de voir le tocsin sonner était d’une évidence au sein du Parti de la justice et du développement, la dernière sortie médiatique de l’ancien secrétaire général, Abdelillah Benkirane, a cherché à calmer les ardeurs de nombre de Frérots en rage contre celui qui l’a remplacé à la tête du PJD et du gouvernement, Saâd Dine El Otmani.

Aussi, Benkirane a tenu un discours où le maître mot fut l’expression « Doula » ou Etat « profond » pour ne pas dire « Makhzen » est apparue à plusieurs reprises lors de son discours de soutien à El Otmani. En réalité Benkirane désignait avec, les intérêts politiques, économiques et sécuritaires de coulisses. Mais cette expression de raison d’Etat est souvent agitée par le PJD lorsque son action gouvernementale se heurte à des résistances ou des difficultés surtout en interne pour apaiser ses bases. Qu’à cela ne tienne, le PJD n’est pas le premier acteur à développer cette méthode intuitive et basée sur la stratégie du raisonnement. Ce coup-ci, ce sont les accords signés avec Israël qui en ont fait les frais.

Autre conclusion que l’on pourrait tirer de l’intervention c’est cette relation de « cheikh à disciple » lisible en seconde lecture et développée tout au long de sa sortie au regard du  pouvoir que Benkirane exerce au sein PJD, en bon « Boudha » du PJD qu’il est et qu’il demeure. Bref, de dires traditionnels à caractère religieux dont le charisme du bonhomme ne se départit pas, les critiques se sont presque tues sans blâme et sans reproche après son intervention « YouTubeuse ». Dans ce contexte, il a été décidé de convoquer pour dimanche prochain une session extraordinaire du Conseil national du PJD », pour discuter des développements politiques liés à la question nationale du Sahara marocain et les développements de la cause palestinienne, pour ne pas dire un éclaircissement de la tendue situation

Ahmed Assid, chercheur en patrimoine religieux, a estimé que « l’organisation de la Fraternité au PJD est soumise à la logique du cheikh et du disciple, qui est liée à une série de concepts patrimoniaux qui incluent l’obéissance, la loyauté, la victoire et d’autres concepts », notant que Benkirane, malgré son exclusion de la vie politique, restait influente dans l’organisation et la gestion de masse du PJD. Assid explique également, dans sa déclaration à Hespress, « Benkirane semble être une victime auprès de adhérents, mais ces derniers se soucient très peu de ses erreurs, cause de son éviction à la tête du gouvernement et du parti, au regard de l’échec à se refaire une santé politique auprès du régime, et bien sûr, aussi la situation générale peu enviée dans laquelle le parti est actuellement plongé en raison du conflit entre les principes énoncés et les contraintes politiques ».

Notre interlocuteur explique que « les orientations générales de la politique du Royaume sont monarchiques tandis que le PJD fait partie du pouvoir exécutif en le chapeautant, soulignant que la position de Benkirane sur la nécessité de ne pas s’attaquer à El Otmani est régie par le pragmatisme politique. Les élections sont en cours et il n’est pas dans l’intérêt du PJD de s’affaiblir en raison de la question de la normalisation avec Israël ». Assid a ajouté que « la position du parti et du mouvement de propagande sur cette question est devenue en marge des décisions de l’Etat et n’a pas rencontré de réponse publique. Par conséquent, Benkirane considérait que la priorité était de penser dans l’intérêt du parti et non de la Palestine, d’autant plus que les Frères craignaient fortement de perdre leurs positions au sein de l’Etat, et que le programme d’«autonomisation» menacé par des conflits internes soit perdu ».

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