Le journaliste algérien Abdelkrim Zeghileche, également directeur de la Radio indépendante Sarbacane, a été relâché après avoir purgé ses six mois de prison pour « atteinte à l’unité nationale » et « outrage au chef de l’Etat ». Mais il n’est pas au bout de ses surprises et pourrait retourner derrière les barreaux dans quelques jours.
Condamné le 24 août en première instance à deux ans de prison ferme et 100.000 dinars d’amende, le journaliste a fait appel de cette décision de la cour et a finalement été condamné le 8 novembre à 1 an de prison dont six mois ferme.
Le cas du journaliste algérien Abdelkrim Zeghileche n’est pas aussi médiatisé que celui de Khaled Drareni, correspondant pour TV5 Monde, mais les deux hommes font partie d’un même groupe de journalistes, opposants, bloggers ou simple citoyens, ayant fait les frais du régime algérien et sa politique de tolérance zéro à toute forme de revendication démocratique.
Abdelkrim Zeghileche a initialement été condamné pour des publications sur Facebook où il a appelé à la création d’un parti politique en pleine crise du Hirak. A cause de cela, il a été condamné pour « atteinte à l’unité nationale » et « outrage au chef de l’Etat ».
« Maintenant, tous les opposants algériens, dès qu’ils parlent, on leur colle une atteinte à l’unité nationale pour les incarcérer », avait déploré en août, son avocat Me Djamel Aissiouane. « Abdelkrim Zeghileche a été condamné à deux ans de prison ferme et à une amende de 100.000 dinars (660 euros). Le dossier est vide. Nous allons faire appel », a-t-il ajouté.
Alors qu’il a été libéré le 23 décembre, aussitôt, le journaliste était attendu pour comparaitre dans deux affaires et il pourrait certainement retrouver la prison encore une fois le 30 décembre, date à laquelle est attendu le verdict.
Seulement quelques heures après sa libération, il a été appelé pour répondre à des accusations retenues contre lui dans deux affaires différentes. Concernant la première affaire, il est poursuivi pour diffmation contre l’ancien wali de Constantine, indique sur Facebook le Comité national pour la libération des détenus (CNLD).
La deuxième affaire concerne sa condamnation initiale, pour « atteinte à la personne de Abdelaziz Bouteflika » et « ouverture de la Radio sarbacane sans autorisation ».
Le recul des libertés en Algérie s’est amplifié avec l’arrivée au pouvoir du président Abdelmadjid Tebboune, élu lors d’un scrutin largement boycotté par la population algérienne. En novembre, le Parlement a adopté une résolution en urgence sur l’Algérie.
Cette résolution « invite instamment les autorités algériennes à garantir l’existence d’un espace de liberté dévolu à la société civile qui permette la tenue d’un authentique dialogue politique et ne criminalise pas les libertés fondamentales ».
Elle critique les nouvelles lois adoptées dans le pays notamment « la modification apportée au code pénal algérien en avril 2020 qui restreint la liberté de la presse, la liberté d’expression et la liberté d’association; invite instamment les autorités algériennes à réviser le code pénal ».
Et appelle le pays a en adopter une nouvelle législation pleinement conforme aux normes internationales qui ne prévoie aucune exception illégale au regard du droit international.