Tigray : l'Ethiopie en guerre contre le séparatisme, l’ONU sonne l’alarme

Tigray : l'Ethiopie en guerre contre le séparatisme, l’ONU sonne l’alarme
vendredi 6 novembre 2020 - 15:26

Avec la crise du Tigré ou Tigray, l’Ethiopie est entrée dans une phase critique de guerre civile, menaçant du coup la stabilité de l’une des régions les plus stratégiques du monde, la Corne de l’Afrique qui se situe à une courte distance du Yémen et du reste de la péninsule arabique. Cette crise est en outre la fracture de l’un des pays les plus puissants et les plus peuplés de l’Afrique de l’Est. 

Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, qui a reçu le prix Nobel de la paix l’année dernière pour des réformes politiques radicales, est confronté aux conséquences les plus graves à ce jour des récents changements de pouvoir dans le pays.

A titre de rappel, la coalition au pouvoir éthiopien a nommé Abiy Premier ministre en 2018 pour aider à calmer des mois de manifestations antigouvernementales, et il a rapidement gagné les éloges – et le Nobel – pour avoir ouvert un espace politique et freiné les mesures répressives dans le pays de quelque 110 millions de personnes et groupes. Tout a débuté au matin mercredi.

Deux choses se sont produites tôt en ce jour. Les communications ont été coupées dans la région dissidente du Tigray (nord de l’Éthiopie) lourdement armée, pendant qu’Abiy Ahmed annonçait qu’il avait envoyé des troupes militaires dans cette région frontalière de l’Erythrée, en réponse à une attaque meurtrière présumée des forces séparatistes de Tigray sur une base militaire que l’on attribue au Front de libération du peuple de Tigré (FLPT). Les deux parties se sont accusées d’avoir déclenché les combats.

Le  (FLPT), dirige la région et il est dans l’opposition depuis 2018. Il est devenu séparatiste depuis que les élections nationales, qui devaient se tenir en août 2020, ont été reportées. Mais le différend date d’avant, le TPLF se sentant de plus en plus marginalisé  s’est retiré de la coalition au pouvoir l’année dernière.

Il a lancé mercredi 4 novembre une attaque contre des bases des Forces de la Défense de l’Ethiopie dans la capitale du Tigré (Mekele), et à Dansha une ville de l’ouest de la région. Plus dangereux encore, le Tigray totalise plus de la moitié de l’ensemble du personnel des forces armées et des divisions mécanisées du pays dans le Commandement du nord, selon un rapport du centre de réflexion International Crisis Group publié fin octobre 2020.

Certains experts ont comparé l’affrontement à une guerre interétatique, avec deux grandes forces bien entraînées et peu de signes de recul. L’Éthiopie est l’une des nations les mieux armées d’Afrique, et le Front de libération du peuple du Tigré a dominé l’armée et le gouvernement éthiopiens avant qu’Abiy n’entre en fonction en 2018.

L’International Crisis Group estime que la force paramilitaire et la milice locale du TPLF comptent quelque 250 000 hommes. Lundi, le leader du Tigré Debretsion Gebremichael avait averti qu’un conflit sanglant pourrait éclater.

Aujourd’hui crainte est que le conflit ne puisse s’étendre à d’autres parties de l’Ethiopie, où certaines régions ont appelé à plus d’autonomie, et où des violences ethniques meurtrière ont conduit le gouvernement fédéral à rétablir des mesures, notamment l’arrestation d’opposants. En réponse à ces craintes, le chef adjoint de l’armée éthiopienne, Birhanu Jula, a déclaré jeudi soir à propos de Tigray : « La guerre s’arrêtera là ».

Certains gouvernements et experts appellent de toute urgence au dialogue sur le Tigray, mais un diplomate occidental de la capitale, Addis-Abeba, déclare que « le message des Ethiopiens est que si vous parlez d’un dialogue, vous assimilez deux parties, or pour le gouvernement, c’est un groupe de renégats ». Le TPLF a déclaré qu’il ne souhaitait pas négocier avec le gouvernement fédéral et qu’il avait demandé la libération des dirigeants détenus comme condition préalable à d’éventuels pourparlers. L’Éthiopie était déjà préoccupée par un différend avec l’Egypte en aval au sujet de l’énorme barrage en voie d’achèvement sur le Nil Bleu. « La renaissance ».

L’opération militaire lancée mercredi par l’armée éthiopienne contre la région dissidente du Tigré, dans le Nord de l’Ethiopie, a des « objectifs clairs et limités », a affirmé vendredi le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, au lendemain de l’utilisation d’une rhétorique guerrière par les deux camps. En attendant les opérations (violents combats) sont en cours dans le Nord de l’Ethiopie et ont principalement lieu le long de la frontière entre les provinces du Tigré et de l’Amhara, longue de 400 kilomètres près de la frontière soudanaise. Selon le Premier ministre, elles « ont des objectifs clairs, limités et réalisables : rétablir l’Etat de droit et l’ordre constitutionnel, et protéger les droits des Ethiopiens à vivre paisiblement où qu’ils soient dans le pays » a écrit M. Abiy sur son compte Twitter.

Des mouvements de troupes ont aussi été observés en provenance des différentes régions éthiopiennes pour renforcer le contingent fédéral aux abords du Tigré. Par ailleurs, trois anciens généraux ont été priés de sortir de leur retraite mercredi pour venir aider l’armée nationale. Pour l’heure, il est difficile de connaître l’étendue des pertes des deux côtés. Difficile aussi d’y voir clair sur le déroulé exact des combats, à cause de la coupure des communications.

Le Tigray est, depuis 1995, une des neuf régions de l’Éthiopie. Son chef-lieu est Mekele. Il jouxte la frontière de l’Érythrée au nord et le Soudan à l’ouest.

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