Autorisation de déplacement: Quand des citoyens sont contraints de verser des pots-de-vin

Autorisation de déplacement: Quand des citoyens sont contraints de verser des pots-de-vin
samedi 26 septembre 2020 - 16:07

Avec l’arrivée de la pandémie du coronavirus, plusieurs business juteux ont fait leur apparition dans la société. Des individus profitent en effet de cette crise sanitaire, qui pèse déjà lourd sur le psychique des citoyens, mais aussi de leur pouvoir pour s’assurer des revenus supplémentaires. Dans le cas des témoignages récoltés par Hespress Fr, ce qui est un droit, est devenu un service payant. 

Depuis l’instauration de l’état d’urgence sanitaire dans le pays, l’autorisation de déplacement de et vers plusieurs villes du Royaume est devenu une obligation. Il faut bien évidemment justifier la cause de ce déplacement auprès des autorités compétentes. Est-ce pour le travail, ou pour voir un médecin ou encore pour une urgence familiale.

Si des citoyens, ayant suivi la procédure en vigueur pour se procurer ce document, n’ont pas été victimes de   « chantage » de la part des agents d’autorité qui ont bien fait leur travail, d’autres l’ont été. C’est le cas de Z.K, commerçant à la métropole.

Son épouse, qui est institutrice, est installé pour les besoins de son travail à Azrou. Il a appris qu’elle était gravement malade et s’est rendu donc chez le Caid pour savoir qu’elle est la procédure à suivre pour se déplacer de Casablanca vers Azrou. A sa grande surprise, le Caid lui demande un montant de 500 dhs pour lui délivrer l’autorisation de déplacement, signée et cachetée par le « Pacha« , sans qu’il n’ait à bouger le petit doigt.

« J’étais choqué par ses avances. Je ne suis pas dupe, je sais que ce type de propositions est fréquent dans les administrations publiques. Mais je ne pensais pas que c’était le cas même en période de crise sanitaire, alors qu’on a d’autres chats à fouetter. De plus, ce Caid me connait très bien, et sait que j’ai dû arrêter mon travail tout au long de la période du confinement et que je n’ai repris que récemment. Maintenant, je ne peux rien faire. Il exige les 500 dhs ou rien. Entre-temps, ma femme est malade toute seule à Azrou et je ne peux rien faire« , nous confie notre interlocuteur.

En désespoir de cause, il a expliqué à l’agent qu’il s’agit d’une urgence familiale et non un voyage d’agrément, mais rien à  faire. Il lui a également rappelé qu’il s’agit là d’un droit et non d’un « extra-service » et qu’il était prêt à écrire à n’importe quel haut service pour justifier les raisons de son déplacement qu’il estime « légitime » malgré la crise sanitaire qui persiste.

« Ce qui me frustre le plus, c’est toutes les histoires que j’ai entendues sur les autorisations de déplacement. J’ai beaucoup d’amis qui ont pu se la procurer rien que pour aller passer leurs vacances en passant un coup de fil, ou en versant des pots-de-vin. Je ne souhaite pas procéder ainsi. Je veux qu’on me dise que mon déplacement est refusé pour telle ou telle raison, au lieu de me demander de donner de l’argent. Je peux faire un test s’il le faut. Je peux remplir tout les formulaires qu’il faut. Mais qu’on me demande de l’argent pour une vraie urgence, c’est inadmissible« , sindigne-t-il.

La même histoire s’est produise avec une architecte de la métropole, qui elle, devait se déplacer à Tanger pour voir sa famille qu’elle n’a pas vue depuis mars. Elle s’est présentée à la Wilaya pour faire sa demande de déplacement. Et là aussi, un agent d’autorité lui demande un « café« . C’est le mot de passe pour dire qu’il faut « passer à la caisse ».

La jeune architecte a fait mine de ne pas comprendre, mais l’agent a insisté. Quand elle lui a dit qu’elle ne voulait pas le faire, et qu’elle préfère attendre ou au pire prendre la route et tenter sa chance avec les barrages, il lui a répondu en rigolant que ce qu’elle refuse de lui donner sur place , elle le donnera  en cours de route.

« Comment peut-on faire avancer notre pays, si on contribue nous-mêmes à son échec. Pour moi, donner un pot-de-vin à un agent d’autorité, c’est lui confirmer mon consentement sur ce type d’acte, qui le poussera à le reproduire encore et encore. Je n’ai jamais +glissé+ de l’argent à quiconque. Si je commets une infraction, je l’assume et la paye, et je fais plus attention la fois d’après. Si j’ai le droit d’avoir un document gratuitement et sans frais de service je fais en sorte de l’avoir. Mais je donnerai jamais un pot-de-vin, même si mes amis n’arrêtent pas de me répéter que c’est comme ça que ça marche dans notre cher pays« , conclut-elle.

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