Cette semaine, la communauté internationale a célébré la Journée internationale de l’alphabétisation dans un contexte où les programmes d’alphabétisation des adultes dans de nombreux pays étaient absents des plans de réponse éducative face à la crise émergente du coronavirus, mettant l’accent sur l’enseignement et l’apprentissage de l’alphabétisation en période de crise due à la pandémie du coronavirus Covid-19 et au-delà, tout en louant le rôle des éducateurs et l’évolution des pédagogies.
Le Maroc, n’a pas échappé aux aléas de la Covid-19 et ses programmes d’alphabétisation ont été perturbés par la pandémie, comme cela a été le cas pour tous les établissements d’enseignement et de formation, puisqu’ils ont été suspendus au même titre que les autres depuis le 16 mars, sauf qu’aucun enseignement à distance n’y a été apporté contrairement aux autres.
Il n’y a pas de pourcentage actualisé sur le phénomène de l’analphabétisme au Maroc, et selon le directeur de l’Agence nationale de lutte contre l’analphabétisme, Mahmoud Abdessamih qui s’est confié à Hespress, « le taux officiel est d’environ 32%, soit l’équivalent de 8,6 millions d’analphabètes, ces statistiques remontent à 2014, date du recensement général de la population ».
Abdessamih a indiqué que le taux s’était néanmoins amélioré depuis 2014 comme en témoigne l’augmentation exponentielle actuelle du nombre de bénéficiaires des programmes d’alphabétisation qui sont menés en partenariat avec les organisations de la société civile et du ministère des Habous et des Affaires islamiques. Au cours de la dernière saison (2019-2020), les statistiques de l’agence -qui est une institution publique sous la tutelle du Premier ministre-, ont indiqué que le nombre de participants aux programmes d’alphabétisation, de post-alphabétisation et d’alphabétisation fonctionnelle dépassait 1,45 million.
Au cours de la saison 2013-2014, le nombre d’inscriptions aux programmes d’alphabétisation était de l’ordre de 621 000, et il a continué d’augmenter d’année en année pour dépasser la barre du million au cours de la saison 2017-2018, enregistrant environ 1,45 million lors de l’exercice précédent.
Abdessamih a déclaré en outre : « C’est un fait avéré, le taux d’analphabétisme a diminué ces dernières années, bien que le taux officiel ne soit pas disponible », ajoutant que « l’agence a une feuille de route qui vise à réduire le taux général d’analphabétisme au Maroc à 20% en 2021 , puis à 10% d’ici 2026 ». Le directeur de l’agence a déclaré que « la pandémie du coronavirus (Covid-19) a affecté les programmes d’alphabétisation au Maroc, car les cours ont été suspendus depuis la mi-mars et aucune formation à distance n’a été approuvée ».
Les cours, ajoute notre interlocuteur « reprendront à partir du 13 octobre, afin de clore la saison en cours qui a été suspendue ».
S’agissant des demandes de projets au profit des associations, Abdessamih a expliqué que « leur lancement se faisait généralement en avril de chaque année, mais en raison de la crise de cette année, ils auront lieu au milieu de ce mois, la nouvelle saison débutant en janvier 2021 ».
Selon les statistiques de l’agence, les femmes constituent le pourcentage écrasant parmi les bénéficiaires des programmes d’alphabétisation, car elles représentent 87% des inscrits pendant la saison de lecture 2019-2020, (milieu rural est représentatif à 57%).
Concernant l’impact de la pandémie du coronavirus (Covid-19) sur la réduction de l’analphabétisme respectivement de 20% et 10% en 2021 et 2026, (objectifs du Maroc), Abdessamih a déclaré: «Il est difficile de dire qu’il n’y aura pas d’effet et en même temps, il est difficile également à mesurer en raison de l’incertitude persistante sur la pandémie ».
L’Agence nationale de lutte contre l’analphabétisme gère trois niveaux d’alphabétisation, le premier couvre tous les segments, tandis que le niveau post-alphabétisation concerne le renforcement des compétences acquises au premier niveau, en plus de la préparation professionnelle. Quant au troisième niveau, appelé alphabétisation fonctionnelle, il concerne les artisans traditionnels, les marins et les agriculteurs pendant une période de deux ans.
Le niveau d’alphabétisation fonctionnelle concerne les industriels, les marins et les agriculteurs, sur la base d’une étude menée dans le cadre du « Millennium Challenge Program », qui a conclu que l’augmentation de la contribution des secteurs productifs au produit intérieur brut (PIB) passe par la lutte contre l’analphabétisme de ses travailleurs.
Selon l’Agence nationale, la philosophie de lutte contre l’analphabétisme au Maroc repose sur l’endoctrinement et l’éducation des bénéficiaires, de diverses compétences de base (lecture, écriture et calcul), en plus des compétences qui facilitent l’intégration dans la vie quotidienne.
