Faible communication du ministère de la Santé: Le droit à l’information est un droit constitutionnel

Faible communication du ministère de la Santé: Le droit à l’information est un droit constitutionnel
dimanche 30 août 2020 - 11:10

Depuis le début de la pandémie du Covid-19 au Maroc, le ministère de la Santé a commencé à communiquer avec les citoyens en les informant au quotidien de la situation épidémiologique (nombre de cas enregistrés, décès, guérisons …). Mais sans pour autant rentrer dans les détails, ou répondre aux nombreuses questions qui les préoccupent. D’autre part, les professionnels du secteur de la santé déplorent eux aussi le manque de communication, ou encore l’indisponibilité de l’information complète dans le but d’analyser correctement la situation épidémiologique dans le pays. 

Dans une analyse sur la communication adoptée par le département de Khalid Ait Taleb pendant cette période de crise sanitaire, le Dr Said Kettani spécialiste en médecine interne, souligne que « le droit à l’information est un droit constitutionnel« .

Il ne s’agit pas ici la communication globale qui a pour objectif d’informer, de sensibiliser et de mobiliser le citoyen, mais certains aspects du volet communication avec les professionnels de santé des secteurs public et privé.

« Le site du Ministère est peu attrayant et n’aide pas à la recherche et à l’acquisition des informations. Quand on accède à la page dédiée aux « Personnels de la santé ». Déjà nous sommes devant une connotation dépassée des ressources humaines ! La dernière mise à jour date du 4 mai 2020. Dans la page « Situation/Covid/AR » on trouve 1 seul bulletin épidémiologique (BE) le n°9 du 6 août, alors que la Direction de l’épidémiologie (DELM) a déjà émis 3 autres BE (N°5 du 11/05/2020, N°6 du 25/05/2020, N°7 du 17/06/2020). Ces BE circulent officieusement entre amis. Certains aspects de ces BE sont très intéressants et ont été excellemment traités. Malheureusement on déplore par fois l’absence de continuité dans l’analyse des données » explique le spécialiste.

Ainsi, le spécialiste en médecine interne, poursuit que lorsqu’un observateur veut comparer les données analysées dans les BE avec les données brutes il se heure à un grand problème. Les données sont inexistantes. « Nous sommes obligés de nous tourner vers « Wikipédia » ou « Worldometers ». Nous trouvons, consignés dans ces sites, les chiffres quotidiens des tests effectués, positifs et négatifs, les nouveaux cas, les guérisons, les décès et les actifs. Malheureusement notre ministère a une communication non transparente et purement verbale« .

Toujours en ce qui concerne les informations partagées par la tutelle avec les professionnels du secteur de la santé, Dr Kettani indique que « chaque jour un(e) médecin lit les statiques journalières plus ou moins complètes ! Même lorsqu’on revient aux anciennes vidéos (sur le web), la date du communiqué n’est pas affichée ! Heureusement certains médias essayent de transcrire les chiffres verbaux ! » dit-il.

Les professionnels de la santé « sont par exemple dans l’impossibilité d’analyser l’évolution journalière des nouveaux cas et des décès liés à la COVID-19 au niveau de la région Souss-Massa et encore plus si nous nous intéressons à la province de Tiznit ! » assure Dr Kettani.

Une circulaire en arabe datant du 16 avril 2020 émanant du secrétariat général du MS, que le spécialiste a pu avoir officieusement à travers des amis, explique l’importance primordiale de la libre circulation de l’information et incite les responsables régionaux et provinciaux à communiquer régulièrement notamment via des pages web spécifiques.

Cette circulaire est restée lettre morte, souligne Dr Kettani, à part une excellente analyse de la situation épidémiologique réalisée par la direction régionale de l’Oriental le 7 juin 2020 (qui circule officieusement entre les médecins !).

Pour comprendre la situation épidémiologique actuelle et la hausse constatée depuis fin juillet, l’interniste indique que nous devons disposer puis analyser plusieurs données nationales et locales. « Car on peut affirmer qu’il y a plusieurs épidémies au Maroc » dit-il, soulignant que certaines régions sont plus affectées par le SRAS-CoV-2 que d’autres.

« Nous devons avoir le nombre de tests réalisés par ville et province, le nombre de tests réalisés chez les malades suspects et les contacts et ceux réalisés au cours du dépistage professionnel. Les données concernant les foyers épidémiques (motif de découverte, signes cliniques des porteurs du virus, conditions de travail, conditions de contamination, respect des consignes de sécurité et des gestes barrière) et leur dynamique sont très importantes pour que nous puissions en faire une lecture critique et en tirer les conclusions adéquates. Un travail préliminaire très intéressant concernant les clusters ou foyers a été réalisé dans le BE N°6 du 25/05/2020″ explique-t-il.

Pour analyser les décès, par exemple, Dr Kettani précise qu’il faut prendre en considération le sexe, l’âge et la santé globale du malade (comorbidités), la gravité de la maladie à l’admission, le délai entre le début des signes cliniques et la première consultation puis l’évocation de la suspicion à la réalisation du test et finalement à l’obtention du résultat.

Sont également à prendre en considération, le lieu de l’hospitalisation et du traitement (à domicile, réanimation, soins intensifs, unité froide), la qualité de la prise en charge et les protocoles thérapeutiques des formes asymptomatiques, paucisymptomatiques et particulièrement des formes graves, le délai entre la prise en charge et la survenue du décès et les critères de recensement des morts.

Dans ce sens, Dr Said Kettani insiste sur le fait que les données brutes nationales, régionales, provinciales et par villes doivent être en libre accès (avec les réserves éthiques mondialement reconnues) pour que tous les scientifiques (et même les citoyens) puissent les analyser pour que chacun puisse contribuer à la compréhension de la situation, le pourquoi des choses et proposer des explications scientifiques à même d’éclairer le citoyen pour qu’il soit acteur et non simple exécutant !

Il se demande ainsi « comment voulons-nous réussir le combat contre le Sars-CoV-2 lorsque les professionnels du secteur libéral et même ceux du secteur public n’ont pas accès à l’information ? Comment vont-ils informer, sensibiliser et mobiliser le citoyen pour comprendre et appliquer les directives en tant que citoyen responsable et acteur participatif et non comme simple exécutant ?« .

En analysant les faits, Dr Kettani estime qu’il est logique de penser que les ressources humaines et matérielles ne sont pas homogènes au Maroc. Il explique que chaque localité a sa propre dynamique évolutive. Les évolutions quotidiennes et mensuelles des nouveaux cas et des décès sont très différentes d’une région à l’autre. Pour une bonne riposte, l’interniste propose que les stratégies, les réponses et les actions doivent être adaptées au contexte local.

In fine, Dr Said Kettani estime que les études scientifiques sérieuses décortiquant les particularités cliniques, biologiques et thérapeutiques permettront de répondre à de multiples questions, soulignant que « la Covid-19 et son virus le SARS-CoV-2 n’ont pas encore révélé tous leurs mystères« .

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