L’économie algérienne est entrée en récession à fin juin et les perspectives pour exercice en cours dans son ensemble sont défavorables. L‘Algérie se doit de pallier à moult insuffisances pour atténuer les effets de la récession dans laquelle est plongée le pays.
En effet, le pays, qui subit de plein fouet les conséquences de l’épidémie et de la crise pétrolière, pourrait connaître une récession de 5,2 % en 2020 (prévisions du Fonds monétaire international (FMI)). Dépréciation du dinar, inflation, entreprises à l’arrêt, nombre de secteurs de services et de transport ont stoppé leurs activités, quand d’autres, voient la leur, ralentie ou paralysée comme ceux, pourvoyeurs de main-d’œuvre et d’emplois, baisse continue des réserves de change, seul rempart contre la fragilité structurelle des comptes extérieurs (réduction de 16,6 milliards de dollars entre fin 2018 et fin 2019), tel est le scénario planté.
Avec toutes ces petites misères qui s’enchaînent, on s’achemine tranquillement et sûrement, si rien n’est tenté entretemps pour redresser la situation, vers le recours à l’emprunt extérieur de l’avis même des économistes. Le président Abdelmadjid Tebboune a déjà exclu de contracter des prêts auprès du FMI et des organismes financiers internationaux, au nom de la « souveraineté nationale ».Auquel cas seul un plan ambitieux bien ciblé et immédiat peut faire contrepoids à l’incertitude croissante parmi les entreprises et les consommateurs alors que les cas de coronavirus augmentent et les perspectives d’un retour à la normale sont bien peu réelles pour l’heure au regard des données de l’ONS.
En effet, l’Office national des statistiques (ONS) a annoncé des chiffres peu reluisants et prêtant à l’inquiétude voire à l’alarme même. L’ONS a indiqué une baisse du PIB de 3,9 % au premier trimestre et un taux de chômage qui pourrait atteindre 15 % en juillet, contre 11,4 % pour l’année 2019. Hors secteur de l’énergie (hydrocarbures), le PIB a baissé de 1,5 % au cours des trois premiers mois de l’année en cours contre une augmentation, de 3,6 % pour la même période lors de l’exercice précédent, selon l’ONS.
Selon le ministre des finances, Aymen Benabderrahmane, les entreprises publiques ont subi des pertes d’environ un milliard d’euros en raison de la crise sanitaire tandis que celles du secteur privé n’ont pas encore été chiffrées. Mais la faillite plane sur nombre de commerces fermés depuis le 19 mars dans le cadre de la lutte contre la pandémie, notamment les restaurants, les cafés ou les agences de voyages qui risquent de déposer le bilan d’un jour à l’autre.
Le Premier ministre algérien Abdelaziz Jarad a admis que « L’Algérie fait face à une situation économique difficile et inédite en raison de plusieurs facteurs : la crise structurelle héritée de l’ère Bouteflika, la chute des cours des hydrocarbures et enfin la crise du coronavirus ». L’économiste Abdel-Rahman Matboul a prédit que « les réserves de change vont baisser à 37,21 milliards d’euros, contre des estimations initiales de 43,44 milliards d’euros », tandis que Mansour Kedidir, professeur associé à l’Ecole supérieure d’économie d’Oran souligne que « Le pays sera mis sous séquestre. La boîte de Pandore s’ouvrira et tous les démons sortiront de terre : les émeutes, l’irrédentisme et l’extrémisme religieux ».