Chirurgie esthétique: Obligation de résultat, risque zéro...Dr. Wafaâ Mradmi explique tout

Chirurgie esthétique: Obligation de résultat, risque zéro...Dr. Wafaâ Mradmi explique tout
mardi 23 juin 2020 - 12:42

Le décès d’une jeune femme de 32 ans dans une clinique « réputée » de la capitale le 17 juin dernier, suite à une chirurgie esthétique ( liposuccion), suscite encore de nombreuses interrogations.

La famille de la défunte a donné l’alerte sur son décès et exprimé sa colère dans un poste Facebook quant aux conditions de l’acte chirurgical, tout en estimant que « la chirurgie esthétique est tenue à une obligation de résultat », tandis que d’autres avancent que lors d’une chirurgie plastique le « risque est de zéro ».

Autant d’informations qui méritent d’être confirmées (ou infirmées) par un spécialiste en la matière pour lever toute confusion chez l’opinion publique. Contactée par notre rédaction, Wafaâ Mradmi, chirurgien esthétique et présidente de la Société Marocaine des chirurgiens esthétiques et plasticiens (SOMCEP), a exprimé avant tout sa « tristesse » quant à cette tragédie.

« Nous avons tous été attristés, et là je vous parle en tant que personne, en tant que médecin, en tant que chirurgien et en tant que présidente de la SOMCEP. En leurs noms à tous, nous avons été extrêmement peinés. Peinés par le drame, la tragédie et le chagrin que doit vivre la famille », a-t-elle affirmé

Concernant les propos qu’avance la famille sur le fait que le chirurgien esthétique est tenu par « l’obligation du résultat », la spécialiste nous assure qu’il s’agit là d’une «  grosse fausse information que les gens ont dans leur tête ».

« Nous n’avons pas d’obligation du résultat. Nous avons ce que nous appelons une obligation de moyens renforcés, car tous les corps ne se ressemblent pas », dit-elle.

Par contre ce qui est très important en consultation, nous assure la spécialiste, est que le « chirurgien doit expliquer à la patiente, malgré ses attentes qui pourraient être assez incohérentes voire irréalistes, que par rapport à sa situation et à la quantité de la graisse, par rapport à sa peau, par rapport à sa stature et par rapport à beaucoup de choses, nous pouvons avoir tel ou tel résultat, et que nous promettons d’offrir tout ce qui est en notre possession en matière de compétence et de technicité pour aboutir à ce résultat ».

Elle assure ainsi que dans sa spécialité, les médecins sont tenus par « une obligation de moyens renforcés », en ce sens que « l’obligation de résultat n’existe pas ».

«  Vous savez très bien que l’esthétique est quelque chose qui peut être subjectivement perçue. Vous pouvez venir me demander une rhinoplastie parce que vous avez une déviation de cloison nasale, parce que vous avez une bosse ou autres. Et je vais vous corriger vos défauts. Je vais vous dire oui, je vais remettre votre cloison à sa place, je vais vous enlever la bosse et je vais légèrement vous retrousser le nez. Mais les attentes que vous avez dans votre esprit, malgré le fait que moi j’ai exercé et j’ai pratiqué exactement une rhinoseptoplastie dans les pures règles de l’art, ça ne va pas vous plaire parce que ce n’est pas ce que vous avez imaginé », nous explique Dr. Mradmi. 

Le risque 0 n’existe pas en chirurgie

Encore une fois, elle revient à la consultation, et insiste sur son importance, expliquant ainsi qu’il faut « absolument que le médecin explique au patient, lors de la consultation, ce à quoi il peut arriver à partir de ce qu’il y a ».

Interrogée sur la deuxième information qui circule à savoir qu’en chirurgie esthétique il y a le risque zéro. Dr. Mradmi fait savoir que « la logique même, veut que quand il y a le mot chirurgie, il y a le mot anesthésie, ce qui veut dire qu’il n’y a pas de risque zéro ».

 «Il n’y a pas de risque zéro, même en chirurgie locale », insiste-t-elle.

«On peut avoir un choc anaphylactique, qui est une réaction à l’anesthésie purement locale, dans le cabinet d’un dentiste juste pour le soin d’une carie et c’est déjà arrivé. Et du coup, la personne peut décéder dans un cabinet de dentiste. Alors, quand on est en chirurgie qui implique l’anesthésie, le risque zéro n’existe pas et n’a jamais existé. Et le chirurgien quel qu’il soit, plasticien ou autre, qui dirait à une patiente : je vais vous anesthésier et vous ne courrez aucun risque, n’a pas le droit de prononcer cette phrase. C’est de la médecine comme toutes les autres, et c’est de la chirurgie comme toutes les autres. D’ailleurs, c’est la première question que nous posent les patients, à savoir est-ce qu’il y a zéro risque en anesthésie. On leur dit non, il n’y a jamais de risque zéro et on insiste sur ça lors de la consultation », explique la spécialiste. 

De même, la présidente de la SOMCEP nous assure qu’il n’y a « aucune loi, que ce soit au niveau médical ou juridique, ni aucun texte au Maroc qui dit que le risque est de zéro lors d’une chirurgie esthétique, ou qui dit que la chirurgie plastique, et plus exactement la chirurgie esthétique, a une obligation de résultat ». 

Notre interlocutrice insiste pareillement sur le fait qu’il ne faut pas confondre risque zéro dans la chirurgie avec l’obligation de résultat, « car ce sont deux choses différentes ». 

Il n’y a pas « une anesthésie qui ne représente pas de risque, qu’elle soit locale ou locale régionale, qui se fait pendant la césarienne, ou l’anesthésie générale où vous êtes entièrement endormi et vous êtes sous respirateur etc », nous dit Dr Mradmi.

Et d’ajouter: « à chaque fois qu’on introduit une anesthésie quelle qu’elle soit, il y a un risque. Et ça, croyez-moi, nous l’expliquons systématiquement à nos patientes. Parce que justement, il y a beaucoup de méconnaissance par rapport à la chirurgie esthétique. Les gens pensent que dans la chirurgie esthétique, comme il y a le mot esthétique, c’est que c’est bénin, et que c’est un peu plus que d’aller dans un salon de coiffure, alors que non. Ce sont de vraies anesthésies, parfois plus au moins longues, plus au moins compliquées avec des fois des saignements. C’est de la chirurgie, nous ouvrons, nous découpons nous suturons pour remodeler, aspirer et donc il n’y a pas de risque zéro ». 

« Aucun chirurgien, de n’importe quelle spécialité, n’a le droit de dire à ses patients qu’il n’y a pas de risque en anesthésie », lance-t-elle

Le cas Imane Bensmina

Pour revenir au décès de la jeune femme de Rabat, dont la famille a engagé une procédure judiciaire, contre le médecin et la clinique privée, Dr. Mradmi nous explique que « quand il y a décès, c’est une tragédie et un drame auusi bien pour la famille que pour le médecin. Nous ne minimisons jamais les décès ».

«Aucun médecin, qui a prêté serment, ne décide de tuer des vies, mais dans tous les métiers on peut trouver des dérives. Mais quand vous me parlez de ce décès en particulier, nous savons qu’à côté de ce genre de tragédie, il y aura toujours de mauvaises interprétations. Effectivement, la famille a besoin de comprendre tout ce qui n’est pas normal, et c’est leur droit absolu », avance la spécialiste. 

Cependant, et « pour l’instant », Dr, Mradmi nous explique qu’« honnêtement », et en tant que médecin et chirurgien, elle a entendu parler de ce décès comme tout le monde, mais « il n’y a encore aucune information précise quant aux circonstances peri-interventionnelles».

« Personnellement j’ai entendu beaucoup d’histoires sur ce décès. Déjà sur le type de l’intervention j’ai entendu tout et son contraire. Après, dans quel cadre est rentrée la patiente ? Pour quel type d’intervention, est-ce qu’elle avait des pathologies associées, est-ce qu’il s’est passé quelque chose au courant de l’intervention, est-ce qu’il s’est passé quelque chose à la fin de l’anesthésie ? On n’a pas ces informations et donc, on ne peut pas se prononcer sur ce décès sur la base de dires », nous assure le chirurgien. 

Concernant, si oui ou non le patient, avant de subir une chirurgie esthétique, doit signer un document, Dr. Mradmi confirme cela et nous explique « qu’il est habituel, quasiment dans tous les types de spécialités chirurgicales, pas seulement l’esthétique, où il y a anesthésie donc il y a risque, et dès qu’il y a chirurgie, il y a complication. D’ailleurs, toutes les chirurgies sont émaillées de complications».

« Je n’ai pas pu parler au chirurgien en question, donc je me refuse de même lire ni commenter ce qui se dit actuellement sur les différents réseaux sociaux. Il n’y a pas eu de communiqué de la part de la clinique ou du médecin. Donc je peux pas me permettre d’émettre des spéculations. Une fois que nous aurons des informations avérées, qui pour moi doivent sortir de la bouche du praticien, et de la bouche du directeur de la clinique et de l’anesthésiste, nous pourrons essayer de comprendre sur la base de vraies informations » conclut Dr. Wafaâ Mradmi.

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