Trois soldats indiens ont été tués lors d’un affrontement avec les forces chinoises au Ladakh dans la région contestée du Cachemire. Ce sont les premiers décès dans cette zone frontalière contestée depuis au moins 45 ans. Cet incident fait suite à la montée des tensions militaires entre les deux puissances nucléaires. L’armée indienne a déclaré que de hauts responsables militaires des deux camps se « rencontraient pour désamorcer la situation », ajoutant que dans les deux camps il y avait des victimes.
Un porte-parole de l’armée indienne a déclaré que les morts étaient un officier et deux soldats. La Chine n’a confirmé aucune victime, mais a accusé l’Inde d’avoir franchi la frontière dans la vallée de Galwan. Pourtant, l’Inde et la Chine avaient annoncé avoir trouvé « un accord consensuel » mercredi 10 juin à propos du différend qui les oppose depuis début mai sur le tracé de leur frontière dans l’Himalaya. Après plus d’un mois de démonstration de force, les deux puissances d’Asie avaient cédé à la raison en demandant à leur armée respective de s’en tenir au statu quo, sur la ligne de cessez-le-feu de 1962 qui sépare le Tibet du Cachemire. Diplomates et militaires indiens et chinois avaient convenu de respecter le “statu quo” de l’époque, lors de leurs pourparlers qui ont duré plusieurs jours. Les deux pays s’étaient accordés sur le recul de leurs troupes respectives le long de la ligne de contrôle actuelle (LAC) dessinée en 1962 au terme de la guerre qui les avait opposés, dans cette province située entre le Tibet et le Cachemire, indique un média hindou.
Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian, a déclaré que l’Inde avait franchi la frontière à deux reprises lundi, provoquant et attaquant du personnel chinois ce qui a engendré de graves affrontements physiques entre les forces frontalières des deux côtés, a rapporté l’agence de presse AFP. Les deux parties insistent sur le fait qu’aucune balle n’a été tirée depuis quatre décennies, ce que l’armée indienne a confirmé mardi « aucun coup de feu n’avait été tiré » lors de cette escarmouche. La dernière fois que les deux parties ont échangé des coups de feu le long de la frontière, c’était en 1975, lorsque quatre soldats indiens ont été tués dans un col éloigné d’un Etat du nord-est de l’Inde.
Les médias locaux en Inde ont rapporté que les soldats indiens avaient été « battus à mort » mais il n’ y a eu aucune confirmation de la part des militaires. L’affrontement survient au milieu des tensions croissantes relevées entre les deux puissances (2 plus grandes armées du monde), le long de la frontière ces dernières semaines. Pour sa part, l’Inde a accusé la Chine d’avoir envoyé des milliers de soldats dans la vallée de Galwan au Ladakh et affirme qu’elle occupe 38 000 kilomètres carrés de son territoire. Plusieurs séries de pourparlers au cours des trois dernières décennies n’ont pas permis de résoudre les différends frontaliers. Jusqu’à présent, les deux pays n’ont mené qu’une seule guerre, en 1962, lorsque l’Inde a subi une défaite humiliante.
En mai dernier, des dizaines de soldats indiens et chinois en sont venus aux mains lors d’affrontements physiques à la frontière dans l’État du Sikkim, dans le nord-est du pays. En 2017, les deux pays s’étaient affrontés également physiquement dans la région, après que la Chine ait tenté de prolonger une route frontalière à travers un plateau contesté. Faut croire que les routes soient les principaux sujets de discorde. La construction par l’Inde d’une nouvelle dans la zone la plus reculée et la plus vulnérable le long de la région LAC au Ladakh a rendu dernièrement Pékin furieuse. En effet, cette infrastructure routière pourrait renforcer la capacité de Delhi à déplacer rapidement des hommes et du matériel en cas de conflit. L’Inde conteste également à la Chine une partie du Cachemire – une région himalayenne ethniquement diversifiée couvrant environ 140 000 km² – avec le Pakistan.
Quel que soit le résultat ou les conséquences de cet incident, d’aucunes estiment qu’il devrait nourrir une nouvelle vague de sentiments anti-chinois en Inde. Du tout bon pour le Premier ministre indien Narendra Modi et son gouvernement, qui peinent à contenir une vague d’infections Covid-19 et à relancer une économie qui semble se diriger vers la récession.
