Le Brésil dépasse désormais le Royaume-Uni en nombre de morts du coronavirus avec 41 828 décès recensés depuis le début de l’épidémie contre 41 566 pour la Grande-Bretagne selon les chiffres de l’Université Johns Hopkins. Dans les dernières 24 heures, 909 décès ont été comptabilisés au Brésil. Le plus grand pays d’Amérique latine, (212 millions d’habitants), est également le second pour le nombre de contaminations enregistrées derrière les Etats-Unis, avec 828 810 cas pour 2 048 986 cas chez l’Oncle Sam.
Des chiffres contradictoires de médias brésiliens indiquent pour leur part que, ce sont 1242 personnes mortes en 24 heures au Brésil contre 202 au Royaume-Uni. Le quotidien O Dia, avance qu’en tout, ce sont 42 161 personnes qui ont succombé à l’épidémie avec plus de 843 000 cas identifiés. Ce n’est pas vraiment une surprise. Seuls les Etats-Unis présentent un bilan plus lourd. Le nombre de contaminations n’est pas en reste et il est même estimé largement en dessous de la réalité. Une étude de l’université de Pelotas, citée par Bloomberg, estime que pour un cas confirmé, six autres ne sont pas recensés. La situation est telle que l’organisation mondiale de la santé a fait part vendredi d’une « inquiétude grandissante », remarque The Independent. L’ensemble des Etats au Brésil sont affectés a déclaré Mike Ryan, le directeur des questions d’urgence sanitaire à l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Selon lui, « le système de santé n’est pas totalement saturé, mais dans certaines régions il y a une forte pression sur l’occupation des lits de soins intensifs. »
La gestion de la pandémie a pris un tour hautement politique au Brésil. Le président brésilien d’extrême droite Jair Bolsonaro, qui minimise la pandémie depuis le début et prône la reprise des activités économiques, a suscité un tollé après avoir demandé jeudi soir à la population de filmer des hôpitaux pour vérifier leur occupation, mettant en doute le manque de respirateurs et de lits en soins intensifs dénoncés par les soignants. L’illustration de ses dires ne s’est pas faite attendre avec l’invasion vendredi d’un hôpital de Rio de Janeiro pris pour cible. Plusieurs personnes ont envahi des salles réservées aux médecins et aux patients, donnant des coups de pied dans les portes, volant des ordinateurs et hurlant qu’elles voulaient vérifier que les lits étaient bien occupés. Toujours à Rio, la célèbre plage de Copacabana a été transformée en faux cimetière par des militants de l’organisation Rio de Paz.
Jair Bolsonaro a également accusé les gouverneurs et maires de surestimer le nombre de cas pour obtenir plus de financement fédéral et critiquer le gouvernement. Les gouverneurs en question ont écrit une lettre ouverte, publiée notamment par le Correo braziliense, déclarant que « ce n’est pas en envahissant les hôpitaux que le Brésil vaincra la pandémie ».
Mais Bolsonaro a toujours reproché aux médias une forme « d’hystérie », souligne la BBC, multipliant les « démonstrations publiques d’irrévérence » alors même que son pays « enterre ses morts dans des fosses communes en Amazonie et que les hôpitaux sont au bord de l’effondrement dans certaines régions ». A l’instar de Donald Trump, le dirigeant brésilien juge les conséquences d’une quarantaine « pires que les effets du virus ».
