Les Etats-Unis ont dépassé le triste cap des 100 000 décès causés par le coronavirus (Covid-19) tandis que le bilan mondial fait état de plus de 358 000 morts. Pour ce tragique événement et à cinq mois de la présidentielle, les médias américains ont plutôt pris en grippe Donald Trump et ont mis l’accent sur la barre symbolique des 100 000 morts, franchie la veille au soir selon le compte de l’université Johns-Hopkins référence en la matière.
Ce chiffre barrait, jeudi 28 mai, toute la une du Washington Post. Les Etats-Unis compte au soir de cette journée 1 715 811 cas attestés (+ 13 066 lors des dernières 24 heures) et 101 337 décès (+763 lors des 24 heures passées). D’aucuns ont imputé la première responsabilité de ce drame à la gestion de crise à tâtons de la Maison-Blanche qui a été prise au dépourvue par la pandémie. Donald Trump minimisant le danger, prenant souvent le contre-pied des scientifiques jusqu’à préconiser des médicaments plus dangereux que bénéfiques.
Ainsi, aux USA, le pays le plus touché en valeur absolue, en moyenne, 1 400 personnes sont mortes quotidiennement du Covid-19 dans le pays au mois de mai, contre 2 000 décès quotidiens en moyenne en avril, d’après les statistiques fournies par les Etats et les comtés. Selon de nombreux experts, ces chiffres pourraient toutefois être sous-estimés. « Nous venons de franchir une étape très triste avec le décès de 100 000 personnes imputé à la pandémie liée au coronavirus », a réagi le président Donald Trump sur Twitter. « A toutes les familles et amis de personnes décédées, je tiens à exprimer mes sincères condoléances et mon amour pour tout ce qu’ils représentaient et représentent. Dieu soit avec vous ». « Partout dans le monde, le coronavirus, un très mauvais « cadeau » de la Chine, avance », écrit-il dans un autre tweet. C’est une contre-vérité puisque la pandémie régresse depuis plusieurs semaines en Asie et en Europe et à un degré moindre, même aux Etats-Unis.
Les médias américains ne l’ont pas vu de ce même œil. « Tous ces gens n’avaient pas à mourir. Le bilan du Covid-19 est en lui-même un jugement terrible sur la réponse de Donald Trump », a cinglé un journaliste de CNN tandis que le site d’investigation The Intercept accusait, « il y a 100 000 morts et Trump a leur sang sur les mains ». Quant au Post, il soulignait l’inhabituelle discrétion présidentielle signe d’une totale absence d’empathie. « Son programme ne prévoit aucune commémoration spéciale, aucun moment de silence, aucun partage de la douleur ».
Pour CNN la seconde tragédie du jalon sombre du coronavirus (Covid-19) aux Etats-Unis, au-delà du fait que le bilan désespéré soit passé à six chiffres mercredi après-midi, est « que personne ne sait combien de personnes périront avant que la pandémie ne se termine ». Le virus infecte de manière disproportionnée les communautés de couleur. Les Américains noirs représentent 13,4% de la population américaine, selon l’US Census Bureau, mais les comtés avec des populations noires plus élevées représentaient plus de la moitié de tous les cas de Covid-19 et près de 60% des décès à la mi-avril selon une étude d’épidémiologistes et de cliniciens. Aux victimes on inclut également le collatéral à la maladie en elle-même, à savoir ces plus de 30 millions d’Américains dont les moyens de subsistance ont disparu dans l’effondrement le plus dramatique de l’histoire économique américaine.
Les experts ont déclaré que le nombre de morts aurait pu être moindre si le gouvernement et le système de santé avaient été prêts. « Beaucoup de ces décès auraient pu être évités, désormais nous devons prévenir cela à l’avenir » ajoute CNN. « Donald Trump a longtemps tergiversé d’où une perte de temps fatale entre la fin janvier et l’annonce à la mi-mars d’une initiative de confinement de 15 jours pour ralentir la propagation ».
