Depuis quelques années déjà, plusieurs Marocains ont opté pour les vacances à l’étranger, notamment en Espagne, soutenant qu’avec un même budget, voire moins, ils ont droit à une meilleure qualité de prestations, comparé à l’offre nationale « hors de prix », proposée par les hôtels, auberges ou encore les maisons d’hôtes.
Côté chiffres, il s’agit de milliards de dirhams transférés chaque année vers l’étranger par des Marocains qui y vont pour des vacances ou autres, et dont le Maroc ne profite pas, car aux yeux des usagers, ont plusieurs publient leurs témoignages sur les réseaux sociaux, l’offre nationale en matière de tourisme est « médiocre » , et la qualité des services laisse à désirer.
Mais avec la crise sanitaire liée au Covid-19 et la fermeture des frontières, les professionnels du tourisme, notamment les hôtels et auberges, n’auront pas d’autre choix que de revoir leurs tarifs à la baisse pour encourager le tourisme national et attirer les Marocains vers leurs structures, qu’ils avaient boycottées, en grande partie et depuis des années déjà.
Selon Zoubir Bouhout, Directeur du Conseil Provincial du Tourisme à Ouarzazate, la baisse des prix au niveau des établissements hôteliers et auberges, « n’est plus un choix mais une nécessité ».
C’est une nécessité pour deux raisons, poursuit-il, dont la plus importante est que cela permettra au secteur du tourisme de survivre et de récupérer, après la perte de près de 64 milliards, durant la période de crise sanitaire qui dure depuis déjà 3 mois.
“Là, les frontières du Maroc et même au niveau international sont fermées. En plus, chaque pays cherche à garder ses citoyens. Maintenant il faut qu’il y ait un effort considérable de la part des professionnels du secteur et des promoteurs en faveur du consommateur marocain. C’est-à-dire, qu’il y ait une baisse conséquente des prix, en plus des mesures de sécurité sanitaire qui doivent être prise au préalable, pour que chaque citoyen marocain qui souhaite voyager, le fasse en toute tranquillité et en sachant que l’établissement où il va loger respecte les normes sanitaires« , explique ce professionnel du secteur.
Et de faire savoir qu’il y a un référentiel sanitaire destiné au secteur du tourisme qui est en cours de préparation.
Toujours sur la question de la baisse des prix, Bouhout estime qu’il y a une unanimité au niveau national sur ce point. “Il qu’il y a une classe moyenne qui se dirige chaque été ou même en milieu d’année, pour passer les vacances à l’étranger. En 2019, les Marocains ont dépensé quelque 20 milliards de dirhams. Sur 10 ans, c’est 125 milliards. Le chiffre n’a cessé d’augmenter de 2010 à 2019« , nous explique-t-il.
D’autre part, estime le Directeur du CPT d’Ouarzazate, « si cet argent était investi au Maroc, le secteur se porterait plutôt bien ».
« Déjà, fait-il valoir, la balance des paiements du Maroc est actuellement impactée, la balance de l’exportation a baissé, et les exportations du phosphate, c’est en fonction de la reprise. Les importations vont augmenter, ce qui donnera suite à un besoin en devise, et on a besoin de blé à cause de la sécheresse et ça coûte de l’argent”.
Ce professionnel du tourisme estime que les promoteurs et professionnels de l’hébergement doivent faire un geste « ne serait-ce que vis-à-vis de l’économie locale, en lui donnant un coup de pouce, sauver les emplois et puis participer au rééquilibrage de la balance des paiements qui risque de s’effondrer« .
Interrogé sur une date probable d’une réouverture des hôtels et auberges et d’une reprise de l’activité avec l’arrivée de l’été, notre interlocuteur nous assure qu’il n’y a toujours aucune visibilité.
“Les établissements et les professionnels du secteur se préparent, et préparent également des offres. Mais tout dépend de la situation épidémiologique au Royaume. La dernière décision de reprise revient aux ministères de la santé et de l’intérieur. C’est vrai que l’Office national du tourisme a fait des capsules sur les chaînes nationales “3la mantlakaw” qui montrent des très beaux spots du Maroc, mais si après le déconfinement, il n’y a pas de transport entre les villes à quoi bon de se préparer? », avance-t-il.
