Driss Effina: "Le Maroc doit prendre un risque" en déconfinant la population

Driss Effina: "Le Maroc doit prendre un risque" en déconfinant la population
vendredi 15 mai 2020 - 11:32

Le professeur Driss Effina, vient de publier une étude statistique sur la situation sanitaire au Maroc comparée à plusieurs autres pays. L’économiste propose une stratégie nationale pour le déconfinement de la population afin de sauver l’économie du pays. 

Joint par Hespress FR, le professeur à l’Institut National de statistique et d’économie appliquée qui est par ailleurs, Président du centre indépendant des analyses stratégiques, est revenu sur les raisons de son étude.

« J’ai publié ce travail pour faciliter la tâche aux décideurs afin qu’ils puissent prendre une décision, sans crainte, sur la base d’un benchmark international, sur la base de nos données mais aussi sur la base de ce qui s’est passé dans les pays qui ont imposé un confinement et ceux qui ne l’ont pas fait« , a-t-il indiqué.

Pour l’économiste, le Maroc se trouve dans une situation favorable à la reprise de son économie. En ce sens, il propose un retour à la normale en deux étapes sur la base d’un découpage selon les secteurs et activités économiques.

La situation du Maroc moins alarmante…

« Le Maroc étant donné sa situation en termes statistiques, les cas que nous avons eu, nous mettent dans une catégorie de pays les moins touchés dans le monde, cette pandémie pour le Maroc c’est un phénomène rare en termes statistiques. Nous sommes à des taux très faibles« , a-t-il affirmé.

Et d’assurer: « J’ai aussi développé un nombre d’indicateurs stratégiques sur lesquels ils faut construire notre décision. et j’ai fait la même chose pour l’Allemagne, et j’en ai conclu que nous sommes dans une situation plus confortable que celle de l’Allemagne. Evidemment il y a des différences en termes de systèmes sanitaires, il y a des choses favorables pour le Maroc et d’autres défavorables, mais globalement en se basant sur les chiffres, nous sommes dans une situation moins alarmante que l’on peut le croire« .

En ce sens, le professeur a insisté sur le fait que le Maroc devrait « prendre une décision » faisant référence au déconfinement de la population, un retour à la vie normale et en cohabitation avec le virus.  » Les scientifiques, les professionnels de la santé, ont peur que la situation ne se complique. C’est normal parce qu’ils ne réfléchissent que dans l’idée d’avoir un coronavirus égal à zéro. Cette situation on ne va jamais la trouver« , a-t-il estimé.

Driss Effina considère par ailleurs que si l’on continuait à attendre que ce chiffre de « zéro infection » arrive, « on risque d’avoir des problèmes plus graves que la situation de la pandémie en elle-même ».

L’ensemble des secteurs peut revenir à la normale

« Donc pour moi, il faut prendre un risque. Dans cette pandémie, il y a une équation très complexe, il y a des enjeux, et après les avoir analysés, je dis qu’il faut prendre un risque. On ne doit pas rester dans cette situation où on a les bras croisés », dit-il, alertant sur les conséquences économiques que cela pourrait représenter.

Pour lui, et après avoir analysé les statistiques de plusieurs pays, « le Maroc peut aujourd’hui cohabiter avec le virus ». « Évidemment pour passer à cette situation, il faut, comme observé chez les autres pays, mettre en place des des dispositifs sanitaires pour chaque secteur » d’activité. Les secteurs ne sont pas tous les mêmes, il faut donc mettre en place des protocoles sanitaires pour chacun d’eux en fonctions de leurs particularités pour protéger les gens« , ajoute l’universitaire.

« Pour moi, l’ensemble des secteurs peut revenir à la vie normale sauf les rassemblements qu’il faut décaler« , et cela pourra « minimiser les dégâts » et relancer l’économie, poursuit Driss Effina.

Prenant pour exemple la situation actuelle dans les rues marocaines où l’affluence grandissante des citoyens est remarquée, « beaucoup de gens sont à l’extérieur », affirme l’universitaire qui, estime que les petits commerces et petites activités organisées comme les vendeurs de vêtements, les drogueries, peuvent également reprendre leurs activités en suivant des règles sanitaires sur le modèle des boulangeries et autres commerces de vente de produits d’alimentation.

« Certaines entreprises et activités sont handicapées par des secteurs qui sont en arrêt« , ajoute notre interlocuteur qui estime que ces activités veulent reprendre le travail. « Malheureusement, déplore-t-il, la demande est faible parce que les secteurs qui se trouvent sur leur chaîne de valeur sont aujourd’hui fermés« , comme le secteur de la distribution des hydrocarbures, qui est actuellement « en situation difficile parce qu’une grande partie du secteur du transport est en arrêt ».

11 milliards de dhs de perte dans les BTP

D’autres secteurs peuvent reprendre dès demain, selon l’analyste, à l’instar de celui de la construction. « Tout ce qui est grand chantiers de l’Etat marche et continue, mais tout ce qui se rapporte à la construction de logements qui fait travailler une population importante qui se trouve dans l’informel est à l’arrêt, tout cela parce que les drogueries sont fermées, les distributeurs de ciments dans les quartiers sont à l’arrêt« , indique notre interlocuteur.

« Il faut débloquer cette chaîne », ajoute-t-il, affirmant que la densité de travail dans ce secteur serait « faible » et que le Maroc a réussi à améliorer son dispositif sanitaire (fabrication de masques, de respirateurs artificiels…).

Et de souligner, « d’après les calculs que j’ai fait entre mars et fin avril, on a eu un manque à gagner de 11 milliards de dirhams qu’on a perdu comme ça dans l’arrêt des chantiers de construction« . La consommation de ciment a baissé de 56%, fait-il remarquer en ce sens.

« Je ne pense pas qu’il faut avoir cette crainte », de ré-autoriser les petits chantiers de rénovation, d’extension, et de construction de logements », relève encore Effina, ajoutant que cela permettra de « sauver une partie importante de la population qui travaille dans ce secteur-là ».

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