Confinement et jeûne, ou comment les Marocains ont concilié une situation kafkaïenne

Confinement et jeûne, ou comment les Marocains ont concilié une situation kafkaïenne
samedi 23 mai 2020 - 08:33

Le 23 avril dernier le ministère de l’Intérieur indiquait  par voie de communiqué la conduite à tenir, pour le moins exceptionnelle, en ce qui concernait les citoyens marocains pour ce mois sacré du Ramadan. Le confinement auquel le Royaume était tenu était assujetti aux dispositions du décret-loi relatif à l’état d’urgence sanitaire et donc à ses mesures strictes qui en découlaient et dont la mobilité qui en était le principal ingrédient, s’en voyait réduite globalement pour ne pas dire à son maximum.

Pire le ministère de l’Intérieur interdisait à partir du début du mois du jeûne tous les déplacements nocturnes de 19 heures à 05 heures du matin et ce jusqu’au 20 mai 2020 au moins. Depuis lors, on s’est accommodé à ce mois de Ramadan bien singulier, au regard des autres passés.

Lorsqu’on sait que traditionnellement, pendant le ramadan, nous autres Marocains nous privilégions le cadre familial, (ftour, prières de tarawih veillée et repas en famille…) ainsi que les sorties nocturnes et les bains de foule y afférents, dans les rues après la rupture du jeûne, pour prendre un café ou se promener, ou se rendre à la mosquée, sûr que cette année, le Ramadan est intervenu dans un contexte pour le moins particulier. Nous sommes au fond peu différents des autres musulmans du monde qui aux quatre coins de la planète, cherchent à mieux tisser des liens communautaires. Faire preuve de charité est d’une importance primordiale au cours de ce mois.

Aussi, devant les mosquées fermées et les déplacements limités et la Fatwa du Conseil des Oulémas appelant au strict respect du confinement, c’est une assignation à domicile qui nous a été imposée et ce, dans le but de protéger les citoyens et de lutter contre la propagation du coronavirus (Covid-19) qui a fait des ravages à travers le monde. Bref, toutes nos accoutumances ramadanesques si l’on peut oser le terme ont été appelés à être annihilées par la faute de ce maudit coronavirus (Covid-19) et c’est un neuvième mois hégirien relativement à huis clos que nous sommes en train de vivre en cette année 2020/1441.

Certes, la pratique du jeûne en elle-même, n’est pas affectée directement par le contexte actuel. Elle dépend intrinsèquement et individuellement de chacun de nous. Aussi seule la question de la « solitude » pourrait se poser pour nombre de fidèles habitués à passer cette période en famille. Comment alors compenser cette absence de la dimension collective ou de regroupement familial voire même celle d’amis pour nous autres Marocains en cette période sacrée. C’est que ce mois comporte aussi des rituels de consommation qui sont aussi remis en question par le confinement dont justement et entre autres ces réunions conviviales familiales ainsi que la préparation et consommation de mets et repas typiques.

A Rabat, Casablanca ou autres villes du pays, les médinas ou quartiers populaires qui drainaient traditionnellement foule après la rupture du jeûne, ressemblent plus à des villes fantômes, c’est un ramadan insipide de par son côté culturel et autre que celui spirituel que nous vivons cette année par la faute de ce satané coronavirus (Covid-19). Mosquées, et commerces fermées activités du mois de Ramadan et autres déambulations nocturnes interdites par un « couvre-feu » qui ne se dit pas mais s’exécute. Pas de sorties en famille non plus ou entre amis pour rendre visite aux amis ou aux parents. Hors du notre domicile ce n’est que silence assourdissant que nous offre cette situation pour le moins kafkaïenne.

Compte tenu de cette situation actuelle où le religieux ne peut s’organiser comme à l’accoutumée, pour cause de respect du confinement en ce, mois de jeûne sacré et donc des activités impactées par la fermeture des lieux de cultes, (prières quotidiennes à domicile), ou des rituels de consommation à l’externe (réunions conviviales familiales en foyer réduit) le commun des Marocains maintien le lien grâce aux médias et aux réseaux sociaux et leurs nombreuses applications. Les nouvelles technologies rendant possible la virtualité les familles éloignées.

Cependant, malgré les mesures instaurées par l’état d’urgence sanitaire pour empêcher les sorties nocturnes, certains s’aventurent – jeunes et ados surtout- dans la rue mais restent dans le périmètre du quartier, pour griller une cigarette celle d’après la rupture du jeûne (la plus sublime) ne pouvant le faire devant la famille. C’est qu’elles sont encore tenaces les coutumes respectueuses des anciens. Elles persistent encore et heureusement au bonheur de notre culture.

Mais à vrai dire il est ardu de vivre un confinement digne sans écorcher son prochain dans un périmètre donné. Plus particulièrement en cette période où les mordus du ballon rond, dont c’est le summum de la saison n’ont rien à se mettre ni sous les dents ni les yeux. Il n’y a pas de matchs de foot à la télé si ce n’est que du « réchauffé ». On se rabattra donc sur ce qu’a engendré Internet comme jeu et autres occupations et passions des temps modernes.

Dehors les points noirs que causaient les rencontres de football entre quartiers et autres « d’avant ftour » ne sont plus permis. Le #reste chez-toi étant donc plus que jamais de rigueur on se gardera de braver l’ordre établi et de trop en faire. En ces lieux, quand ce ne sont les autorités qui veillent au grain les drones de plus en plus nombreux dans nos villes, impassibles traquent les contrevenants et autres resquilleurs du confinement.

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