Au Liban, comme un peu partout dans la région, si l’épidémie de coronavirus (Covid-19) semble relativement contenue au regard de chiffres plutôt rassurants (641 cas détectés et 21 décès selon le ministère de la Santé), c’est plutôt le confinement qui pose problème à des Libanais sans ressources.
En effet les mesures de restrictions pour enrayer la progression de la pandémie qui ravage la planète, aggrave la pauvreté et les difficultés économiques d’un pays ayant déclaré son premier défaut de paiement en mars et qui périt sous une dette de 92 milliards de dollars, soit 170 % de son PIB. Le Liban dont la situation économique est catastrophique n’avait pas besoin de cette autre calamité nommée Covid-19.
Parmi les patients atteints du coronavirus (Covid-19), 33 se trouvent actuellement dans un état critique, tandis que 80 autres ont été guéris et que le nombre de personnes actuellement testées positives s’élève 540. Beyrouth aux rues habituellement très animées s’est recroquevillée et tout est désert, les écoles et universités sont fermées, idem pour les commerces et la restauration et l’aéroport n’ouvre ses pistes que pour accueillir les vols spéciaux (rapatriement ou autre) qu’autorise le gouvernement dirigé par Hassan Diab.
Au Liban on a décrété l’état d’urgence sanitaire et la mobilisation du 15 mars au 26 avril et un prolongement du confinement est tout à fait prévisible au-delà de cette date d’autant plus que toutes ces mesures sont accompagnées depuis le 21 mars d’un couvre-feu nocturne, auquel s’est greffé, depuis le début de la semaine, un plan de circulation alternée. Un renforcement de mesures qui intervient après que l’Intérieur eut constaté un « relâchement » du respect des consignes de confinement dans plusieurs régions du pays.
Si lors des premières semaines, les Libanais se sont bien comportés on assiste çà et là depuis avril à des actes d’incivilité pour ne pas dire plus, comme ce fut le cas à Tripoli où des émeutes de la faim, ont eu lieu quand une partie de la population très touchée par la crise économique et qui n’arrive plus à faire face à cette situation de crise, s’est soulevée. Le désespoir de ce pan (57%) de la population vivant sous le seuil de pauvreté les conduit parfois à des gestes dramatiques.
Plusieurs personnes, rongées par les soucis financiers, ont tenté de s’immoler par le feu. Un ouvrier au chômage, qui voulait vendre son rein pour subvenir à ses besoins a fait réagir l’ONG Human Rights Watch qui dans un communiqué a déclaré : « Des millions de personnes au Liban risquent d’avoir faim ». Pour ne rien arranger à cette situation les réfugiés syriens (1,5 million de personnes) sont bien plus lourdement impactés que les Libanais d’où une menace d’explosion sociale sans précédent dans le pays.
Et pour compléter ce noir tableau une distribution des aides sociales promises par le gouvernement libanais aux familles les plus démunies, devant débuter au matin de ce mardi a été reportée. On motive ce décalage par le fait que l’armée libanaise, se doit de vérifier la liste des bénéficiaires, ce qui n’est pas pour plaire aux intéressés.