Rêve et poussières: questions politiques sur le Maroc post Covid-19

Rêve et poussières: questions politiques sur le Maroc post Covid-19
lundi 27 avril 2020 - 13:25

De son lieu de confinement à Tanalt dans le Souss-Massa, l’avocat et acteur associatif Ahmed Arehmouch écrit: « Pandémie du Covid-19, ou comment ne pas transformer l’expérience du Mouvement culturel Amazigh (MCA) au Maroc en rêve et en poussières ».  Un pamphlet politique faisant référence à la couverture du livre de l’ancien détenu politique et ambassadeur du Royaume, Abdelkader Chaoui, intitulé « La gauche au Maroc 1970/1974 » (éditions Ala laqal).

Le président du Réseau Amazigh pour la citoyenneté (AZETTA) essaye de répondre à plusieurs questions d’actualité, à savoir si la crise du Coronavirus pourrait-elle être une opportunité sans précédent pour une réforme attendue depuis longtemps au Maroc ? Une occasion pour rendre effective une confiscation préexistante empêchant la naissance de cette nouvelle réforme souhaitée ? Et quel avenir post-Covid-19, entre conscience de la nature du conflit et dialectique civile et politique ? Le devenir de Tamazight est également mis à rude épreuve, entre dépendance vis-à-vis de l’action civile, et hypothétique passage à l’action politique, aussi bien au sens étroit que général du terme. Plongée au cœur d’un débat public en phase de gestation.

D’un premier point de vue, Ahmed Arehmouch pense que, dans les circonstances actuelles, la crise du Covid-19 responsabilise davantage les militants du Mouvement culturel Amazigh (MCA), qu’elle rend « plus larges » les défis auxquels ils sont confrontés pour tracer l’avenir politique d’Imazighen. « une décision, c’est un choix, avec une marge du risque« , s’accorde-t-il à dire.

Avec la propagation de la pandémie du Coronavirus, nécessitant un interventionnisme direct de l’État, il a une pensée particulière pour ce qu’il dénomme « le Coronavirus politique ». Et dans sa propre lecture des faits, il critique une « persistance du confinement intellectuel, au moins depuis l’annoce des résultats des Législatives de décembre 2011 et Communales d’octobre 2015 ».

Réfléchir en temps de crise

L’acteur associatif a le sentiment que toutes les expériences individuelles et collectives cumulées demeurent aujourd’hui « menacées ». Elles se retrouvent, d’après lui, « face aux salves fréquentes des politiques publiques qui ont atteint un tel niveau de sophistication qu’il ne suffit plus de les ignorer, de les adapter ou de les utiliser pour justifier le bien fondé de [nos] positionnements ».

En guise de réaction, l’avocat estime que ces expériences collectives et cumulées, dans toutes leurs dimensions, « ne tolèrent plus aucun type, et plus aucune forme d’échec, tout comme elles ne supporte plus de continuer à travailler exclusivement avec la logique de reproduire les expériences traditionnelles précédentes, afin de ne pas commettre les mêmes erreurs et récolter les mêmes défaites ».

Sans point nommer, il dit que « ceux qui ont bénéficié, avec un soin particulier, de [notre] situation épuisée, ont appris de [nos] défaites, comme étant le moyen le plus efficace de chasser [nos] rêves et d’éteindre [notre] flambeau ».

Ahmed Arehmouch propose de pratiquer ouvertement ce qu’il désigne comme une « divergence constructive« , empruntant ce terme à l’un des maîtres à penser de la Gauche marocaine du siècle passé, afin de « révéler au monde ce que [nous avons] convenu en interne« .

Comme un changement de donne

Les résultats, bien que leurs vertus ne pourraient s’inscrire, selon lui, que dans le temps long, appellent Ahmed Arehmouch à évoquer six « dates clés« . La première, datant d’environ trois décennies avec l’historique Charte d’Agadir du 6 août 1991.  La deuxième, quasiment 20 ans après, est la Déclaration dite « de Chafik« , du nom de l’ex directeur du Collège royal, Mohamed Chafik, en mars 2000. La troisième étant celle de la naissance du Mouvement du 20 février 2011.

La quatrième est présentée comme celle de « l’épuisement des tâches du slogan historique de demande de constitutionnalisation de Tamazight », et de « la fin des luttes législatives en matière de lois réglementaires qui lui sont relatives, après sa publication au Bulletin officiel« , soit en 2019. La cinquième, qui relève plus d’un paradigme, a trait à « la fréquence du déclin quantitatif et qualitatif de la dynamique collective, civile et politique du mouvement dans divers domaines ». Il se serait apparu « au moins au cours des cinq dernières années ».

Sixièmement, l’avocat tient compte des « contraintes » et « nouveaux défis » posés par la pandémie du Coronavirus depuis début mars dernier, « au niveau de la vision, des programmes et des stratégies« , non seulement pour le MCA mais aussi pour tous les acteurs au niveau national.

Rendre « pratique » le mode opératoire 

A toutes ces interrogations rendant compte d’un parcours militant semé d’embûches, Ahmed Arehmouch souhaite rappeler que « la sphère politique est un champ de diligence et d’opinions divergentes ».

Il exprime par conséquent sa conviction que « la participation politique – non pas dans son sens technique ou administratif, comme le choix des dirigeants dans le cadre du militantisme associatif, mais plutôt dans son sens et ses visions politiques – vise à démocratiser l’État et la société par la solidarité des efforts de ses membres, les orientant pour contribuer à l’exercice du pouvoir, et au fonctionnement du système politique« .

Cette incursion dans la sphère politique vise aussi, selon l’auteur, à « atteindre le plus grand nombre d’objectifs possibles dans le moins de temps, et au moindre coût possibles ». Mais il conditionne cette participation à « une présence physique comme garantie, au lieu des fréquentations en circuit fermé que personne n’entend ».

La démocratie: oui, mais laquelle ?

Pour ce Maroc post-Coronavirus dont les signes avant-coureurs sont imperceptibles, du moins pour les observateurs les moins aguerris, Ahmed Arehmouch présage trois problèmes principaux.

D’abord des changements qualifiés de « relatifs« , pouvant affecter le comportement et les relations sociales des citoyens. Il cite à titre d’exemple « une baisse du niveau de croyance dans les solutions métaphysiques, les jugements prêts à être employés et les jugements de valeur », mais avec « la nécessité de s’adapter à ces transformations ».

L’intensification de la crise économique étant annoncée par différents experts en la matière, ses répercussions sur la classe moyenne et défavorisée ne sont pas exclues par le juriste de formation qui, en définitif, remet en question la légitimité de parler de « démocratie représentative ».

l’effondrement apparent de sa valeur, soit en raison de « l’escalade des nationalismes renfermées« , soit comme résultat de « l’extension des restrictions qui seront imposées par les institutions financières internationales », le laissent déclarer: « je ne pense pas que nous soyons tout à fait prêts à accompagner ces défis, et à faire en sorte que Tamazight se positionne dans les transformations qui peuvent avoir lieu ».

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