Coronavirus/Maroc: Pourquoi s'obstine-t-on à dénigrer le corps médical national?

Coronavirus/Maroc: Pourquoi s'obstine-t-on à dénigrer le corps médical national?
lundi 30 mars 2020 - 19:14

Alors que Français, Espagnols, Italiens ou encore Libanais applaudissent pendant leur confinement les médecins et les infirmiers présents en première ligne dans les hôpitaux pour venir en aide et soigner les patients atteints du Coronavirus, au Maroc, une bonne partie de nos concitoyens ne cesse de dénigrer leur travail.

En effet, dans plusieurs vidéos et statuts visualisés sur les réseaux sociaux, des internautes n’ont pas raté l’occasion pour pointer du doigt le «patriotisme» des médecins du secteur privé comme du public, et le traitement qu’ils réservent aux patients Covid-19.

Vu les nombreuses critiques à l’endroit du corps médical marocain, qui mériterait plutôt d’être applaudi pour le travail formidable qu’il réalise face à un virus fantôme et dangereux, avec un minimum de moyens et éloignés de leurs familles pour ne pas les exposer au risque, Pr. N. Chraibi a adressé un message explicatif à tous les détracteurs du corps médical dans la crise sanitaire que nous vivons actuellement.

«Depuis le début de la pandémie à coronavirus, le monde s’est tourné vers le corps médical, pour expliquer, rassurer, soigner. Tous les soirs, sur les balcons européens, les habitants confinés sortent à 20 h applaudir le personnel soignant. Ils savent que ce personnel prend des risques : en moyenne 10 % d’entre eux ont été contaminés jusqu’à présent, 20 % en Italie. Les décès se comptent par dizaines dans le monde.

Depuis début janvier, j’ai regardé des centaines de journaux télévisés, de tables rondes, d’interviews. Il y a souvent eu des discussions chaudes entre journalistes, experts, politiques et médecins. Mais pas une seule fois je n’ai vu quelqu’un critiquer le corps médical de son pays. L’exception est bien sûr le Maroc !

Un journaliste en quête de sensationnalisme a eu l’idée de téléphoner à 60 cabinets médicaux, sur les 12.000 médecins privés du Maroc, et a publié un article dans lequel il met en cause le civisme des médecins. D’autres journaux ont repris cet article, et reviennent à la situation d’il y a deux à trois ans, dans laquelle il y avait un véritable procès des médecins, secteur public ou privé confondus. Les premiers avaient, selon les journalistes, tous déserté les hôpitaux pour faire du temps plein aménagé, tandis que les derniers ne faisaient la médecine que pour l’argent, et extorquaient des sommes énormes à des patients désarmés.

Si ce journaliste avait une connaissance élémentaire des statistiques, il aurait su qu’un échantillon de 60 sur 12.000 n’est pas représentatif et qu’il ne pouvait pas extrapoler à la totalité du corps médical, comme son article le suggère. S’il avait vraiment l’intérêt de la population à cœur, il aurait pu se rendre dans les services d’urgence hospitaliers, et demander s’ils ont constaté un afflux anormal de patients du secteur privé vers les hôpitaux, ce qui aurait effectivement traduit une fermeture de beaucoup de cabinets privés.

Je le mets au défi de mettre une bavette chirurgicale et d’aller passer 3 heures dans les urgences du CHU Ibn Rochd, pour interviewer le personnel médical et les patients, et ressentir l’angoisse que peut ressentir un médecin devant son patient, même supposé indemne de toute atteinte virale.

Il y a probablement des médecins qui ont fermé leur cabinet, mais la grande majorité assurent leur devoir en étant physiquement présents, ou par téléconsultation. Je rappelle que ce sont les instructions même du gouvernement et du Ministère de la Santé, qui dans le cadre du confinement, demandent à tous ceux qui peuvent le faire, de passer au télétravail. Beaucoup de médecins réalisent des consultations à distance gratuitement et ne déplacent que les cas graves. Cela permet d’éviter aux patients de se déplacer et de courir des risques inutiles.

Le gouvernement ayant choisi la solution du confinement, le dépistage par des tests est très limité : 2000 jusqu’à présent. Les médecins qui travaillent ne peuvent pas savoir s’ils sont contaminés ou non. Ils risquent donc de contaminer les patients qu’ils examinent, et en rentrant chez eux, de contaminer leur famille.

Les représentants du secteur médical privé, syndicats et représentants des cliniques privées ont très tôt affiché leur disponibilité, soit à assurer les urgences médicales, ou à s’inscrire dans un dispositif médical étatique si besoin. Si un patient ne peut joindre son médecin pour une urgence, il a toujours la solution des urgences dans les cliniques et éventuellement les urgences hospitalières. C’est ce qu’on appelle une chaine de soins.

Bien que n’étant pas personnellement concerné, en tant que médecin ayant travaillé depuis plus de 50 ans pour soigner et sauver des vies humaines, je me sens insulté pour ma profession. Dans cette période critique que vit le Maroc, semer le doute sur un corps essentiel dans la lutte contre la pandémie ne rend service à personne, et je laisse ce monsieur face à sa conscience».

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