Officine Expo 2020: La rupture de stocks de médicaments au cœur du débat -Interview-

Officine Expo 2020: La rupture de stocks de médicaments au cœur du débat -Interview-
mardi 3 mars 2020 - 08:12

La ville ocre du Royaume a accueilli la dernière édition d’Officine Expo, un événement de référence de la pharmacie sud-méditerranéenne et africaine, qui a rassemblé plus de 5000 pharmaciens de 23 pays, avec au coeur des débats la rupture observée au niveau des stocks de  certains médicaments.

À cet effet, Dr. Hamza Guedira, pharmacien et président du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens du Maroc, qui a également présent à ce conclave, s’est livré au jeu des questions-réponse de Hespress Fr sur cette 17e Officine expo.

Hespress FR:  Sur quoi était axée la 17e édition de l’Officine expo 2020 ?

Dr Hamza Guedira: C’est un excellent événement comme d’habitude. Un rendez-vous devenu habituel. Il y avait 23 pays africains qui étaient présents avec des thèmes extrêmement importants qui ont été abordés en l’occurrence, le phénomène de rupture des stocks de certains médicaments, et l’industrie pharmaceutique en Afrique. Avec bien sûr des intervenants et des conférenciers de grand calibre, notamment le président Suisse de la fédération internationale de la pharmacie.

Nous avons beaucoup travaillé sur la thématique et essayé d’apporter chacun selon son expérience et son expertise, un plus, aidés en cela avec des experts internationaux et onusiens.

La thématique de ruptures des stocks de quelques médicaments de grande importance dans des pays, surtout africains, a été sujet de débat. Est-ce que l’Officine expo 2020 vous a permis de sortir avec de bonnes conclusions à ce propos?

Le phénomène est mondial avec une intensité variable d’un pays à l’autre. C’est-à-dire les pays développés et les pays moins développés. Concernant le Maroc, nous avons des ruptures liées à l’application du décret de la fixation des prix des médicaments de 2014, donc le pourcentage lié à l’application de ce décret est de l’ordre de 15% à 20%. Concernant les pays africains, ce phénomène est très dangereux. Et donc nous avons lancé un appel à l’adresse des gouvernements pour essayer de collaborer et mettre fin à cette problématique.

Une des raisons principales est le fait que les matières premières des principes actifs, leur fabrication est concentrée à un grand pourcentage au niveau de la Chine et de l’Inde. Et donc le moindre pépin au niveau de l’approvisionnement est à l’origine de rupture, ceci d’une part.

D’autre part, aujourd’hui l’industrie pharmaceutique est en train de connaitre une sorte de concentration de l’outil de production pour les médicaments. Par exemple, les grandes multinationales ne fabriquent maintenant les anticancéreux qu’au niveau d’un seul site et non de plusieurs sites au niveau mondial.

C’est surtout ça les causes de l’indisponibilité des médicaments. Ce qui est recommandé, est que les pays doivent avoir leur autonomie de production comme le Maroc par exemple. On était sur une excellente dynamique, il va falloir qu’on fasse l’effort pour maintenir cette dynamique et assurer notre production locale.

Et puis pour les produits qui ne le sont pas localement pour des raisons notamment liées à la taille de marché, etc, il faut diversifier les sources d’approvisionnement, c’est-à-dire ne pas dépendre d’un seul laboratoire à l’international, mais en avoir deux ou trois avec qui collaborer.

Dans le cas du « Levothyrox », qui était en pénurie au Royaume, c’est qu’on avait un seul laboratoire qui nous fournissait ce produit-là à l’international. Il se trouve en Suisse. Aujourd’hui, le ministère de la Santé a réagi positivement, en accordant dans le cadre d’un processus rapide, une autorisation de mise sur le marché en faveur d’un générique. Et il y a un deuxième générique en cours. Et là, on voit bien que le Maroc est en train de diversifier et donc nous limitons le risque. Et puis pour ce qui est du Maroc, il est clair qu’il ne faut pas trop tirer sur le prix, c’est une recommandation là aussi adressée à tous les pays. Parce que ce phénomène de baisse de prix, il est très important dans un certain nombre de pays. La recommandation c’est qu’il ne faut pas trop tirer le prix vers le bas pour ne pas toucher à la qualité qui pourrait en pâtir.

La fabrication des matières premières des principes actifs pour les médicaments se fait généralement en Chine et en Inde. Le Maroc fait partie des pays qui s’approvisionnent de ces deux pays. Avec l’épidémie du coronavirus que peut-il se passer ?

Entre autres, la moindre perturbation du système a des conséquences sur l’approvisionnement et donc, elle a des conséquences aussi sur la fabrication des produits finis.

Est-ce que ce manque se sent un peu au Maroc ?

Bien sûr. Le phénomène est important, au Maroc, et le pharmacien est très désarmé devant le patient. Et puis, il y a une autre information, c’est que nous avons demandé le partage de qualité de l’information concernant les ruptures.

Il y a un observatoire de suivi des ruptures. Le ministère doit donc actionner cet observatoire et numériser et digitaliser l’information pour la mettre à la disposition des professionnels, en l’occurrence les médecins et les pharmaciens, et pourquoi pas le patient lui-même. Il doit accéder à l’information pour savoir si son médicament et son traitement sont disponibles ou pas. Et puis, il faut que le ministère mette en place des outils pour anticiper la rupture.

Nous les professionnels, aujourd’hui, nous subissons ce problème de manque d’information. On a demandé à ce qu’il y ait une source de qualité en faveur des professionnels, accessible rapidement pour qu’on puisse réponse à la demande. Parce qu’aujourd’hui le pharmacien est désarmé devant le patient et ça crée de la panique, il ne faut pas l’oublier. Et en dehors de la panique, ça crée de la frustration. On a eu même des ruptures d’anticancéreux, ce qui est encore plus grave.

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